Alain.g a écrit :
Pédro: c'est la réflexion sur le thème qui est intéressante, pas le fait qu'elle émane de Guizot.
Guizot ajoute au sens de la liberté individuelle des germains, leur attirance pour la force, parce que la force des germains s'oppose au respect du droit des romains, qui emploient aussi la force bien entendu. La force caractérise bien les germains. 1500 ans après c'était encore vrai. Guizot a certainement pensé à Clovis et à son "souviens toi du vase de Soissons": un soldat tient tête à son roi, le butin est à lui (individualisme), et Clovis lui répond par la force brutale du roi.
Oui mais c'est oublier deux choses ; premièrement les Germains avaient un droit coutumier et ce n'était pas le règne de la violence comme on l'a longtemps cru. Deuxièmement, les barbares ont également rédigé de nouvelles législations en se faisant les successeurs du droit romain. Alors le règne de la violence, fondé sur l'épisode du vase... Et puis si vous voulez des actes violents exercés par des chefs de guerre romain lisez dans Ammien comment le père de Théodose conserva la discipline dans ses troupes ; Soisson semble un monument d'humanité. Or si cela est fait c'est parce que le droit l'autorise, qu'il soit romain au barbare.
Alain.g a écrit :
A mon avis si Rome continue par les institutions, l'évolution de la France vers la féodalité puis la chevalerie sont typiquement d'origine germaine. De même, le déplacement de la Cour.
Entièrement d'accord ; la féodalité est fondée sur le système du don et contre-don, tombé en désuétude depuis l'érection d'un Etat dans le monde romain, c'est à dire longtemps en arrière.
Alain.g a écrit :
La noblesse est donc d'origine germaine, sans parler des hommes, vieux débat intense au 19è siècle comme on sait.
Une question apparait: 1789 n'est-il pas un retour à Rome ? C'est ce que pensaient les révolutionnaires. La révolution nous aurait donc éloigné des germains et rapproché de Rome ?
La royauté absolue l'avait déjà fait depuis longtemps dans un autre cadre. La Révolution n'apportera qu'un verni "à l'antique" mais depuis Louis XIV la croissance de l'Etat, la raison d'Etat, l'administration directe des provinces avec les grands intendants, la réduction de la puissance des aristocrates... tout concourait à rapprocher, dans des structures très différentes, les réalités du pouvoir dans la Rome impériale et la France monarchique. Fustel de Coulange le montrait très bien dans la cité antique quand il disait que toutes sociétés dans ses origines sont très similaires mais que dès qu'elles s'élargissent et se complexifient, leurs apparences divergent profondément... même s'il existe toujours des cadres qui les rendent similaires.
Alain.g a écrit :
Une autre suggestion: est-ce que la division de l'Allemagne en de nombreux Etats souverains n'est pas d'origine germaine ? Les romains cherchaient à unifier.
Oui et non ; la fragmentation féodale est d'origine germanique mais elle atteste en France et en Allemagne de situations contrastée. En France c'est la faillite carolingienne qui précipite l'éclatement politique au niveau local puisque les grands n'ont plus les moyens de conserver leur puissance. Il y a de toute façon une lutte entre aristocratie et pouvoir central qui amène soit à une centralisation soit à un émiettement du pouvoir. En Germanie cela ne se produisit pas avec la renaissance ottonienne... mais ce sont tant les aristocraties ravigotées que les libertés communales qui provoquèrent la fragmentation politique dans le St Empire. Le pouvoir de l'empereur ne cessa de s'y opposer avec plus ou moins de réussite en fonction des époque, quand dans le même temps, en France, sauf lors de grave crise (guerre de cent ans, guerres de religions, fronde..) la puissance centrale ne cessa de se renforcer.