Ha, je me demandais justement s'il avait été prolixe sur ce point et surtout d'où il pouvait tenir ses sources, parfait ; merci Thersite.
Du coup je met l'extrait ici :
[35] CHAPITRE XXXV. Attila eut pour père Mundzuc, dont les frères Octar et Boas passent pour avoir régné avant lui sur les Huns, mais non pas sur la nation entière. A leur mort, il partagea le trône avec son frère Bléta ; et, afin de se procurer des forces qui pussent seconder ses projets, il devint parricide, et préluda par la mort de ses proches à sa lutte avec le monde. Ses coupables ressources s'accrurent en dépit de la justice, et sa barbarie eut un succès qui fait horreur. Après avoir fait périr dans ses piéges Bléta, son frère, qui régnait sur une grande partie des Huns, il réduisit ce peuple entier sous son pouvoir; et, ayant réuni un grand nombre d'autres nations qui lui obéissaient, il aspirait à la conquête des deux premiers peuples de l'univers, les Romains et les Visigoths. Son armée était, dit-on, de cinq cent mille hommes. Cet homme était venu au monde pour ébranler sa nation et faire trembler la terre. Par je ne sais quelle fatalité, des bruits formidables le devançaient, et semaient partout l'épouvante. Il était superbe en sa démarche, promenant ses regards deçà et delà autour de lui; l'orgueil de sa puissance se révélait jusque dans les mouvements de son corps. Aimant les batailles, mais se maîtrisant dans l'action; excellent dans le conseil; se laissant fléchir aux prières; bon quand il avait une fois accordé sa protection. Sa taille était courte, sa poitrine large, sa tête forte. De petits yeux, la barbe clairsemée, les cheveux grisonnants, le nez écrasé, le teint noirâtre, il reproduisait tous les traits de sa race. Bien que naturellement sa confiance en lui-même fût grande et ne l'abandonnât jamais, elle s'était encore accrue par la découverte du glaive de Mars, ce glaive pour lequel les rois des Scythes avaient toujours eu de la vénération. Voici, au rapport de Priscus, comment se fit cette découverte : « Un pâtre, dit-il, voyant boiter une génisse de son troupeau, et ne pouvant imaginer ce qui l'avait ainsi blessée, se mit à suivre avec sollicitude la trace de son sang. II vint jusqu'au glaive sur lequel la génisse en broutant avait mis le pied sans le voir, et l'ayant tiré de la terre, il l'apporta à Attila. Celui-ci, fier de ce don, pensa, dans sa magnanimité, qu'il était appelé à être le maître du monde, et que le glaive de Mars mettait en sa main le sort des batailles. »
_________________ Scribant reliqua potiores, aetate doctrinisque florentes. quos id, si libuerit, adgressuros, procudere linguas ad maiores moneo stilos. Amm. XXXI, 16, 9.
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