Tout dépends de tes goûts. Les premiers livres sont essentiellement mythologique, enfin la mythologie revue à la sauce alexandrine, c'est à dire "historicisée". Les livres I, II et III s'intéressent aux peuples barbares, avec une lecture mythologique de l'histoire de ces peuples. Les livres IV et V suivent le même raisonnement, cette fois-ci pour les peuples grecs.
Les livres suivant sont à teneur historique et suivent un ordre chronologique, donc laisse-toi guider par tes envies. De XI à XV, il rapporte les évènements depuis l'invasion de Xerxès jusqu'au règne de Philippe, offrant une lecture souvent complémentaire aux auteurs "classiques" que sont Hérodote, Thucydide et Xénophon. En particulier, il traite des évènements entre 479 et 431, à peine survolés par Thucydide. Le livre XVI est centré sur le règne de Philippe II (sans négliger pour autant le reste du monde, surtout la Sicile), et reste la source la plus complète sur cette période confuse, offrant un tableau général complémentaire aux discours des Démosthène, Eschine et compagnie. Le livre XVII, incomplet et néanmoins de loin le plus long de ceux conservés, est consacré exclusivement à Alexandre (sans les évènements siciliens, dommage). Ce n'est pas le meilleurs sur le sujet, mais il reste très intéressant. Les livres XVIII-XX décrivent surtout les premières luttes des diadoques, et l'aventure d'Agathocle en Sicile. Il est pour ainsi dire le seul (avec l'abrégé de Justin) à nous narrer ces évènements de manière aussi suivi et complète, ce qui rend ces livres particulièrement précieux à mes yeux.
Et j'encourage également à prendre connaissance des fragments des livres (la bibliothèque se composait originellement de 40 livres, dont seuls 15 nous sont parvenus à peu près entiers), embrassant des pans entiers d'histoire peu ou pas traités (le IIIe en particulier, et bien entendu l'histoire de la Sicile), mais offre aussi un regard grec sur les évènements de l'antiquité latine (les guerres puniques, les guerres serviles, les guerres civiles, etc.). Il a longtemps souffert d'un certain mépris. Il est vrai qu'il est très naïf, pas toujours très clair ni très rigoureux, mais il a énormément lu, énormément travaillé et offre souvent un regard original (pas forcément le sien, certes). Pour ma part, sa simplicité me charme, sa naïveté m'amuse, et je lui suis très gré d'avoir comblé autant de "trous"; notre dette à son égard est immense, surtout pour l'époque hellénistique. Même si sa lecture est toujours délicate, du fait de la complexité de la "Quellenforschung" qui préside à ses écrits. Tu m'auras compris, il s'agit sans doute d'un de mes auteurs favoris, celui que j'ai le plus lu de par la variété des sujets qu'il traite. Il ne se passe pas deux semaines sans que j'ai l'un ou l'autre de ses volumes entre les mains. Je ne peux qu'en encourager la lecture, surtout qu'il est actuellement très facilement accessible sur le net via l'édition intégrale d'Hoeffner en français (1851) ou celle de la Loeb en anglais. L'édition Budé, incomplète, est évidemment formidable, mais euh... comment dire... dispendieuse.
Un auteur à découvrir.
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