Comme promis (
) voila ce que l'on peut glaner sur le net. J'y ai joint à la fin une petite bibliographie...
Naucratis, Nokratj en Egyptien,(ou Naukratis, en Grec : Naukratis ou Ναύκρατις "la ville qui a le pouvoir sur les navires", ou Djékhaper en Égyptien), est une ville du Delta sur la branche Canopique du Nil, proche de Saïs, à 72 km au Sud-est d'Alexandrie. Elle est identifiée aujourd'hui au site de Kôm Gaef (ou Kom Gieif ou El-Gaïef). Elle sera la principale cité du 4e nome de Basse-Égypte, le nome "inférieur de Neith" ou "la cible du Sud" (nt rsw). Elle est fondée vers 650/630 par des négociants Grecs et ce fut à partir de cette date et jusqu’à l’avènement des Lagides le seul port ouvert en Égypte aux commerçants Grecs, agissant en tant que lien symbiotique pour l'échange de l'art et la culture entre Grecs et Égyptiens.
Le premier à fouiller le site de Naucratis fut l'archéologue Flanders Petrie.
C’est par Naucratis que les Grecs achetaient du blé à l’Égypte, des papyri et du lin en échange, et du natron ; ils vendaient aux Égyptiens des céramiques, de l'huile, de l'argent et du vin que la noblesse Égyptienne prisait. La cité est également connue pour sa production de fer. À Naucratis, il y avait un quartier Égyptien nettement séparé du quartier Grec et les mariages entre Grecs et Égyptiennes étaient interdits, alors que dans le reste du pays, les mercenaires Grecs avaient le droit de se marier avec des Égyptiennes. La ville était consacrée à Horus, mais était aussi le centre de culte de Neith, Amon et Thot. La cité s'étendait à proximité des temples Grecs et d'une vaste enceinte qui abritait des temples Égyptiens dédiés à Amon et Thot.
Passage obligé des navires commerciaux grecs, Thônis était un emporion, poste frontière, place portuaire et lieu d’échanges commerciaux qui a précédé à la fondation d’Alexandrie. Elle existait déjà au VIIe s. av. JC. Thônis-Héracléion se trouvait dans une zone maintenant immergée à l’embouchure de la branche occidentale du Nil connue sous les noms de «bouche canopique» et de «bouche héracléopolite». Elle se situait à l’Est de Canope et était riveraine de la Méditerranée.
A la Basse Époque, Thônis commandait l’accès à la branche canopique, commerçait avec les régions de l’Hellade et surveillait les navires étrangers en transit pour Naucratis, ville dépendante du nome de Saïs, patrie de la XXVIe dynastie consacrée à la déesse Neith où les Grecs s’installèrent vers le milieu du VIIe siècle.
Thônis et Naucratis était des lieux de prélèvements douaniers. Les navires en provenance de Grèce avaient un droit de douane à l’embouchure de la branche canopique à Thônis. Ils pouvaient alors remonter le Nil jusqu’à Naucratis et Memphis où ils écoulaient leurs produits. Les marchands remplissaient alors leurs cales de produits locaux, notamment du natron. Ils repassaient par Thônis où ils payaient une taxe sur le natron.
Les fouilles de Naucratis ont livré des quantités importantes de céramiques rhodiennes, du VIe siècle surtout (vases de type vroulien). Réciproquement, dans l'île de Rhodes on a découvert de nombreux objets égyptiens ou de type égyptien, dont d'ailleurs certains sont antérieurs à l'installation des Grecs à Naucratis. (Bresson)
S'agissant de Naucratis, rien ne permet donc a priori de conclure à l'existence d'une cité, qui n'est pas en soi liée à la concession d'un territoire. Tout indique, au contraire, que le souverain n'avait pas abandonné ses droits sur la ville, ou plutôt, sur le quartier de la vile réservée aux Grecs. On doit retenir et c'est l'essentiel, que de toute façon la concession de terrains et l'octroi d'un statut particulier étaient essentiellement précaires et dépendaient de la volonté du souverain. Au IVe siècle, encore, la stèle de Nectanebo I (380-362) montre que les productions de Naucratis étaient rattachées au domaine royal, et que le Pharaon pouvait à sa guise faire ériger dans la ville une stèle édictant un règlement fiscal.
Les apports grecs en Méditerranée ont souvent transité par des ports de commerce placés sous la protection de sanctuaires et la tutelle de puissances locales. L'emporion leur donnait les moyens d'une ouverture sur le monde et la possibilité d'en contrôler les effets. Hérodote décrit de la sorte celui qu'Amasis ouvrit à Naucratis. Dans cet établissement dépendant du Pharaon, et par lequel passait à l'origine tout échange avec l'Egypte, les Grecs avaient reçu le droit d'élever autels et sanctuaires à leurs dieux. Le plus grand, l'Hellénion était la fondation commune de Chios, Téos, Phocée, Clazomènes, Rhodes, Cnide, Halicarnasse, Phasélis et Mytilène.
Théorie récente par le Docteur Fantalkin :
http://www.speroforum.com/site/article. ... ient+EgyptEn Grèce orientale, les Grecs ont été harcelés par des Empires puissants d'Orient tel que la Lydie, qui se situait dans la partie centrale et occidentale de la Turquie actuelle. Les Grecs furent obligés d'agir sous le régime Lydien, en payant des tributs à leur maîtres.
En dépit de cette situation, les «Grecs d'Orient» continuèrent à être à la tête des avancées dans la culture matérielle et intellectuelles. Ils furent également politiquement astucieux, dit le Dr Fantalkin, quand il s'agit des questions économiques. A l'époque où Naucratis fut créée, la Lydie avait une alliance formelle avec l'empire égyptien. Un groupe choisi d'hommes d'affaires grecs utilisèrent cette connexion pour fonder un emporion commercial – ils payaient tribut à leurs bienfaiteurs lydiens qui leur garantissaient en retour des droits et des libertés en tant que représentants de l'empire Lydien. Ainsi, ils firent le meilleur d'un régime oppressif.
Les théories précédentes suggéraient que les commerçants grecs s'étaient installés à Naucratis de leur propre volonté, créant une association de marchands (dans le processus ?), indifférent aux rivalités entre états en métropole et liés par un intérêt commun dans le commerce. En réalité, affirme le Professeur Fantalkin, ils agissaient comme les représentants formels de la puissance Lydienne.
«D'un côté, les Grecs avaient de nouvelles opportunités commerciales. D'un autre, ils s'acquittaient de taxes à l'empire qui les dominait. Ce n'était pas une occupation libre de marchands libres comme on le pensait auparavant, mais un mouvement organisé pour le compte d'un empire bien plus formidable.»
Naukratis, d'après lui, doit être considérée une instance unique et particulièrement importante de zones de contact dans l'antiquité, dans lequel le commerce grec, bien que contrôlé par les égyptiens et médiatisés jusqu'à un certain point par les Lydiens, les deux contribuant et profitant des ambitions impériales des autres.
Il insiste sur le fait que les différents représentants des différentes cités ou tribus étaient en quelque sorte en harmonie, embryon d'un identité nationale grecque. Naucratis d'autre part, joua le rôle d'un noyau symbiotique qui permit un inter échange entre l'art et la culture grecque et égyptienne.
Bibliographie :
Bresson, Rhodes, l'Hellenion et le statut de Naucratis (VI-IVe siècles), Dialogues d'Histoire Ancienne, 6, 1980, pp. 292-347
Astrid Möller, Naukratis: trade in archaic Greece, Oxford University Press, 2000
Alexandra Villing, Udo Schlotzhauer, British Musuem, Naukratis: Greek diversity in Egypt : studies on East Greek pottery and exchange in the Eastern Mediterranean, British Museum, 2006
Ursula Höckmann, Detlev Kreikenbom, Naukratis: die Beziehungen zu Ostgriechenland, Ägypten und Zypern in archaischer Zeit, Bibliopolis, 2001
Albert Leonard, andrea Berlin, Ancient naukratis : Excavations at a Greek Emporium in Egypt : The excvations at Kom Ge'if, American School of Oriental research, 2001
J. Boardman,
Greeks Ooverseas. The early colonies and trade, 1999, 4e édition)
J. Boardman, Michel Bats, Les Grecs d'outremer. Colonisation et commerce archaïques, Édition Centre Jean Bérard, 1980
Graham, Geek colonies and Mothers cities, 1976
Claude Mossé, La colonisation dans l'antiquité,
A venir :
Damien Agut-Labordère, Le statut égyptien de Naucratis dans V. Dieudonné, C. Feyel, J. Fournier, L. Graslin, F. Kirbilher, G. Vottéro, Entités locales et pouvoir central : la cité dominée dans l'Orient hellénistique, Nancy, les 3, 4 et 5 juin 2010 (Université Nancy 2).
Article de Fantalkin sur Naucratis. Proceedings of the conference, Cultural Contexts in Antiquity, innsbrïck, Autriche