Bonjour, je fait des recherches d'ordre personnel sur un peuple gaulois les Meldes, j'ai lu dans l'oeuvre de César qu'il avait commander soixante navires pour l'expédition de Bretagne, mais sait'ont où ces navires furent construits dans le territoire Meldes ?

Ah ! Il me semble avoir lu un truc sur ça, récemment......

De mémoire c'est dans une revue (science et avenir ??) dont le dernier numéro propose un panorama archéologique de la méditerranée. Dans un article sur les bateaux cousus, ils évoquaient cet épisode en disant qu'ils (les bateaux) avaient certainement descendu le fleuve en pièces détachées.

Donc, ils suggèrent un façonnage des pièces dans un port Melde (Meaux ou un autre port sur la Marne), puis un chargement de celles-ci sur des péniches et convoyage jusqu'à l'embouchure (par des nautes Parisii ?), remontage des bateaux dans un port proche de l'embouchure de la seine, puis transfert des bateaux remontés au lieu d'embarquement des troupes romaines (Boulogne non ?).

Le territoire des Meldes paraît quand même être très éloigné des rivages de la Manche. Pourquoi César aurait-il choisi le territoire de ce peuple pour y construire des navires (les Meldes n'avaient sans doute aucune expérience de la navigation maritime).
N'y aurait-il pas confusion avec un autre peuple du même nom ou d'un nom voisin, situé par exemple près de la rivière Melde (Pas de Calais) ?

Oui ça m'a aussi paru bizarre un moment. Mais à priori le texte césarien est très clair.

« Ces affaires une fois réglées, César se rend à Portus Itius[2] avec ses légions. Là, il apprend que soixante navires, qui avaient été construits chez les Meldes, ont été rejetés par la tempête, et, incapables de tenir leur route, ont dû revenir à leur point de départ ; quant aux autres, il les trouve prêts à naviguer et pourvus de tout le nécessaire. La cavalerie de toute la Gaule se rassemble là, forte de quatre mille chevaux, avec les chefs de toutes les nations ; César avait résolu de n’en laisser en Gaule qu’un tout petit nombre, ceux dont il était sûr, et d’emmener les autres comme otages, parce qu’il craignait un soulèvement de la Gaule en son absence. »

Un peu plus haut, il est dit :
Cette affaire terminée, et l'assemblée close, César retourne dans la Gaule citérieure et part de là pour l'armée. (2) Quand il y est arrivé, il en visite tous les quartiers, et trouve que l'activité singulière des soldats était parvenue, malgré l'extrême pénurie de toutes choses, à construire environ six cents navires de la forme décrite plus haut, et vingt-huit galères, le tout prêt à être mis en mer sous peu de jours. (3) Après avoir donné des éloges aux soldats et à ceux qui avaient dirigé l'ouvrage, il les instruit de ses intentions et leur ordonne de se rendre tous au port Itius, d'où il savait que le trajet en Bretagne est très commode, la distance de cette île au continent n'étant que de trente mille pas. Il leur laisse le nombre de soldats qu'il juge suffisant

et encore au dessus :
Sous le consulat de Lucius Domitius et d'Appius Claudius, César, quittant les quartiers d'hiver pour aller en Italie, comme il avait coutume de le faire chaque année, ordonne aux lieutenants qu'il laissait à la tête des légions de construire, pendant l'hiver, le plus de vaisseaux qu'il serait possible, et de réparer les anciens. (2) Il en détermine la grandeur et la forme. Pour qu'on puisse plus promptement les charger et les mettre à sec, il les fait moins hauts que ceux dont nous nous servons sur notre mer ; il avait en effet observé que les mouvements fréquents du flux et du reflux rendaient les vagues de l'Océan moins élevées ; il les commande, à cause des bagages et du nombre des chevaux qu'ils devaient transporter, un peu plus larges que ceux dont on fait usage sur les autres mers. (3) Il veut qu'on les fasse tous à voiles et à rames, ce que leur peu de hauteur devait rendre très facile. (4) Tout ce qui est nécessaire pour l'armement de ces vaisseaux, il le fait venir de l'Espagne. (5) Lui-même, après avoir tenu l'assemblée de la Gaule citérieure, part pour l'Illyrie,

Bilan, César commande près de 650 navires devant être livrés en moins de 6 mois et sur des plans imposés, sur ces 650, 60 sont censé être construit chez les Meldes.
César prétend que ce sont les soldats romains qui construisent les navires et non les constructeurs locaux (une assistance de ces derniers me paraît quand même probable).
Vu la quantité de navires demandés, les Meldes ne sont pas le seul "fournisseur", tous les peuples disposant d'un chantier naval (ou fluvial), de charpentiers spécialisés, d'un accès à la Manche et d'une garnison romaine pour l'hiver sont susceptibles d'avoir fourni des bateaux. Il était nécessaire d'étaler au maximum les sites de construction (et/où de mise en forme des pièces), d'abords pour être sûr de finir dans les temps, et ensuite pour permettre à la matière première d'être disponible. 600 bateaux ça fait beaucoup de bois. donc plusieurs forêts ont dû être sollicitées et apparemment jusque dans l'intérieur des terres.


Peut-être qu'effectivement le terme "Melde" utilisé ici désigne un pagus des Morins, mais outre que le volume et les délais de construction réclament un étalement des sites de travail dans l'espace, l'épisode de la tempête implique un minimum de navigation en mer avant d'arriver à Portius Itius depuis le site de construction.

Merci pour vos réponses très instructives
C'est vrai que la distance me semblait aussi importante pour avoir fait construire des navires chez un peuple aussi éloigné de l' océan, mais les Meldes avaient peut être déjà une expérience de la navigation en effet la marne reliée à la seine sont navigables ils commerçaient peut être avec les bretons.
Une autre raison pourrait être l'importance de la foret sur le pagus Meldensis, la Sylva Brigensis qui recouvrait une grande partie de leur territoire d'après ce que j'ai lu.