Cet Ouseribrâ Senebkaÿ pourrait être le roi mentionné par le P. Turin XI, 16. Il est effectivement tentant de voir en lui le fondateur de la dynastie abydéenne chère à Kim Ryholt.
Si le 9e roi de la colonne XI est bien Sobekemsaf (Sékhemrâ Shedouaset) cette colonne reprendrait la XVIIe dyn. Après ce roi (XI, 9) P. Turin cite encore 5 rois au nom en lacune puis reprend ce chiffre de 5 dans un total à la ligne 15. Et c'est ensuite, à la ligne 16, qu'il donne un Ouser...râ, comme s'il s'agissait d'un roi inaugurant une autre lignée. Il donne ensuite, en XI, 17, un cartouche commençant par Ouser mais où le signe de Râ n'est pas placé en antéposition honorifique et c'est le dernier nom du papyrus (mais il devait être suivi par d'autres.)
L'existence de cette dynastie (voire d'autres dynasties sudistes parallèles) pourrait être suggérée par le décret de Coptos d'Antef VII, où il est dit que tout roi (nisout) ou tout potentat (sekem iri, "puissant compagnon") qui porterait assistance à Pépi fils de Minhotep, ne pourrait pas recevoir la couronne blanche ni la couronne rouge. Cela me fait penser à une oligarchie au sein de laquelle le roi de Thèbes n’aurait plus été que le primus inter pares. Ce morcellement de l’autorité royale aurait pu naître du manque de considération dont Didoumès et ses éphémères successeurs auraient été victimes après la perte de la Basse-Égypte. Cela expliquerait, en tout, cas le nombre important de souverains affecté à la DPI et la difficulté à les classer. Lorsque la XVIIe dynastie serait venue remplacer la XIIIe, elle aurait hérité de cette synarchie et le décret de l'an 3 d’Antef VII pourrait avoir marqué la volonté de ce roi de se démarquer de ses « puissants compagnons », voire de les soumettre à la souveraineté du roi de Thèbes.
À en croire Flavius Josèphe, Manéthon aurait confirmé ce morcellement de l’autorité royale : parlant de la reconquête du pays, il écrit : « Puis les rois de la Thébaïde et du reste de l’Égypte se soulevèrent contre les Pasteurs ». Un autre indice se retrouve chez Artapan d’Alexandrie (IIIe-IIe siècles) reproduit par Eusèbe : il y est dit que la princesse qui sauva Moïse des eaux était fille d’un roi « qui régnait dans les lieux au-dessus de Memphis ; car alors, l’Égypte était soumise à beaucoup de rois ».
_________________ Roger
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