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L'aristocratie était propriétaire des terres qu'elle administrait et des charges qu'elle occupait.
tout dépend de quelle époque on parle, mais rien n'est moins sûr.
La propriété de la terre, c'était une notion floue pour ces peuples (qui n'étaient pas encore sédentaires à 100%). Pour les Gaulois on a très peu de sources. Dans l'Irlande archaïque, la terre appartient à la tuath, la tribu. La puissance (économique notamment) et la propriété se reportent sur le bétail, véritable "objet" de prestige très convoité qui fait l'objet de conflit pour se l'approprier (cf "la Razzia des Vaches de Cooley"). Nul doute que l'aristocratie de la Tène Ancienne, voire du Hallstatt ne devait pas être très différente.
Les fossés entourant les fermes aristocratiques et les sanctuaires indiquent également une conception particulière de la terre et de sa propriété. Il y a l'enceinte sacrée, de la maison ou du sanctuaire (divin dans ce cas) et le dehors... un peu comme il y a le monde des hommes et "l'autre monde" dans le système de croyances de ces peuples (selon un principe de Macrocosme/microcosme). Cela renvoie à l'Odal, la terre inaliénable de la parentèle scandinave ayant, au moins en des temps archaïque, une valeur sacrée voire "magique" (je sais, ce n'est pas la même époque, mais on en est réduit à ce genre de comparaison tellement on manque de données pour les CEltes antiques).
Quant aux "charges", elles étaient probablement conférées par les assemblées des hommes libres et étaient à priori temporaires. A ce titre, les aristocrates n'étaient probablement que des hommes libres riches qui s'étaient attirés à eux une clientèle importante leur conférant influence et pouvoir politique. Si l'on se réfère à nouveau à l'Irlande archaïque, ces charges, celle de roi notamment, pouvaient également recouvrer plus de contraintes que de prérogatives (mais être tout de même suffisamment prestigieuses pour être enviées). Pour l'administration, on a aucun témoignage d'un quelconque système fiscal ou d'un quelconque appareil administratif dans l'organisation politique de la Gaule. Tout se règle dans la sphère privée et lors des assemblées.
Les choses ont certainement changé et évolué différemment dans la Gaule de la Tène moyenne et finale, et les réalités de la civilisation des oppida devaient être bien différentes, avec l’émergence d'une sphère publique mieux définie, de véritables institutions (l'ancienne assemblée qui devient une réelle institution, un "Sénat" comme dirait César), et un début d'administration au sein de ces villes qu'étaient les oppida. Mais là encore, on en est réduit à faire des suppositions (bien que la présence de villes relativement grandes implique une rationalisation de l'organisation politique et sociale). Nul doute que l'influence romaine, et l'acculturation progressive des gaulois avant l'annexion de la Gaule, a joué un grand rôle là dedans.
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Il n'y a peut-être jamais eu de frontière linguistique nette entre les langues connues que nous appelons celtes et les langues connues que nous appelons germaniques. En l'état actuel de nos connaissance, il me paraît compliqué de trancher cette question.
Mais il y a bien des différences linguistiques entre les deux, on ne peut pas (sauf époques reculées) trouver d'origine commune aux deux si? Il n'y a pas eu d'étude philologiques là dessus?
Sinon, du coup, on pourrait appuyer encore l'idée que le monde germanique et le monde celtique avant la conquête de la Gaule... c'est peu ou prou la même chose, et que c'est césar qui a inventé une différence entre les deux (devenue effective, puisque effectivement, l'annexion de la Gaule a séparée cette dernière de sa sphère culturelle habituelle et le monde germanique a suivi un autre chemin). On pourrait même dire que César n'a pas fait qu'inventer cette limite, il l'a effectivement réalisée sur le terrain (lui et ses successeurs).
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Les USA, l'Allemagne et la France ont beau être toutes les trois des républiques, chacune a des caractéristiques bien particulières liées à son histoire.
Il y avait probablement autant de variations et de nuances locales dans l'organisation politique et sociale gauloise qui n'avait rien de régulé et devait se fonder sur la coutume et la religion, en ajoutant à cela les influences extérieures (comme dans le cas de l'apparition de la civilisation des oppida que j'évoquais). Donc je ne pense pas que le système politique soit plus déterminant qu'un autre. Je pense que le problème vient du fait que nous cherchons (et quelque part c'était déjà le cas de César) que nous cherchons à faire coller la réalité de l'époque à ce que nous connaissons et comprenons (et donc forcément à rattacher de manière exclusive tel peuple ou telle population à telle ou telle entité culturelle ou politique).
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Rome était une ville gigantesque pour l'époque et l'Italie plus urbanisée que la Gaule mais il n'en demeure pas moins que "l'Italien moyen" était un paysan au mode de vie guère différent de celui de son homologue gaulois.
Il n'en reste pas moins que dans le modèle romain, l'urbs est le centre de la cité. C'est là que se prennent les principales (toutes?) décisions économiques, politiques ou sociales, que se font les échanges. Certes, dans la vie quotidienne, la vie du paysan romain ne devait pas être très différente de celle du paysan gaulois, mais son rapport à la société, aux institutions, à la "cité" en somme, devait être bien différente que dans la Gaule d'avant les oppida où les centres politiques sont d'innombrables fermes et domaines aristocratiques et sanctuaires, mais où les centres économiques forment des sortes de proto-villes le long des axes commerciaux.
D'ailleurs, lorsque Rome réorganise la Gaule nouvellement conquise, elle crée parfois de nouvelles villes pour servir de centres aux cités gauloises et donner un sens plus précis à ces territoires.