Brennos a écrit :
Serait-ce possible, qu'une plus ou moins grosse partie, se serait dirigés vers les Balkans, entrant ainsi en contact avec les Celtes ?
Dans les Balkans oui, en Dacie ont été retrouvés paraît-il des armes de type cimmérien... (d'après Lebedynsky,
Les Nomades, errance 2003, qui présente le cas cimmérien en 3 pages succinctes).
Par contre, en contact avec les Celtes non, les Celtes n'apparaissant dans la région que bien des siècles plus tard.
Mais il faut à mon avis en revanche rejeter les témoignages antiques d'une migration cimmériennes vers l'Europe du nord, où ils auraient fondés la colonie des Cimbres. Par exemple Plutarque,
Marius 11-12 :
Selon d'autres enfin, une portion de ces Cimmériens, qui furent les premiers connus des anciens Grecs, portion peu considérable eu égard à la nation entière, prit la fuite, ou fut chassée de son pays par les Scythes, à la suite de quelque sédition, et passa des Palus-Méotides dans l'Asie, sous la conduite de Lygdamis. Les autres, qui formaient la partie la plus nombreuse et la plus belliqueuse de la nation, habitaient aux extrémités de la terre, près de l'océan Hyperboréen, dans un pays couvert partout de bois et d'ombres épaisses, presque inaccessible aux rayons du soleil, qui ne peuvent pénétrer dans ces forêts, si vastes et si profondes qu'elles vont se joindre à la forêt Hercynie. Ils étaient placés sous cette partie du ciel où l'inclinaison des cercles parallèles donne au pôle une telle élévation, qu'il est presque le zénith de ces peuples, et que les jours étant, dans leur plus, longue comme dans leur plus courte durée, toujours en égalité avec les nuits, y partagent l'année en deux portions égales : ce qui a fourni à Homère l'idée de sa fable des enfers. 12. Voilà d'où partirent pour se rendre en Italie ces Barbares appelés d'abord Cimmériens, d'où leur vint ensuite vraisemblablement le nom de Cimbres.Le récit provient à l’origine de Posidonios, le premier qui s’est intéressé à l’Occident, le premier à signaler les Germains, qui s’est efforcer d’intégrer les Cimbres nouveaux venus dans la géographie grecque alors connue.
Or, les Scythes sont placés jusqu’à cette époque dans toute l’Europe du nord, Germanie comprise, en bordure de l’Océan (ici la Baltique) ; or les Scythes sont réputés avoir remplacés, chassés, les Cimmériens. De plus, dans Homère, les Cimmériens alors largement mythiques sont décrits (à tort) comme des Hyperboréens, d’où les proverbes si souvent mentionnés concernant les nuits cimmériennes. C’est exactement ce que l’ont retrouve dans cet extrait. Or, les Cimbres proviennent de la péninsule danoise, donc par définition « aux extrémités de la terre, près de l'océan Hyperboréen ». Joint à une ressemblance onomastique superficielle, cette localisation légendaire lui suffit pour assimiler les deux peuples, pillards réputés les uns comme les autres. Il ne reste plus qu'à les intégrer aussi à l'histoire, et donc inventer une migration.
Mais cette histoire n’apparaît donc qu’au Ier siècle, et de plus les Grecs n’ont pas grands renseignements (ni grand intérêt) pour ce qui se situe au-delà de leur propre champs d’action, à plus forte raison pour des mouvements de population au VIIe au sein des lointaines plaines eurasiennes !
Maintenant, je me doute que l’absence de sources peut permettre aussi de s’appuyer sur les mêmes textes pour argumenter au contraire sur la réalité de cette migration, mais les arguments
a silentio me semblent très fragiles. Seule l’archéologie pourrait témoigner d’une continuité ou d’une filiation entre la culture cimmérienne et la culture germanique, ce qui n’est pas le cas.
De plus, les Cimmériens ne sont pas les Scythes. Ils ont de nombreux points communs au niveau du style de vie certes, mais leur art par exemple diffère (pas des motifs animaliers, mais géométriques), et surtout leur langue est très incertaine. L’assimilation de haute date avec les Trères, qui eux sont Thrace, me pousse au contraire à les considérer comme de langue thrace, non iranienne. A l’époque historique, les Gètes, voisins des Trères, qui vivent eux aussi dans les steppes du cœur de la Bulgarie, vivent plus ou moins comme des Scythes, en dépit de la langue différente, il n’y a donc pas de corrélation entre mode de vie/culture et langue/origine.
A l’opposé, certains s’appuient sur quelques noms de souverains cimmériens transmis par les sources mésopotamiennes pour argumenter d’une origine, ou au moins d’une influence iranienne. Mais les deux noms donnés par les sources grecques, Lygdamis et Cobos, ne rentrent pas dans ce cas… Et ce n’est pas trois ou cinq noms propres de souverains qui permettent de trancher une question qui à mon avis restera sans réponse. Les patronymes princiers subissent toujours une forte influences étrangères, ne serait-ce que par les mariages princiers avec des princesses étrangères.
De plus, rien ne permet non plus de décréter que les Cimmériens forment une population homogène. Ils peuvent correspondre à une coalition politique, un peu comme les Huns, regroupant des ethnies de langue variée.
Mais ce n'est qu'une opinion, je ne suis pas qualifié pour la traiter, surtout pour le monde des steppes. De plus, j'ignore la moitié des données: les textes mésopotamiens.