Pardon Diviacus, ton message m’avait échappé.
Je te remercie.
Mais je ne suis pas convaincu pour autant par cette question chronologique, pour l'instant.
A commencer par l’argument a silentio de départ :
Diviacus a écrit :
D'abord, aucun témoignage ancien ne dit qu'il n'y avait pas de druides en dehors de la Gaule (et des îles britanniques). JL Brunaux ne le dit pas non plus : il n'en parle pas. Seul Albert Grenier évoque le texte de Diogène Laërce : "Les Perses ont eu leurs mages,...les Celtes et les Galates , leurs druides et semnothées".
Les sources sont là pour montrer l’existence de quelque chose, mais certainement pas pour signaler leur absence ! On ne peut prouver la non-existence de quoi que ce soit ! Quant à la phrase de Diogène Laerce, c’est à mon avis un contre-sens. Celtes et Galates sont synonymes au Ier. La question est confuse, certains auteurs préfèrent l’un, d’autres l’autre, voire alternent au gré soit de leurs sources soit de leurs envies. Bref, Galates n’a jamais défini exclusivement les Celtes des Balkans et d’Asie Mineure, tout comme Celtes n’est pas limité à la seule Celtique (Alexandre rencontre des « Celtes » sur l'Istros). La question est en partie chronologique (Keltoi est antérieur, Galatoi n’apparait pas me semble-t-il avant le début du IIIe, peut-être sous influence italienne ? A vérifier), mais pour l’époque de Diogène, la question ne se pose plus. Dans la même phrase, il cumule deux fois deux synonymes, Celtes/Galates et druides/semnothées. Etablir un lien strict Celtes = druides, Galates = semnothées est complètement artificiel. Surtout connaissant la « méthode » de travail de Diogène.
Logique donc que personne n’en parle : il n’y a rien à dire.
Diviacus a écrit :
Ensuite, les druides ont pu exister en Gaule au Ve, sans que des druides existent en Cisalpine ou en Galatie : il n'est pas sûr que les Celtes de Cisalpine venaient de Celtique, et encore moins sûr pour les Galates. Nous ne connaissons pas les dates de séparation de ces peuples, et leurs "sociétés" n'étaient peut-être pas si comparables que certains l'ont laissé entendre.
A supposer qu’ils soient séparés (je n'en sais rien). L’origine transalpine des Celtes d’Italie est tout de même signalée à la fois par la tradition, et par l’étymologie (même si cet argument n’a pas grande valeur…) avec les Sénons par exemple. Mais surtout, les liens n’ont jamais été brisés : jusqu’à la fin du IIIe siècle, des masses gauloises continuent d’affluer en Italie, souvent à l’initiative des Cisalpins, tandis que les émissaires Boïens promettent à Hannibal de le guider eux-mêmes dans les Alpes qu’ils connaissent apparemment comme leur poche. Bref, les Alpes ne ressemble pas du tout à une frontière culturelle « séparant » des peuples différents, organisées en « sociétés » différentes. L’archéologie peut-être, je ne sais pas, mais pas du tout les textes. Quant aux Anatoliens, si l’assimilation des Anciens avec les Tectosages de Tolosa m’a toujours paru très douteuse, je ne peux m’empêcher de faire le lien avec César VI.24 qui signale la présence résiduelle de Volques Tectosages au sud de la forêt Hercynienne encore au Ier.
Diviacus a écrit :
Poseidonios est à la base de l'argumentation de Brunaux. JLB n'invalide pas son témoignage, au contraire. Je me suis peut-être mal exprimé, mais l'époque déclinante s'applique aux druides du 1er siècle et non à Poseidonios.
Mais Posidonios est du Ier siècle, il n’est qu’une génération plus vieux que César, et le tableau de la Gaule qu’il dépeint est celui postérieur aux invasions cimbres qui le poussent à approfondir la question. Mon objection reste donc entière, d’autant qu’il apparait en plein dans la période de déclin que tu précises dans ton message précédent à la fin du IIe ; autrement dit, Posidonios est bien censé être le témoin de ce déclin ?!
Mais surtout, une fois de plus, c’est l’argument a silentio qui s’impose. Le postulat de l’existence des druides au Ve en Celtique est posé, mais sur quoi repose-t-il concrètement ?
Si j’ai bien compris ta dernière phrase, l’argument n’est ni littéraire ni archéologique, mais philosophique, établissant un parallèle entre une influence hellénistique et l’apparition des druides ? Est-ce bien cela ?
Si oui, et bien encore une fois je suis très sceptique. Tous ces discours sur les influences pythagoriciennes sur les druides (ou des druides sur les Pythagoriciens d’ailleurs) sont complètement anachroniques. Autant que je sache, le point commun se réduit à l’immortalité de l’âme (ce qui est tout de même léger pour poser une influence de l’un sur l’autre), mais surtout à vue de nez les textes antiques qui établissent ce parallèle sont très tardifs, (à vérifier, je n’ai pas compilé) postérieurs au IIe APRES JC, soit un siècle après leur interdiction par Claude… IL n’y a plus de druides à cette époque en contact avec le monde méditerranéen qui puissent faire partager leurs doctrines. Par conséquent, ils deviennent un exemplum rhétorique commode. D’autant plus que le cas des druides décrétés « pythagoriciens » s’inscrit dans une longue série. A cette époque, tout et n’importe quoi est considéré comme pythagoricien ou ayant influencé les Pythagoriciens, depuis le roi Numa jusqu’aux Gymnosophistes indiens en passant par les Mages perses, ou les Chaldéens babyloniens, tous sont mis en relation avec les Pythagoriciens. Les druides ne sont que les derniers de cette longue série. Bref, cette influence est me semble-t-il toute théorique. Les Grecs lisent le monde à travers le filtre de leur propre culture, forcément ils dressent des points communs et ont la manie d’établir des parallèles aléatoires (déjà Hérodote était champion en la matière).
Mais s’appuyer sur cela pour établir un lien entre le monde grec et le druidisme, lien qui permet ensuite d’établir chronologiquement l’apparition du druidisme au moment d’une pénétration grecque en occident, donc au Ve…. Cela fait un peu château de cartes …