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 Sujet du message : Epigramme de la fontaine
Message Publié : 11 Jan 2012 16:29 
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Jean Froissart
Jean Froissart
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Inscription : 29 Jan 2007 8:51
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Parmi mes lectures, et en l'occurence sur l'Architecture d'Alexandrie du IIIe au 7e siècle, un détail avait retenu mon attention. Ce n'est qu'il y a une semaine que j'ai pu mettre la main grâce au «Look Inside» d'Amazon.com sur l'intégralité du commentaire d'une épigramme. Mon dossier est ainsi assez complet pour que je vous en fasse part. Mais je n'ai pas à ma disposition toute la
bibliographie concernant le sujet. D'autre part, pour la traduction de l'épigramme j'ai eu recours au service de mon père qui a bien voulu plancher sur le texte, je l'en remercie, sachant qu'il n'est pas spécialiste du grec ptolémaïque. Ce n'est qu'après que j'ai trouvé sur le net une traduction en anglais. Je conserve celle de mon père puisqu'il a eut le dossier entier dans les mains.

En 1938, O. Guéraud et P. Jouguet publiait Un livre d'écolier du IIIe siècle avant J.C., facsicule II des Publications de la Société Royale égyptienne de Papyrologie, textes et documents.

Voila la présentation qu'en faisait Aimé PUECH dans son recensement d'ouvrages :

Citer :
Ce fascicule ne contient qu'un seul rouleau[...] mais ce rouleau est précieux : «C'est peut-être, disent les éditeurs, le plus ancien, et c'est en tout cas un des plus longs parmi les documents scolaires que nous a laissés l'Egypte grecque, et il nous a conservé quelques morceaux poétiques dignes de piquer la curiosité des lettrés.» Il a été acheté au Caire en 1935 aux frais
de la Société Royale Égyptienne de Papyrologie et du Musée égyptien, où il porte le n°65.445; il paraît provenir du Fayoum ; il est écrit en une capitale qui le date vraisemblablement du dernier quart du IIIe sièc avant J.C. Il contient dans son état actuel, des exercices de lectures (syllabes, nombres, monosyllabes, noms de dieux et de déesses, liste de mots polysyllabiques, vers d'Euripide (Inô=fgt410 Nauck), vers de l'Odyssée (V, 116-23), épigramme sur une fontaine (morceau sans doute alexandrin), fin d'un panégyrique en distiques (éloge d'un personnage célèbre par sa bravoure et par son talent poètique), fragment de monologue comique en trimètres iambiques (un cuisinier se plaint du retard des convives), autre fragment comique en trimètres
(sujet analogue); troisième fragment de même nature, connu déjà par Athénée (IX, 382); tableau des carrés des nombres de 1-10, puis par dizaines, de 10-100 et par centaines de 100-800 ; listes de sigles représentant les sous multiples de la drachme.



Ce n'est donc pas le livre d'écolier en lui même qui m'intéresse ici, il pourra faire l'objet d'un nouveau fil sur l'éducation des jeunes en Egypte ptolémaique par exemple. Ce qui a retenu mon intérêt c'est l'épigramme de la fontaine. Il faut rappeler ici que l'épigramme est une forme poétique pour exprimer de façon enveloppée des choses simples. La traduction et l'interprétation ne sont pas toujours simples.

Texte et traduction

Image


Traduction :

Citer :
Veuillez accepter dans la joie, rois, l'hommage de celui qui a aménagé cet ouvrage de marbre, oeuvre magnifique pour la maison, après avoir préalablement libéré le flux limpide en lui ménageant la forme d'un demi-cercle. La bordure en marbre de Pasos supporte en son rebord une colonnade de style ionien à l'intérieur de la cannelure évidée et la roche d'Assouan mouchetée resplendit à la base des colonnes. Telle est la disposition de la colonnade. La pierre venue de l'Hynette, déversant le liquide de la fontaine, le recueille, faisant s'écouler l'eau de la rocaille. Il a fait figurer votre statue de marbre blanc en l'apprivoisant qu'il a su polir, et au milieu il a fait sa place à Arsinoe, à proximité des Nymphes, à longueur d'année. Eh bien, nymphes des fontaines, que vos pas ne cessent de vous mener en cette source bien régulièrement..



Comme on le voit sur les deux représentations, il n'est pas aisé de rendre compte du sens du texte. Mais il parait vraisemblable que la source provient directement de la roche et que l'on a aménagé un petit édifice autour. Le premier schéma paraît être le meilleur, même si dans sa légende il parle de mur de fond : s'agit-il de la paroi de la roche ou a-t-on aussi aménagé un mur sur celle-ci ?


Voila ce qu'en dit un commentaire récent :

Citer :
Une fontaine abritée (foutain house) dédiée à Arsinoe est décrite dans une épigrammme qui a été copiée sur un payrus datant du règne de Ptolémée IV. Comme l'épigramme qui la suit sur ce papyrus mentionne la dédicace d'un Homereion par Ptoléme IV Philopator, il est généralement admis que ces poèmes forment une pair, un pour chaque membre du couple royal, et que la fontaine abritée (fountain house) est dédiée à Arsinoe III, la femme de Ptoléme III Philadelphe. Pourtant il a été récemment été suggéré que l'épigramme sur la fontaine est le fait de Posidippe qui était a ctif durant le règne de Ptolémée II. Si c'était le cas, elle aurait été dédiée à Arsinoe II, femme de Ptoléme II Philadelphe. Sinon, cela sisgnifié que que les commentaires concernant la fontaine abritée et l'innovation architecturale sont applicables dès la fin du IIIe siècle, si ce n'est plus tôt. J. MacKenzie, The Architecture of Alexandria and Egypt, 2007




On peut ajouter ce qu'en dit l'auteur sur les épigrammes anonymes, et qui reprend ce que disaient Guéraud et Jouguet dans leur fascicule : cette épigramme aurait été écrite à l'occasion due la "remise en service" d'une fontaine obsolète. Il faudrait aller lire ce qu'en disaient les deux premiers éditeurs que je n'ai pas pu consulter...


Voila deux schémas/dessins possibles. L'un provient de l'ouvrage sur les Further Greek Epigrams, l'autre de l'ouvrage de Judith MacKenzie sur l'Architecture d'Alexandrie déjà cité.


Image

Image


Comme on le voit il y a une discordance certaine entre les deux schémas, le premier ayant la colonnade en hémicercle vers l'extrérieur, le deuxième en incurvé. Le texte n'est pas complètement explicite. En tous cas, d'après les mots grecs utilisés, dit mon père, il ne s'agit surement pas d'une source qui coule a grand flot, mais qui ruisselle plus ou moins et qu'on récupère dans un bassin. ET comme l'avait déjà suggéré les deux premiers éditeurs (Guéraud et Jouguet), il s'agit surement d'une pigramme écrite pour une sourcedéjà existante mais obsolète et donc pour la faire couler le plus longtemps possible. A noter également que cette épigramme devait être inscrite quelque part sur l'élement architectural.


Je vous donne le commentaire architectural de McKenzie, ce qui permettra de faire continuer le fil à partir de cet exemple de description d'un élément architectural d'Alexandrie au IIIe siècle, sur le degré d'égyptianisation architecturale de cette cité fondée par Alexandre au destin peu commun...

Citer :
L'idée de combiner différentes pierres colorées dans une structure se retrouve en Égypte dynastique; par exemple la colonnade d'Hatshepshut I (1473-1458) sur le temple d'Amon à Louxor a des bases de pierre noire. Cela fut aussi utilisé en Grèce propre, sur l'Acropole d'Athènes dans les Propylées et l'Erechteion. L'utilisation de différentes pierre colorées ensemble devint un élément caractéristique de l'architecture alexandrine et aussi du baroque plus tardif romain et de la Renaissance. L'utilisation de décoration scupturale dans une exèdre semi circulaire se trouve dans les exèdres hellénistiques. Le plan semi circulaire pour le bassin d'eau est souvent considéré comme ayant été une invention romaine du début du 2 siècle apr J.C. . C'est le cas pour le nympheum non daté de Petra, et au milieu du 2 e siècle apr. J.-C. en Grèce. Pourtant, un exemple du 4e siècle de l'île de de Tenos a également une exèdre semi circulaire, avec des bassins d'eau de chaque côté qui sont rectangulaires. La fontaine abritée d'Arsinoé est le premier exemple avec tous les élémens caractéristiques des nymphea romaines plus tardives : forme semi-circulaire, statues de marbre des nymphes, et eau ruisselante dans l'ensemble d'une façade de colonnes. Enfin, c'est un autre type de construction au IIIe siècle en Égypte ptolémaïque, qui résulte de la combinaison d'éléments grecs et égyptiens, qui au premier regard apparaît classique


.
Voila, tout ça pour une petite fontaine d'une petite épigramme d'un petit livre d'écolier du IIIe siècle avt. J.-C. B) . J'espère que ceux qui ne connaissaient pas l'existence de cette fontaine dont apparemment il ne reste rien, ni élément architectural ni indices de localisation, trouveront intéressant cette description d'un élément architectural intéressant pour l'Alexandrie de la fin du IVe siècle.

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«Κρέσσον πάντα θαρσέοντα ἥμισυ τῶν δεινῶν πάσκειν μᾶλλον ἢ πᾶν χρῆμα προδειμαίνοντα μηδαμὰ μηδὲν ποιέειν»
Xerxès, in Hérodote,

L'Empereur n'avait pas à redouter qu'on ignorât qu'il régnait, il tenait plus encore à ce qu'on sût qu'il gouvernait[...].
Émile Ollivier, l'Empire libéral.
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