Il me paraît intéressant de donner ici le contenu
in extenso de la note 1 du Vol. IV p. 62, de
Histoire de la divination dans l'Antiquité de A. Bouché-Leclercq :
Citer :
Les Anciens n'ont pas douté que le mot aruspex ou haruspex (Cf. hariolus) ne fût bien un mot latin, et ils le dérivaient toujours de termes ayant rapport à ce qu'ils considéraient comme la fonction propre des haruspices. Pour eux, haruspex signifie soit «inspecteur de l'autel (ara, Cf. Βωμοσκόποι)», soit «inspecteur de la victime (arviga, harviga, haruga= victima)». Cette dernière opinion est celle de Varron (L.l. V, 98), de Verrius Flaccus (PAUL., s.v. Harviga, p. 100) et de Donat (ad Terent., Phorm., IV, 4, 28) : l'autre étymologie a été recueillie par Isidore (Origg, VIII, 9). Au Moyen-âge, les haruspices sont assimilés aux astrologues ou «horoscopes» (ISID., ibid. lo. SARESBER, Polycrat., I, 12), parce que l'astrologie est à la mode, et aussi parce que le mot grec ἱεροσσκόποι, synonyme d'haruspices, se transforme aisément, sous la plume des copistes, en ὡροσσκόποι. Les modernes, une fois la monomanie des étymologies sémitiques passée, s'en tiennent à l'opinion de Varron (O. Müller, Etrusker, II², p. 12) ou remplacent harviga par hira = boyau ; dérivation d'autant plus plausible que, dans le latin classique, le sens propre du mot haruspex est «inspecteur d'entrailles». Cicéron, distribuant en spécialités distinctes les méthodes qu'il sait être familières aux devins toscans, dit : haruspices et fulguratores et interpretes ostentorum Cic., Divin.II, 53). On ignore quel était le mot étrusque dont haruspex est la traduction. W. Deeke (Etrusker, II², p.12) remarque que le terme nestvis paraît correspondre à haruspex dans l'inscription bilingue de Pisaurum. L'orthographe du mot n'est pas constante. On trouve dans les inscriptions, outre haruspex, harispex, (ORELL., 2298), aruspex (ibid, 2299), arispexi (ibid., 2294, 2302. Bullett. Instit., 1873, p.91), arespex (ORELL., 2296), arrespex (ibid., 2297). L'aspiration paraît plus conforme à la dérivation probable. Je croirais assez, pour ma part, que l'aspiration reproduit la prononciation toscane du mot latin . Cet Arrius, dont se moque Catulle (Carm., LXXXIV) n'était sans doute pas seul dans son pays à dire chommoda pour commoda et hinsidius pour insidius, car les Toscans d'aujourd'hui aspirent le c dur de la même manière. Haruspices serait donc le nom que se donnaient eux-mêmes les devins de l'Étrurie quand ils parlaient latin.
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«Κρέσσον πάντα θαρσέοντα ἥμισυ τῶν δεινῶν πάσκειν μᾶλλον ἢ πᾶν χρῆμα προδειμαίνοντα μηδαμὰ μηδὲν ποιέειν»
Xerxès,
in Hérodote,
L'Empereur n'avait pas à redouter qu'on ignorât qu'il régnait, il tenait plus encore à ce qu'on sût qu'il gouvernait[...].
Émile Ollivier, l'
Empire libéral.