L'identification des prostituées n'est pas toujours aisée. Un papyrus de Zénon en donne un bon exemple dans le cadre de l'une des tavernes à bière de Philadelphie, qui comptait plus de cinquante établissements de cette nature. Dans une lettre adressée à Zénon, P.LOND.VII, 1 976(24 mars/avril av. n.è.), une patronne de bar à bière, l'Egyptienne Aünchis, se plaint de l'enlèvement de sa fille par un homme qui l'a séduite et lui a promis le mariage, alors qu'il est marié et qu'il a des enfants. Or le nom d'Aünchis apparaît sur un autre document, P. Lugd. Bat. XX, une liste fiscale où figure le nom de femmes tenant des débits de boisson. Il se trouve que l'une d'elles, Tateis, est aussi qualifiée de prostituée (grec : hétaira). L'hypothèse peut alors être formulée que dame Aünchis est elle aussi tenancière d'un bar où la vente de bière va de pair avec la rencontre de filles vénales, et que sa fille pourrait bien exercer cette double activité, d'où l'effondrement de son chiffre d'affaires après le épart de la jeune fille (suit le texte du papyrus).

A l'époque d'Amasis, le frère de la poétesse Sappho de Mytilène, un certain Charaxos, marchand de vin de son état, vécut en Egypte et tomba amoureux d'une célèbre courtisane d'origine thrace du nom de Rhodopis, liée à un souteneur samien du nom de Xanthès, qu'il affranchit «pour une somme considérable» (Hérodote II. 135; Athénée , XIII, 596 ; Strabon, XVII, 1, 33).