Les Lusitaniens n'étaient pas non plus un royaume, mais une coalition de peuples celtibères, en gros entre le Tage et la Douro.
Depuis la seconde guerre punique, les Romains envoyaient chaque année en Espagne des gouverneurs qui voyaient ces provinces comme une opportunité, une occasion unique de s'enrichir pendant l'année qui leur était accordée, et multipliaient d'année en année les exactions sur les populations soumises, et les agressions plus ou moins justifiées sur les voisins, grignotant peu à peu la péninsule. Cette politique agressive va les amener très rapidement, dès 190, à s'en prendre aux Lusitaniens, qui malgré leur résistance se font régulièrement tanné le cuir dans la décennie 180, jusqu'en 177 qui marque leur soumission.
La guerre reprend vers 154, avec un raid victorieux lusitanien qui bouscule les petites armées provinciales, avant de se faire à leur tour vaincre par la contre offensive romaine. Des deux côtés, la guerre est cruelle et on atteint vite des extrémités, tant et si bien qu'en 150, un Romain, Galba, un peu plus pourri et avide encore que les autres, va se distinguer par un massacre qui fera grand bruit : il extermine une troupe lusitanienne de plusieurs milliers d'hommes désarmés à qui il avait promis le pardon et des terres. Une poignée d'hommes parvint à s'enfuir, écœurés, et parmi eux, un certain Viriathus. Loin de mettre fin à la guerre, cette politique accentue l'agitation, et la guérilla perdure, jusqu'en 147 où les Lusitaniens se trouvent enfin un chef, Viriathus. A la base, rien ne le prédestine à commander, ce n'est qu'un aventurier, un peu mercenaire, un peu berger, chasseur, voleur, au gré des occasions. Mais cette année, ses exploits vont lui faire gagner le respect du peuple. L'année commence mal, les Lusitaniens se retrouvent encerclés et acculés par l'armée romaine ; le massacre semble inéluctable, mais le p'tit gars Viriathe sauve à la tête d'une petite troupe de cavaliers l'ensemble de l'armée par une manœuvre audacieuse. Tous s'échappent, et dorénavant, tous lui obéissent. S'ensuit une succession de victoire sanglantes qui surprennent les Romains. Rome envoie armée sur armée, rien n'y fait, il reste insaisissable ; la situation empire, car l'exemple de Viriathe fait des émules, et la guerre embrase dorénavant toute la celtibérie (cf. les fameux Numantins). Tant et si bien que vers 142, après de dures campagnes, Romains et Lusitaniens s'accordent pour signer une paix, Viriathe reçoit même le titre honorifique d'allié et ami du peuple romain.
Mais dès 140, un nouveau gouverneur, Caepio, la dénonce. Selon une pratique typiquement romaine, le sénat le soutient et déclare l'accord invalide (les Romains pratiquent une double diplomatie, d'un côté celle des généraux, de l'autre celle du Sénat ; le Sénat ne se sent jamais tenus par les traités signés par les généraux, et les généraux pas forcément liés par les traités signés par le Sénat ; ce faisant, ils peuvent attaquer qui ils veulent quand ils veulent, par surprise ; ils ont fait le coup aux Samnites, aux Corses, aux Carthaginois avec le fameux traité de l'Ebre, aux Numantins, aux Galates d'Asie Mineure, etc. Aucun de leur traité n'a jamais été respecté, ils finissent toujours par être dénoncés pour des prétextes plus ou moins minables. La fameuse Fidès romaine ! Leur conquête de la Méditerranée est en partie une conséquence de cette duplicité permanente.). La guerre reprend de plus belle, et pour parachever la réputation de félonie des Romains, Caepio parvient à faire assassiner le chef ennemi en 139. Ce coup de dague dans le dos prive les Lusitaniens d'un général capable, et ils ne tardèrent pas à se soumettre.
La plupart des infos concernant Viriathe sont apportées par Appien, Ibérique, 59-75, auxquels on peut ajouter les fragments des livres XXXII-XXXIII de Diodore. Beaucoup plus accessoirement, les épitomés de Tite Live (52-55), Frontin, FLorus, Dion Cassius, Justin, Orose ou Valère Maxime apportent quelques renseignements.
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