J'ai vu au Louvre des momies de petits chiens (il n'y avait donc pas que des chats) trouvées auprès de momies humaines égyptiennes. Ce qui m'intéresse, c'est le côté cynophile de la question. Quelqu'un peut-il me donner des renseignements sur la race et la place sociale ou le rôle de ces chiens?
Les voit-on par ailleurs dans des dessins? Sont-ils évoqués dans des textes?

Je sais que je réponds très tardivement... Mais j'ai un élément de réponse.
Une stèle trouvée par Auguste Mariette à El-Tarif, la nécropole de Thèbes, présente 5 figures de chiens placées au niveau des jambes du pharaon Antef II, datant de la I° Période Intermédiaire.



Chaque animal est assorti d'un nom assez descriptif, comme la majorité des prénoms dans l'Egypte ancienne. Je ne sais pas de quelle race de chien il s'agit, mais ça doit être des chiens locaux domestiqués : hauts sur pattes, la queue fine et recourbée, un tête semblante à celle d'un chacal, selon les gravures.
Il semble que ces chiens appartenaient à Antef II. Il s'est donc fait enterrer avec, afin de garder près de lui ses chiens jusque dans l'autre monde. De la même façon, Ramsès II se fera enterrer avec ses 2 chevaux préférés, je crois que le nom de l'un d'entre eux est "Amon apporte la victoire", à vérifier.
Les momies d'animaux sont très nombreuses, et on ne trouve pas que des momies de chats : on a découvert également des nécropoles d'ibis, mais aussi de taureau Apis, lié au culte éponyme.

Les animaux faisaient partie du quotidien des Egyptiens, et servaient parfois d'intermédiaires entre hommes et dieux : chacun avait une symbolique qui lui était propre, ainsi le chat était divinisé car protecteur des foyers (il tuait les serpents, scorpions et rats). Le chien était quant à lui associé à Anubis, ouvreur des chemins, puisque le chacal résidait à la limite du désert, entre le monde d'Osiris et celui de Seth, pour schématiser grossièrement.
La momification des animaux et le culte de ceux-ci reprend de plus belle dès le règne de Psammétique Ier, durant la période que l'on qualifie de "renaissance saïte".

Après, il est nécessaire de lire quelques ouvrages si vous comptez approfondir la question : le livre de Janice Peyré et Nadine Guilhou, La Mythologie Egyptienne, traite brièvement de la place des animaux, des sacrifices et de leur momification... Je n'ai malheureusement pas de référence supplémentaire sur ce sujet. Le livre que je vous propose se trouve aisément en librairie pour une quinzaine d'euros (si ce n'est moins), en format poche.

En espérant vous avoir un peu aidée

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Le temps est un grand maître. Le malheur, c'est qu'il tue ses élèves. - Hector Berlioz

Première piste: le Bestiaire égyptien (désolé pour le lien commercial).

Amenirdis a remarqué à juste titre que les bas-reliefs représentent les chiens avec la queue recourbée: il s'agit là d'un signe de domestication. En clair, les chiens domestiques sont représentés - généralement - la queue recourbée, et parfois avec un collier et une laisse.
Exemple sur le poignard du Gebel el-Arak, conservé au Musée du Louvre.

Le chien est associé à plusieurs dieux en Égypte ancienne, principalement Inpou (Anubis) et Oupouaout, dont le Musée du Louvre conserve un superbe exemplaire.

Quant à savoir de quelle race il s'agissait, je ne puis apporter de réponse en l'état actuel de mes connaissances.

@Amenirdis: Ramsès II aimait tant ses chevaux qu'il les a montés en bague. Disponible au Louvre.

J'avais complètement oublié cette bague

J'ai lu aussi que la fête-sed, dont l'origine remonte à la nuit des temps (Narmer-Ménès aurait déjà organisé son jubilé) provient du dieu Sed associé à Oupouaout. La symbolique de la divinité canine en tant qu'ouvreur des chemins prend alors une autre dimension, toujours dans l'idée de cycle et de régénération (après tout, Anubis permet la seconde vie suite au rite de l'embaumement).

Par contre, je ne connaissais pas le détail de la queue recourbée... Merci pour les précisions

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Alors attention à ne pas confondre Inpou (Anubis) et Oupouaout. Ce sont deux divinités différentes, même si elles sont toutes deux représentés sous forme canine, et même si elles sont associés à l'univers funéraire.

Sauf erreur de ma part, le chien noir qui les représente - en tout ou en partie - est un animal qui fréquentait les nécropoles de l'ancienne Égypte. Un peu comme un chien de garde. Impossible pour moi de vous donner une référence, c'est une mention que l'on nous a fait en aparté, lors d'un cours à l'École du Louvre, en 1999-2000.

Inpou est le plus souvent représenté comme un dieu à corps d'homme et tête de chien; dans ce cas, il accomplit des rites funéraires (embaumement, pesée du cœur, par exemple). Parfois, il est également représenté comme un chien assis au-dessus d'une tombe; c'est son rôle de protection du mort qui s'exprime alors.

Oupouaout (wp-w3wt: celui qui ouvre les chemins) est toujours représenté sous l'aspect d'un chien debout, et souvent encadré de deux cobras - un de chaque côté. Oupouaout avance, un peu à la manière d'éclaireur, pour s'assurer qu'aucun danger ne guette le défunt; si un ennemi se présente, les deux cobras le détruisent.

Enfin, concernant l'étymologie de la fête-sed, je ne saurais dire ce qu'il en est. En revanche, si vous avez la possibilité d'aller visiter le Musée du Louvre, vous trouverez au premier étage - près de la stèle du roi-Serpent - un morceau de calcaire provenant d'une stèle funéraire qui se trouvait sur la tombe d'un chien. Précédent le hiéroglyphe du chien - qui sert de déterminatif - le nom de l'animal s'y trouve inscrit: sd, "Sed". À moins qu'elle n'ait été retirée des salles depuis la dernière fois que je l'y ai vue... en 2004.