CEN_EMB a écrit :
Ce qui me gêne, c'est que les Gaulois, sans aucune organisation politique et très divisés, dans une confédération très lâche
"Sans aucune organisation politique" est très exagéré. Au moment dont nous parlons, la confédération existe, et elle est assez solide pour que 42 cités gauloises se plient aux décisions que prend le « conseil fédéral » (l’assemblée de tous les chefs de la Gaule selon la terminologie de César).
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qui compte au plus huit à dix millions d'habitants
Ou beaucoup plus.
L’archéologie est seulement en train de se rendre compte combien la Gaule était défrichée et densément peuplée de fermes.
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arrivent à mettre en ligne en un seul endroit, dans l'urgence, une armée d'un volume qu'il faudra attendre les nations industrielles bien plus peuplées et organisées du XIXe siècle pour retrouver. Cela défie toute comparaison, et s'oppose à toute logique.
Dans quelle urgence ? C'est la question.
César donne une indication du temps dont disposaient les Gaulois pour mener à bien ce recrutement : VII,71 : "
il [Vercingétorix] n'a de compte fait, de vivres que pour trente jours au plus ; mais il pourra, en les ménageant, tenir un peu plus longtemps.. Donc je dirais, comme J-L Brunaux, qu’ils disposaient de 30 à 40 jours pour faire un tel recrutement.
Ce délai est insuffisant pour lever tant de soldats dans toute la Gaule si on suppose que les cavaliers de Vercingétorix ont d’abord dû se rendre à Bibracte pour y attendre la décision de l’assemblée des chefs, avant de porter l’ordre dans leur cité. Brunaux estime que le délai nécessaire était de 50 jours au minimum. Il ne conteste pas le chiffre de 240 000 soldats.
Une autre hypothèse est possible, et plausible : Brunaux suppose que la décision de la levée cette armée avait été prise avant même le siège d’Alésia, quand Vercingétorix envisageait encore de mener une « guerre totale ».
Pour évaluer le temps de parcours des contingents gaulois de secours, je risque une comparaison avec ce qu’on sait de l’armée romaine. L'étape journalière de la légion en marche (infanterie lourde) était de 15km / 5 heures quand les conditions étaient bonnes ; elle pouvait être doublée en cas d'urgence. J'en infère que les contingents gaulois les plus éloignés de la Bourgogne faisaient le trajet en 15-20 jours. Les préparatifs ne devaient pas être bien longs (on peut supposer que les combattants gaulois étaient équipés à la manière des soldats suisses : armes et paquetage tenus prêts en permanence), et pouvaient donc se mettre en route immédiatement, sur des itinéraires connus, sûrs, guidés, jalonnés de postes de ravitaillement.
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Louis XIV, monarque absolu d'un royaume de 27 millions d'âmes doté d'une organisation militaire centralisée et élaborée, n'atteindra jamais que 420 000 soldats EN TOUT, de Bayonne à Dunkerque en passant par les Alpes, Neuf-Brisach et Mézières, et en incluant les forces stationnées à l'intérieur, et guère plus de 120 000 en un seul endroit.
C’est peut-être qu’il n’en avait pas besoin de plus ; le matériel et les tactiques modernes, "ça le faisait".
Je ne crois pas que la comparaison avec une armée des temps modernes soit pertinente. Si on veut essayer de comparer les armées de Vercingétorix et de Louis XIV, il faut au moins ajouter à vos 120 000 hommes concentrés en un point sous Louis XIV, l'équivalent-hommes que valent les mousquets, l’artillerie etc.
Le « challenge » des Gaulois autour d’Alésia n’était pas de libérer un Neuf-Brisach ou un Bayonne avec de la poudre, des boulets et travaux de sape. Le seul moyen militaire qu’il avaient, c’était le muscle : avoir la masse d’hommes suffisante pour vaincre les Romains retranchés et disposant d’une artillerie à corde ; tel était leur "challenge".
La question à laquelle il faut répondre est donc : combien d'hommes faut-il engager dans l’assaut pour venir à bout des 12 légions romaines (50 000 hommes) solidement retranchés et équipés de machines ? Si le rapport numériques nécessaire pour emporter la décision dans ces conditions est de 5 contre 1, alors il faut effectivement avoir 250 000 assaillants.
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Par ailleurs, mes compétences en logistique me permettent d'affirmer qu'il est impossible, à cette époque, de soutenir une armée aussi nombreuse, et de très loin. Les soldats qui la composent ont dû commencer à mourir de faim au bout de quelques jours
C'est oublier qu'ils avaient derrière eux toute la Gaule pour les nourrir, que les Romains aussi était affamés, et que quelques jours suffiraient à la masse pour submerger les légionnaires.
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sans parler de l'épreuve épidémique suscitée par la concentration de telles masses sur un espace aussi étroit.
Pourquoi voulez vous qu'une épidémie éclate précisément pendant la courte période qu'il faudrait à aux 250 000 pour pour régler leur compte aux 50 000 d'en face ?
Et les 50 000 Romains ? Ils n'était pas un peu entassés dans leurs camps ?
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Aucun pays ne le peut et d'ailleurs je n'ai pas souvenir que les sources antiques mentionnent des chiffres aussi élevés ailleurs - ce qui suffit à mon avis à les disqualifier, s'il fallait rajouter une autre raison.
Ben... selon "wikipédia-qui-sait-tout", il y a déjà eu Marathon : 200 000 fantassins perses pour Cornélius Népos, 300 000 selon Plutarque et Pausanias, 500 000 selon Platon, 600 000 selon Justin...
César, au moins, crédibilise son récit en précisant la provenance des différents contingents.
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Ergo, César exagère. Très largement. Pour ce que j'en sais, l'armée de secours peut n'avoir compter qu'une trentaine de milliers d'hommes, c'est toujours plus probable que les 340 000 de César.
240 mille selon César ; pas 340.
Selon toi seulement 30 000 ? Contre 12 légions solidement retranchées ?
Aucune chance.