Je reprends la question, et notamment à propos de la péninsule Ibérique.
Les inscriptions tartessiennes : après vérification, j’abandonne (pour l’instant
) pour ces inscriptions la qualification de celtiques, car non attestées par d’autres linguistes que J Koch.
L’antériorité de langues celtiques est argumentée par V.Kruta (Les Celtes - 2000) essentiellement sur 2 arguments.
Le 1er repose sur la constatation d’une continuité de faciès archéologique :
« Les Celtes de la péninsule Ibérique ont constitué pendant longtemps un casse-tête pour les spécialistes … : expliquer (leur présence) à partir d’un modèle d’expansion radiale où la filiation des populations celtiques devait passer obligatoirement par la culture laténienne ou ses antécédents directs ne trouvait qu’un appui évanescent dans la documentation archéologique…
… La recherche des antécédents directs des groupes celtibériques de l’intérieur conduisit à une constatation analogue : on pouvait remonter jusqu’aux origines d’une culture indigène du plein âge de bronze (IIIème quart du IIème millénaire av. JC), nommée d’après le site de Las Cogotas… Il fallait donc en conclure que le peuplement celtique de la péninsule s’appuyait sur un noyau installé dans les régions centrales au moins depuis l’âge de bronze et qu’il constituait un groupe culturellement autonome par rapport au monde hallstattien et laténien…
… La situation des Celtes de la péninsule Ibérique… était donc en tous points analogue à celle des Celtes de la culture de Golasecca…, une population dont l’appartenance à l’aire laténienne ne s’affirma qu’à partir du IIIème siècle av. JC, tandis que leur langue est attestée épigraphiquement trois siècles auparavant. »
(C’est le même argument qui fait supposer que les hallstattiens parlaient une langue celte, à partir de la même supposition pour les laténiens).
Le 2ème repose sur la citation d’Hérodote :
« Les Celtes … habitants les plus occidentaux de l’Europe après les Kynètes…
En effet, leurs voisins étaient à l’époque historique le peuple des Celtici et c’est bien dans cette région, vers l’embouchure du Guadiana, que se trouve l’extrémité sud-occidentale de la diffusion de tous les éléments onomastiques et toponymiques attribuables à une langue de souche celtique… »
Son opinion générale sur l’apparition des langues celtiques est que « l’extension et l’enracinement profond (des langues celtiques) ne permettent pas de la considérer comme pouvant être le résultat d’une diffusion tardive, réalisée à partir de la fin du IIème millénaire av. JC, depuis un seul noyau centre-européen. »
Cette opinion est (au moins) partagée par Patrice Brun et Barry Cunliffe.
Patrice Brun (dans la préhistoire des Celtes – Bibracte 12/2 – 2005) :
« Je propose de situer l ‘émergence de la famille des langues celtiques au IIIème millénaire av. JC et d’en expliquer la constitution et la perpétuation par des dynamiques interactives de longue durée canalisées par des réseaux d’alliances et d’échanges. …
L’ensemble des sources disponibles suggère que, si les porteurs de la culture matérielle nord-alpine étaient des Celtes et comme ce complexe culturel a évolué sans apport migratoire massif, au moins depuis 1600 av . JC, la population qui partageait cette culture était probablement déjà locutrice d’une langue celtique.
Or, avant cette date, les zones où se sont individualisés le complexe nord-alpin et son homologue atlantique n’ont partagé des éléments matériels et structurels semblables que dans la deuxième moitié du IIIème millénaire av. JC. Il s’agit du fameux « set » campaniforme. Une telle communauté, liant toutes les régions où l’on parlera ensuite une langue celtique, est un cas unique. »
Ce n’est qu’une hypothèse, mais personnellement, elle me séduit.