Caesar Scipio a écrit :
Militairement, Carthage n'avait aucune chance. Les traités, dont le respect était scrupuleusement surveillé par les romains, l'empêchaient d'avoir une politique étrangère indépendante ainsi qu'une armée et une flotte dignes de ce nom. Elle avait même été défaite par les numides. Il a fallu d'autres raisons à Rome qu'une réelle menace punique.
Evidemment, dans les mémoires populaires, il restait le traumatisme de la 2ème guerre punique. Mais les sénateurs romains qui n'étaient pas des imbéciles savaient parfaitement quel était le rapport de forces réel avec Carthage.
Je pense que si comme Thucydide on se penchait sur la cause la plus vraie de la 3ème guerre punique, on retiendrait :
- la logique de conquête face à une proie tentante et facile. En effet, on est en pleine époque des viri triomphales. Les hommes politiques de 1er plan cherchent la guerre extérieure facile pour accumuler du butin et de la gloire.
- la convoitise des milieux d'affaires romains face à une terre très riche sur les plans agricole et commercial.
Certes, Carthage n'était plus en mesure d'inquiéter Rome sur le plan militaire après Zama malgré une insolente prospérité et la constitution d’un port de guerre en cette première moitié du IIe s. ; mais le risque de la constitution d’un ensemble numido-punique, par association (existence d'un parti numide à Carthage) ou par annexion, joint aux rapports étroits qu’entretenaient le royaume numide avec l’hellénisme culturel et politique constituaient un socle politique et militaire potentiellement dangereux pour la puissance romaine. En appelant à la destruction de Carthage, n’était ce pas ce danger que le courant sénatorial incarné par Caton espérait écarter ?