Je suis effaré par l'absence de référence(s) dans ce débat aux innombrables travaux universitaires existants. A commencer par ceux du linguiste dumézilien Christian-J. Guyonvarc'h (
Les druides, éd. Ouest-France, et plein d'autres titres chez le même éditeur, chez Payot, chez Armeline), et par l'archéologue Jean-Louis Brunaux (
Les druides, au Seuil). Avec l'éternel dialogue de sourds entre le linguiste qui travaille sur la longue durée et ses traces mémorielles, et l'archéologue qui toujours veut s'en tenir à ce qu'il trouve dans le sol, refuse d'interpréter les monnaies, etc. Ce en quoi il a peut-etre raison, cela lui évite des approximations (je pense à Jean-Jacques Hatt, grand archéologue qui avait grosso modo interprété la religion celtique par les monnaies, et les monnaies elles-mêmes par leurs modèles romains ou grecs !). Pour Brunaux, si César ne parle guère des druides, c'est que ceux-ci avaient quasi disparu du paysage celtique continental à la suite de l'effondrement du système aristocratique celtique. Il reproche à Guyonvarc'h d'expliquer les druides par des textes irlandais tardifs. Bref de transposer ce qu'il est vraisemblablement légitime de dire à propos du druidisme insulaire, mais qui devient chronologiquement erroné sur le continent. Enfin, voilà ce que j'ai cru comprendre de ces deux livres, solidement étayés, contradictoires et complémentaires.
Sinon, oui bien sur, il y a davantage d'écart dans le temps entre les premiers mégalithes et l'age des druides qu'entre les druides et nous. Mais les archéologues avèrent que les Celtes ont non seulement respecté (plus que nous) ces vieilles pierres, mais les ont incorporées à leur profit. D'autant que les Celtes nr sont qu'une couche d'envahisseurs de plus qui n'ont pas chamboulé le paysage humain : ceux qui se disent "gaulois", ou que les gars des banlieues traitent de "gaulois", sont avant tout des Néolithiques, métissés de gaulois, de romains, de germains, etc. Nous descendons des bâtisseurs de Carnac !
Les gens, farfelus ou estimables, qui se disent druides, n'ont pas plus de filiation avec les druides que les maçons avec les batisseurs de cathédrales... voire de pyramides. Les restaurateurs du druidisme moderne étaient des maçons, et du reste en Bretagne le dernier grand archidruide de quelque envergure intellectuelle, le docteur Gwenc'hlan Le Scouezec, a ouvertement cherché à renouer les liens entre néo-druidisme et franc-maçonnerie - au grand dam de beaucoup de folklos !
P.S. A ceux qui répètent à tous bouts de champs qu'on a peu de sources anciennes sur les Celtes et les Gaulois, je rappelle que feu Paul-Marie Duval a fait paraitre chez Picard deux gros volumes de Sources de l'histoire de la Gaule (Gaulois et Gallo-romains)...