Pour revenir àa la restauration des biens volés à des sanctuaires : voila l'exemple de la stèle du satrape daté de 311 :
Le texte hiéroglyphique traduit ici est inscrit sur une stèle. Dans la partie haute de la stèle est gravée une représentation du souverain (pharaon) offrant des aliments et des boissons à une divinité. Cette œuvre a été gravée lorsque le satrape Ptolémée rendit à un temple du Delta (sanctuaire de Bouto) des privilèges qui avaient été les siens et qu’il avait perdu (ils avaient été accordés par un pharaon indigène en révolte contre les Achéménides et supprimés par ces derniers une fois leur victoire assurée). Elle est l’occasion d’honorer Ptolémée pour la brillante victoire qu’il vient de remporter sur Démétrios Poliorcète à Gaza en 312. (cf
Présentation de la stèle du SatrapeEn voici la traduction :
Citer :
En l'an 7, au commencement de l'inondation, sous le gouvernement du roi Alexandre, toujours vivant,
l'ami des divinités des villes de Pè et de Tep. Il advint que sa Saintetté qui règnait aussi sur
les pays étrangers, était dans l'intérieur de l'Asie, ce pourquoi, il y avait en Egypte un gouverneur
du nom de Ptolémée. C'était un homme dans la fleur de sa jeunesse, au bras vigoureux, àl'espruit sage,
puissant entre tous, au coeur ferme et au pied solide, repoussant les plus furieux sans tourner le dos,
frappant au visage ses adversaires au milieur de leurs assuats. Quand il avait saisi son arc, il ne
lançait pas de traits sur l'aggresseur, mais, c'est avec son épée qu'il combattait. Au seuil de la bataille,
nul ne tenait devant lui, il avait le bras puissant, nul ne pouvait détourner sa main. Ce que sa
bouche avait prononcé était irrévocable.Personne ne l'égalait parmi tous les étrangers. Il avait rapporté
rapporté les images des divinités qui avaient été trouvées en Asie, ainsi que tout l'appareil
sacré et les loivres qui appartenaient aux temples de l'Egypte, et les avait remis en leur ancienne
place. Pour sa résidence, il a choisi la forteresse du roi Alexandre, telle qu'on la nomme, au
bord de la mer Ionienne, en un lieu qui s'appelait naguère Rhacotis.
Il avait rassemblé un grand nombre d'Ioniens avec leurs chevaux et quantités de navires avec
leurs équipages lorsqu'il partit avec son armée pour le pays des Syriens, qui étaient entrés en guerre
avec lui. Il fondit sur eux d'un élan puissant et valeureux, comme le vautour sur les petits
oiseaux. Quand il les eut saisis tous ensemble, il emmena en Egypte leurs princes, leurs chevaux
, leur flotte et leurs oeuvres d'art. Ensuite, lorsqu'il fit irruption dans le pays des habitants de
Mermeri, il les etreignit d'un seul cocup et emmena leur population, hommes, femmes et enfants,
avec leurs chevaux, comme revanche de ce qu'ils avaient fait à l'Egypte. Lorsqu'il fut rentré en Egypte,
il eut le couer joyeux et se donna du bon temps. Et ce grad satrape se répandit en bienfaits envers les
dieux de l'Egypte Haute et Basse.
Alors un de ses compagnons, avec les anciens de la Basse-Egypte, lui parla ainsi :«Qu'on me fasse
connaitre ce domaine bordant le lac», et ils parlèrent ainsi devant sa Sainteté : «le domaine bordant
le lac qu'on appelle Patanout, "était de temps immémorial la propriété des divinités de Pè et de
Tep. Mais l'ennemi ancestral Xerxès changea l'état de choses, car il ne laissa rien aux divinités de
Pe et de Tep.» Alors sa Sainteté dit :«Que l'on m'amène les prêtres et les magistrats de Pè et
de Tep» et on les lui présenta en toute diligence.
Alors, sa Sainteté dit :«je veux savoir quelle importance ont les divinités de Pè et de Tep, et ce
qu'elles ont fait à l'ennemi ancestral pour l'attentat qu'il a commis contre elles, car on dit que
l'ennemi Xerxès a fait tort à Pè et Tep et leur a enlevé leurs possessions.» Ils répondirent
à sa Sainteté: «le roi notre maître, Horus, le fils d'Isis et d'Osiris, le maître des maîtres,
le roi des rois d'Egypte, le vengeur de son père, le maître de Pè, le commencement et la fin des Dieux,
après lesquel il n'y aura plus de roi, ila expulsé le sacrilège Xerxès de son palais avec
son fils aîné, attendu que ce jour-là il se rendit à Saïs, ville de Neith aux côtés de sa sainte mère.»
Alors, sa Majesté :«Ce Dieu puissant entre les dieux, après lequel il n'y a plus de roi, il sera la voie
et la règle de ma Sainteté, cela je le jure.» Alors, les prêtres et magistrats de Pè et de Tep dirent :
«En ce cas, plaise à ta Sainteté d'ordonner que le domaine bornant le lac qu'on appelle Patanout soit
rendu aux divinités de Pè et de Tep, avec tous ses revenus, que la donation renouvelée aux divinités de
Pè et de Tep soit enregistrée une nouvelle fois sous ton nom pour te rendre grâces de ta générosité.»
Alors le gouverneur dit :« Un décret sera rédigé par écrit, dans le bureau du scribe royal des finances
en la forme suivante :«Moi, Ptolémée, le satrape, je rend le territoire de Patanout au dieu Horus,
vengeur de son père, seigneur de Pè, et Bouto, dame de Pè et de Tep, à partir d'aujourd"hui et
à perpétuité, avec tous ses villages, toutes ses villes, tous ses habitants, tous ses champs, toutes
ses eaux, tous ses quadrupèdes, tous ses oiseaux, tous ses troupeaux,et tout ce qui y est engendré et
produit, tel qu'il était jadis et, avec tout ce qui avait été ajouté par la donation du roi Khababash,
que sa limite, au Sud, soit le territoire de la ville de Bouto et la ville d'Hermopolis de Basse-
Egypte jusqu'au lieu dit Na-a-ui-n-hap ; au nord, la dune longeant le rivage de la mer; à l'ouest, les
méandres du fleuve navigable jusqu'à la dune ; à l'Est, le nome de Sebennys. Ses veaux appartiendront
aux grands éperviers, ses taureaux à la face de la déesse Nebtaui ; ses boeufs aux éperviers vivants ;
son lait au glorieux nourisson ; sa volaille à celui qui est dans le sha-t et puise en lui-même sa propre
vie ; et tout ce qui croît sera pour la table de l'autel d'Horus lui-même, le seigneur de Pè, et de Bouto
, tête de Rè-Harmachis, à perpétuité.»
Tout ce qu'ensemble, avait donné le roi Khababash, le gouverneur d'Egypte, Ptolémée, en arenouvelé la
donation aux dieux de Pè et Tep, à perpétuité. Pour ce qu'il a fait, que lui soit donné victoire et force
au contentement de son coeur, de manière que tremblent devant lui les peuples étrangers qui existent
aujourd'hui. En ce qui concerne le domaine de Patanout, celui qui se laisserait aller à en enlever quoi
que ce soit sera sous la vindicte des dieux de Pè et sous la malédiction de Tep. que la déesse Apataui
au jour où elle répand l'épouvante, le consume de son haleine de flamme, et qui ni son fils, ni sa fille
ne lui offrent de l'eau.
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«Κρέσσον πάντα θαρσέοντα ἥμισυ τῶν δεινῶν πάσκειν μᾶλλον ἢ πᾶν χρῆμα προδειμαίνοντα μηδαμὰ μηδὲν ποιέειν»
Xerxès,
in Hérodote,
L'Empereur n'avait pas à redouter qu'on ignorât qu'il régnait, il tenait plus encore à ce qu'on sût qu'il gouvernait[...].
Émile Ollivier, l'
Empire libéral.