Thersite a écrit :
Accessoirement, les Phrygiens proprement dits n'ont pas disparus, ils ont été affaiblis puis intégrés politiquement à d'autres entités (le royaume lydien sous Crésus, puis l'Empire perse), mais ils conservent leur identité ethnique et culturelle. La population n'a pas fuit (Gordion en particulier reste une cité florissante à l'époque hellénistique).
Les Phrygiens n'ont évidemment pas dû disparaître à la suite des invasions et destructions cimmériennes, mais, d'un point de vue linguistique, il semblerait que les dernières attestations de leur langue dans la "Phrygie" autour de Gordion n'aillent pas au delà du -Ve siècle. Ont-ils été acculturés ou se sont-ils fondus avec les Lydiens et autres, probablement. Ce qui n'empêche pas qu'une partie de leur culture (culte de Cybèle par exemple) ait subsisté et même se soit développée encore ultérieurement.
Non, et toujours envisagé sous le prisme linguistique, l'hypothèse qui semble avoir quand même la meilleure cote actuellement est celle qui rattache l'arménien au phrygien, lequel aurait aussi un certain nombre de caractéristiques communes avec le grec ancien. Or l'arménien, classé dans un groupe spécifique et unique représentant, est de toutes les langues indo-européennes actuelles ou historiquement bien connues, la seule qui partage avec le grec ancien certains traits très particuliers (traitement de certaines laryngales, utilisation des augmentatifs). Dans une telle logique, si les proto-Arméniens ont bien une parenté proche avec les Phrygiens de l'époque cimmérienne, la translation linguistique par le biais du phrygien prendrait tout son relief et une explication, somme toute, assez simple.
Citer :
Ces rapprochements étymologiques isolés sont toujours trompeurs (cf. notre correspondant Tchétchène convaincu d'être un Hun car il appartient à la tribu des Gunnoi...). D'abord il faudrait connaître l'histoire du mot : s'il a été créé au XIXe par des linguistes, patatra. Ensuite, en supposant que ce soit un nom très ancien : d'une part cela peut n'être qu'une simple homophonie ; ensuite, ils peuvent simplement bénéficier d'une étymologie commune tirant son origine par exemple d'une caractéristique locale, puisque les deux langues (Phrygien et Arménien) sont apparentées. Aucun moyen de tirer d'en tirer des conclusions ni de construire quoique ce soit à ce sujet. C'est même le piège classique...
Je suis bien d'accord et ce n'est sûrement pas moi qui vais émettre une quelconque certitude ou voix autorisée sur ce genre de sujet. Je ne suis que romancier, intéressé d'histoire, d'ethnologie, de linguistique et connaissances de ce genre, mais je ne suis en aucune manière historien et n'ai vraiment aucune prétention en la matière. Simplement, je me suis permis de livrer cette "information" (le dialecte gordien de l'arménien) trouvée fortuitement dans une vieille grammaire de 1823 et qui m'est apparue "intéressante". Il reste(rait) effectivement à des gens dont c'est la compétence de l'analyser dans tout son contexte et de lui donner corps ou non.