Parmi tous les volumes d'histoire qu'a publié Diodore de Sicile, lesquels vous semblent les + intéressants ?

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"L'histoire me sera favorable car j'ai l'intention de l'écrire". Winston Churchill.

Tout dépends de tes goûts.
Les premiers livres sont essentiellement mythologique, enfin la mythologie revue à la sauce alexandrine, c'est à dire "historicisée". Les livres I, II et III s'intéressent aux peuples barbares, avec une lecture mythologique de l'histoire de ces peuples. Les livres IV et V suivent le même raisonnement, cette fois-ci pour les peuples grecs.

Les livres suivant sont à teneur historique et suivent un ordre chronologique, donc laisse-toi guider par tes envies.
De XI à XV, il rapporte les évènements depuis l'invasion de Xerxès jusqu'au règne de Philippe, offrant une lecture souvent complémentaire aux auteurs "classiques" que sont Hérodote, Thucydide et Xénophon. En particulier, il traite des évènements entre 479 et 431, à peine survolés par Thucydide.
Le livre XVI est centré sur le règne de Philippe II (sans négliger pour autant le reste du monde, surtout la Sicile), et reste la source la plus complète sur cette période confuse, offrant un tableau général complémentaire aux discours des Démosthène, Eschine et compagnie.
Le livre XVII, incomplet et néanmoins de loin le plus long de ceux conservés, est consacré exclusivement à Alexandre (sans les évènements siciliens, dommage). Ce n'est pas le meilleurs sur le sujet, mais il reste très intéressant.
Les livres XVIII-XX décrivent surtout les premières luttes des diadoques, et l'aventure d'Agathocle en Sicile. Il est pour ainsi dire le seul (avec l'abrégé de Justin) à nous narrer ces évènements de manière aussi suivi et complète, ce qui rend ces livres particulièrement précieux à mes yeux.

Et j'encourage également à prendre connaissance des fragments des livres (la bibliothèque se composait originellement de 40 livres, dont seuls 15 nous sont parvenus à peu près entiers), embrassant des pans entiers d'histoire peu ou pas traités (le IIIe en particulier, et bien entendu l'histoire de la Sicile), mais offre aussi un regard grec sur les évènements de l'antiquité latine (les guerres puniques, les guerres serviles, les guerres civiles, etc.).
Il a longtemps souffert d'un certain mépris. Il est vrai qu'il est très naïf, pas toujours très clair ni très rigoureux, mais il a énormément lu, énormément travaillé et offre souvent un regard original (pas forcément le sien, certes). Pour ma part, sa simplicité me charme, sa naïveté m'amuse, et je lui suis très gré d'avoir comblé autant de "trous"; notre dette à son égard est immense, surtout pour l'époque hellénistique. Même si sa lecture est toujours délicate, du fait de la complexité de la "Quellenforschung" qui préside à ses écrits. Tu m'auras compris, il s'agit sans doute d'un de mes auteurs favoris, celui que j'ai le plus lu de par la variété des sujets qu'il traite. Il ne se passe pas deux semaines sans que j'ai l'un ou l'autre de ses volumes entre les mains. Je ne peux qu'en encourager la lecture, surtout qu'il est actuellement très facilement accessible sur le net via l'édition intégrale d'Hoeffner en français (1851) ou celle de la Loeb en anglais.
L'édition Budé, incomplète, est évidemment formidable, mais euh... comment dire... dispendieuse.

Un auteur à découvrir.

Entièrement d'accord avec Thersite ! Diodore est un auteur absolument essentiel et malgré l'aspect fragmentaire de la majeure partie de son oeuvre, son regard reste l'un des plus originaux qui nous soient parvenus. Pour ma part, je le range sans hésiter aux côtés d'Appien qui a également longtemps souffert d'une sorte de discrimination absurde - et le dit "Moyen-Âge" ne s'y était pas trompé en en faisant l'un des auteurs les plus lus et les plus étudiés ! Leur originalité m'a toujours été d'une grande aide pour l'étude de l'histoire romaine (puisque c'est mon domaine de prédilection ) : Diodore est particulièrement intéressant - une fois les problèmes chronologiques résolus, bien sûr - pour la période qui couvre la seconde moitié du IIIème siècle av. J.-C. dans la mesure où il sélectionne ce qui lui paraît essentiel dans l'histoire italienne puisque son sujet d'alors porte essentiellement sur les guerres entre Grecs et Carthaginois - puis Alexandre le Grand - ; son témoignage est donc particulièrement fort lorsqu'on le confronte à celui de Tite-Live (mon sujet de M1 ). Son originalité tient sans doute au fait qu'il tente d'adopter un regard global, ou du moins globalisant, sur le monde méditerranéen : même si le terme est anachronique et ne convient qu'imparfaitement à cet auteur, j'aime à croire que son témoignage est l'une des premières ébauches d'une vision géopolitique du monde dans lequel il vivait. En tout cas, c'est un auteur que j'aime particulièrement, même si sa plume - très altérée par la Quellenforschung, il est vrai - n'est pas celle d'un Appien ou d'un Denys d'Halicarnasse (que j'apprécie également). Je travaille actuellement sur les fragments des livres XXXVII et XXXVIII-XXXIX (réunis en un seul ensemble par LCL), en rapport avec la Guerre Sociale et la première guerre civile et son témoignage est sans doute l'un des plus essentiels pour avoir une vision nette de l'organisation des fédérés italiques !
J'en recommande la lecture, malgré l'aspect fragmentaire on s'y fait vite - ce n'est pas aussi "horrible" que d'essayer de suivre le livre XXI

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Il n'y a pas de littérature sans liberté politique

Memoriam quoque ipsam cum voce perdidissemus, si tam in nostra potestate esset oblivisci quam tacere

Bonjour

Est ce qu'il existe des versions commentées par des historiens contemporains ?

Les éditions PUF (les fameux "Budés") fournissent d'abondantes notes très précieuses et d'excellentes introductions, de plus en plus soignées au fur et à mesure que l'édition est récente. Leur prix suit la même évolution...

Sinon, selon le livre traité, on trouve des éditions commentées particulière ; le fait que les livres soient autonomes facilite ce découpage. Par exemple Burton A., Diodorus Siculus, Book I. A Commentary, Brill, 1972; Stylianou P.J., A Historical Commentary on Diodorus Siculus, Book 15, Clarendon Press, 1998. Etc. Les Allemands et les Italiens aussi ont produits des commentaires récents que je n'ai jamais eu l'occasion de consulter. Je ne peux pas te donner plus de référence, mes Budés sont en carton, je déménage dans le mois...
La plupart de ces bouquins sont hors de prix, à l'exception des Italiens, qui font de très très gros efforts éditoriaux pour rendre l'antiquité accessible.

Il faut aussi y associer les historiens qui ne traitent pas exclusivement de Diodore mais présentent l'intérêt de le comparer avec d'autres auteurs antiques : il s'agit souvent de Tite-Live et de Denys d'Halicarnasse quand il s'agit de l'histoire romaine. Je vais essayer de retrouver les références que j'avais listées sur la question (par contre, ce sera très bref pour l'histoire grecque, désolé ), mais il y a déjà D. Briquel dans son livre sur une réinterprétation du mythique incendie de Rome en 390 av. J.-C., il s'appuie pas mal sur Diodore. Je mets en ligne ce que j'ai dès que j'en aurai le temps

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Il n'y a pas de littérature sans liberté politique

Memoriam quoque ipsam cum voce perdidissemus, si tam in nostra potestate esset oblivisci quam tacere

Voilà quelques ouvrages traitant de divers aspects de l'oeuvre de Diodore :
- CASSOLA F., "Diodoro e la storia romana", ANRW 1982.
- CASEVITZ M., "Remarques sur le vocabulaire politique et militaire dans l'histoire romaine des Vè et IVè siècles chez Diodore de Sicile", in CAIRE E. & PITTIA S. (éd.), Guerre et diplomatie romaines (IVè-IIIè siècles av. J.-C.). Pour un réexamen des sources, 2006.
- DE SENSI SESTITO G., "La storia italiota in Diodoro, Considerazione sulle fonti per i libri VII-XII", CS 25, 1988.
- PALM J., Über Sprache und Stil des Diodoros von Sizilien, 1955.
- PERL G., Kritische Untersuchungen zu Diodors römische Jahrzahlung, 1957.
- PEROTTI P. A., "De Romanorum magistratuum nominibus apud Diodorum", Latinitas 32, 1984.
- RUSCHENBUSCH E., "Die Sprache der Vorlagen Diodors für die römische Geschichte", Historia 1997.
Il en manque beaucoup mais sur l'histoire romaine vue par Diodore ce sont de bonnes références (parmi d'autres) : on peut trouver cette biblio dans l'article de Casevitz (facilement accessible).

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Memoriam quoque ipsam cum voce perdidissemus, si tam in nostra potestate esset oblivisci quam tacere