Bonjour Brennos,
Citer :
Apparemment, l'épée gauloise de la Tène I était si bonne qu'elle a été probablement adoptée par les romains. Celles du IIIème siècle avaient des défauts non pas techniques mais tactiques. ( à la bataille de Cannes, les Ibères et les Gaulois ont des armements équivalents, mais les Goulois frappent de taille, tandis que les Ibères frappent d'estoc ).
Quand l'arme destinée au combat rapproché est uniquement destinée à frapper de taille, elle se complète par une autre arme destinée à donner des coups d'estoc. On voit donc ressusciter le poignard à antennes.
Il faut d'abords ce replacer dans le contexte de l'époque. L'épée longue, c'est inhabituelle pour les romains et pour l'époque, plus difficile à manier que le glaive. Par contre le constat comme quoi les pointes d'épées sont arrondies est très fréquemment contredis par l'archéologie. Seules les épées du IIème siècle avant J.-C. ont des pointes clairement arrondies, les lames d'avant étaient légèrement arrondis mais permettaient la frappe d'estoc. L'utilisation du poignard au corps à corps reste incertain, il semblerait que ces armes soient principalement des dagues d'apparat ou plutôt à mes yeux... pour décrocher la tête des vaincus
J'ai ma théorie sur l'évolution des lames. Les épées s'allongeront et s'arrondiront en parallèle avec le développement de la cavalerie et la décadence de l'aristocratie en oligarchie.
L'épée longue est une arme de combat en formation plus large, et la pointe arrondie permet d'empêcher la lame de se bloquer dans un tissu résistant (lin ou laine ou même du cuir) par contre face à une cotte de mailles, il vaut mieux percer les mailles avec une lame pointue. D'où mon idée que les combattants majoritaires au sein des armées gauloises étaient principalement des pillards, des guerriers de conditions modestes attaquant les villages et fermes voisins en quête de richesses. Dans ce genre de cas, ce genre d'épée correspond parfaitement à la situation. Un combattant à la place de se mouvoir et combat principalement des paysans ou des combattants de même condition, la lame longue permet de frapper les côtés, les jambes, les bras etc. tout en permettant le déplacement. Il semblerait en plus que les razzias se soient multipliées au cours du Ier siècle av J.-C. alors qu'auparavant elles étaient peu fréquentes. Contrairement aux idées reçues, même les lames de LaTène finale n'étaient pas toutes à pointes arrondies, André Rapin a montré dans ses ouvrages que certaines lames avaient une pointe plus prononcée permettant une frappe d'estoc efficace, peut-être des armes de combattants plus habitués à la guerre en formation. Beaucoup ont pensé que l'épée était une arme réservée à l'élite, mais au IIème siècle les oppida commencèrent à s'agrandir et à cumuler une grande richesse ce qui déstabilisa les aristocraties locales qui résidaient d'abords en campagne. Au final, une politique d'anti-royauté avait pris naissance en Gaule, remplaçant totalement le système politique.
Pour mieux comprendre tout cela, je conseille de lire "le monde celtique, de Patrick Galliou", excellent pour mieux comprendre l'évolution des oppida et de lire aussi "César et la Gaule, de Christian Goudineau" pour mieux comprendre le Ier siècle av JC.
Et sinon il faut compléter avec ces ouvrages gratuits:
- L'armement celtique d'André Rapin
http://gladius.revistas.csic.es/index.p ... load/13/14- L'armement et son évolution en Gaule Belgique à LaTène finale
http://www.persee.fr/web/revues/home/pr ... m_3_1_2177- L'armement gaulois au Ier siècle avant J.-C. par Brethenoux
http://www.jeuxdepees.fr/JEUX%20D%27EPE ... tCelt1.pdf- Et il y aussi ce site internet avec un résumé d'un ouvrage de Rapin et des illustrations
http://www.gallicobelgae.org/la_tene_chronology.htmIl faut quand même terminé en disant que l'épée longue gauloise convenait parfaitement au combat, malgré le constat de certains auteurs antiques. Ces derniers (comme Polybe) n'ont transmis ces faits que plusieurs décennies après leurs déroulement, a part le témoignage de certains vétérans (si il y en avait encore des vivants) et les armes gauloises de haute qualité (donc noble, donc certainement de cavalerie) qui existaient encore en Cisalpine au IIème siècle, les auteurs antiques n'avaient pas vraiment de sources sûres. Surtout que les épées gauloises décrites si longues que ça ne l'était pas avant la fin du Ier siècle. Sans compter que la lame des légionnaires césariens (donc quelques décennies après) mesurait dans les 60 cm. Comme quoi, l'archéologie restera toujours une source sûr. D'ailleurs, au final les Romains adoptèrent la spatha avec les germains, à force de les combattre
Citer :
Les attaques étaient préparée par des volées de javelines ( Gaesum ) et l'infanterie a toujours prédominé sur la cavalerie. Au temps de César, il y avait en Gaule de grandes forces de cavalerie noble, mais ce n'était pas la masse de l'armée.
César décrit une arme utilisant une lanière de cuir, elle se nomme la tragula en latin. Une expérimentation avait permis de donner une portée à cette javeline comprise entre 70 et 80 mètres. Le gaiso (gaesum en latin) était un javelot de grande taille (comme tout les javelots qui se lançaient à la main) d'au moins 1m60 pouvant être utilisé comme lance au cas où.
La cavalerie était la seule force militaire pendant la Guerre des Gaules, les derniers aristocrates et les "sénateurs" (membres du conseil qui élisent le roi ou le magistrat) combattaient à cheval. Donc l'infanterie était presque totalement délaissées, peu de troupes d'élites combattaient au premier rang et donc une fois les combattants d'élites écrasés, les autres guerriers, peu expérimentés, démotivés par la guerre et surtout en discorde entre eux (entre pro-romains et anti-romains, pro-royauté et anti-royauté) abandonnèrent rapidement le champ de bataille.
L'évolution de la cavalerie en un dernier corps militaire d'élite pris environ un siècle, c'est l'affaiblissement des principes aristocratiques (le courage et la valeur guerrière) et la disparition progressive des druides (lire Jean-Louis Brunaux) qui obligea l'élite à combattre à cheval et à délaisser le corps-à-corps pur et à pied.
Ce n'est qu'une théorie, mais pour montrer un hasard de l'histoire... Les Nerviens n'avaient qu'une faible cavalerie et pourtant il s'agit du seul peuple à avoir résister jusqu'au bout à la bataille de la Sambre. Faut-il voir que leurs 600 sénateurs combattaient à pied (motivant les troupes)? Certainement.
Citer :
L'emploi des chars, qui avait précédé la cavalerie et qui durait encore en Bretagne au temps de César, ne modifiait pas la tactique. L'abordage se faisait à l'épée et les chars se mêlaient à l'infanterie.
Le rôle du char est de permettre aux nobles de combattre au corps-à-corps et de se replier en cas d'urgence. Dans le casque d'Agris, le dessinateur (avec l'aide de Franck Mathieu surement) a habilement représenté un groupe de chars Bellovaques contournant une formation d'infanterie Sénone en lançant des javelots puis déposer des guerriers d'élites à l'arrière de l'ennemi, là où les troupes sont les plus faibles et où il est facile de se faire un chemin jusqu'au roi ou chef de l'armée.
Citer :
Les celtes se seraient longtemps servis, comme presque tous les peuples du nord et du centre de l'europe, de boucliers ronds en osier ou en métal.
En osier oui, pour les troupes pauvres ou pour l'entraînement (voir le PDF de Brethenoux plus haut).
Par contre en métal
tu veux dire avec des pièces de renfort en métal? Parce que le bouclier en bronze n'est plus utilisé par les celtes depuis début Hallstatt, les seules pièces que l'on retrouve sont des boucliers de parades ou de décoration (qui ne possèdent aucune marque de coup et qui sont trop lourd pour être utilisé).
Citer :
Le bouclier des Celtes historiques, Gaulois et Irlandais, était un grand bouclier allongé, soit ovale, soit rectangulaire, parfois relativement étroit. Il y a une exception pour le bouclier carré aux umbos géminés trouvé dans le tumulus hallstattien de Huglfing ( en bavière ).
Le bouclier carré est une arme défensive datée principalement de l'époque Hallstattienne, le bouclier ovale a rapidement remplacé le modèle carré pour une question de poids. Avec les temps les boucliers se sont allongés jusqu'à atteindre la taille du bouclier de mondragon et d'une statue trouvée en sicile (dont j'ai oublié le nom). Les boucliers celtes sont rarement étroits.
Citer :
La plupart des casques gaulois de l'époque de la Tène sont des casques italo-grecs, soit importés en pays celtiques, soit imités et fort richement décorés de motifs celtiques ( voir le casque retrouvé à Amfreville-sous-les-Monts )..
La masse combattait nu-tête, ou la tête couverte de calottes de cuir.
Non, ce sont des casques italo-celtes. Les celtes en arrivant très tôt en Italie, adoptèrent les paragnathides pour leurs casques, ils s'inspirèrent de certains casques italiques pour fabriquer un modèle proche du montefortino. Si les celtes en apprennent beaucoup avec les italiques, ils améliorèrent grandement les casques, au niveau des parures à accrocher, du protège nuque (qui induit l'utilisation d'épée plutôt longues
) et surtout de la matière utilisée: les casques italiques sont surtout en bronze alors que les Gaulois développeront les casques en fer connus déjà dans toute la Gaule, même au Nord, au milieu du IIIème siècle.
J'espère avoir été instructif et agréable à lire.