Thersite a écrit :
Très intéressant. Donc l'émigration des Boïens d'Italie au IIe correspondrait à une "retour au pays", ils ne partent pas à l'inconnu mais auprès des "cousins" susceptibles de les accueillir.
Mais si j'ai bien compris, les installations italiennes et bohémiennes sont contemporaines. Dans ce cas, qu'est-ce qui autorise une origine bohémienne des Boïens italiens, et non l'installation simultanée de deux branches d'un même peuple sur de nouveaux territoires ?
Je n’ai pas été suffisamment précis. Ce sont les caractéristiques des nécropoles de Bohême du Vème siècle que l’on retrouve au IVème siècle dans les territoires des Boïens en Italie. Les cimetières à inhumations en tombes plates apparaissent à partir du 2ème tiers du IVème siècle en Bohême. L’hypothèse de l’origine bohémienne des Boïens a donc une cohérence chronologique.
Au IIème siècle, on pourrait donc effectivement parler d’un « retour au pays ».
Thersite a écrit :
A-t-on une idée de ce qui a poussé les Champenois à partir sur les routes, de manière massive puisqu'il est question d'un "brutal fléchissement démographique", ce qui laisse entendre que personne ne les a remplacé (destructions synonymes de guerres ? surdensité ? bouleversement climatique via l'étude des pollens ? voire épidémies avec la paléopathologie ?)
J'avais déjà donné dans un précédent sujet les différentes raisons envisagées :
« La plus importante et assez bien avérée est la surpopulation des régions originaires de cette migration.
Cette raison, citée notamment par Tite-Live (Hist.5.34) et Trogue Pompée, est confirmée par l’appauvrissement des régions de la Marne et de la Bohême (B. Cunliffe et V.Kruta) à la même époque.
La surpopulation conduit donc des populations à rechercher des territoires plus riches et moins densément peuplés.
Elle peut aussi conduire certaines élites guerrières à transformer les raids, qui apportaient aux chefs richesse et honneur, en nécessité économique.
La deuxième raison citée par les auteurs anciens, Pline (Nat . Hist. 12.2.5), est l’attrait qu’exerçaient sur eux les produits méridionaux.
Cette raison paraît plausible, car des raids et des contacts commerciaux sont attestés entre cette région et les régions plus au Nord auparavant.
D’autres raisons peuvent être envisagées :
- V. Kruta imagine que ces immigrations auraient pu être suscitées ou au moins encouragées par une des forces en présence de l’échiquier politique péninsulaire.
- B. Cunliffe imagine que des installations de Celtes pourraient être dues à des recrutements de mercenaires au-delà des Alpes. Ces mercenaires, assez nombreux auraient conservé leur langue et leurs traditions.
- Les migrations de type ver sacrum. »
La raison climatique peut être également prise en compte puisqu’on note une baisse continue des températures de -1100 à -250.
Par ailleurs, on ne trouve pas de données archéologiques permettant de supposer une influence guerrière.
Quant au repeuplement de la Champagne, il se serait fait progressivement par de petits groupes, venus probablement en partie du plateau suisse.
Autre source : Celtes – Belges, Boïens, Rèmes, Volques (Mariemont – 2006)