Tout à fait d'accord!
Il y a un mot qui caractérise parfaitement la politique des Grecs :
Realpolitik. Le Grec est un homme pragmatique dans ses actions et les Ptolémées visaient l'efficacité et le concret : "comment faire prospérer le royaume en toute tranquilité et sans conflits", c'est ça la préoccupation majeure de ces rois. Comme l'Egypte avait (et a toujours) une culture multiséculaire, les Grecs avaient bien compris qu'il ne fallait pas venir hélleniser ces gens et les contraindre à vivre et penser comme eux... un conflit avec ces autochtones pouvant conduire à de gros soucis. Le calcul politique était simple: ne pas trop toucher à l'organisation sociale et religieuse des indigènes pour avoir la paix (et les rentrées d'argent de la part des Lagides soucieux de leur image vis à vis... des Grecs de l'étranger)
Pour le clergé, je rebondis sur ce que vient de dire Zunkir : selon Rostovtseff, la terre sacrée est une des cinq propriétés différentes que l'on rencontre dans l'Egypte des Lagides (à côté de la terre royale, la terre civique, la terre privée et la terre de donation pour les "hauts fonctionnaires"). Ces terres sacrées ont été bien préservées par les Lagides, voire étendues : et pour cause! Le clergé egyptien (bien intégré au sein de la population, influent et riche) est une composante de la société indigène qu'un roi ne peut se permettre de se mettre à dos!
Sur la Realpolitik des Grecs, lisez la participation de
B. Eck dans l'ouvrage collectif chez Folio
Le massacre objet d'histoire dirigé par
D. El Kenz. Dans sa tentative de faire une typologie des massacres en Grèce, il montre qu'il n'y en a pas eu justement en raison de cette Realpolitik qui oblige à avoir des actions responsables pour ne pas avoir à subir soi-même les violences hors-normes que l'on a fait subir.
Realpolitik, c'est un mot important pour l'histoire grecque...