Pour revenir sur le thème de la nudité des Celtes, si le cas des Celtes d’Europe est ici plusieurs fois abordé, les représentations des Galates d'Asie Mineure dans la statuaire hellénistique n’a pas encore été mentionné.
Or de mémoire, toutes les représentations qui me viennent à l’esprit présentent des guerriers nus comme des vers (avec une petite torque pour les reconnaître…).
Sont-elles pour autant le reflet de la réalité ?
D’un côté, le climat est bien différent de la Gaule, des îles Britanniques ou autres. Et combattre en pleine canicule estivale du côté d'Ankara ou d'Izmir avec de lourds vêtements de laine ne doit pas être très agréable, je peux comprendre leur tentation à se dévêtir avant d’aller s’agiter au combat. Après tout, sous ces mêmes latitudes, nous trouvons des précédents : les Baléares se promenaient en tenue d’Adam tous les mois d’été paraît-il, et plus proche encore, les Grecs des hautes époques aimaient à combattre nus, de même qu’ils se désape dès qu’ils leur faut transpirer un peu au gymnase. Bref, quel confort ! Sans pour autant y voir une signification religieuse, ou tout le moins, en la relativisant vu le contexte climatique.
Mais d’un autre côté, toutes ces représentations sont celles d’artistes, d’artistes grecs qui plus est, bien plus intéressés par la recherche de la beauté que de la vérité (cf. les portraits), et en particulier fascinés par la beauté du corps masculin. Une bonne opportunité de montrer ses talents au monde ! Mais surtout, j’y vois un parallélisme évident avec les Gigantomachies. Le thème est identique : la lutte de la civilisation contre la sauvagerie, de l’hellénisme contre la barbarie. Zeus cède la place à Attale, le dieu grec devient hoplite, et le Géant nu vaincu devient un Galate vaincu, ô hasard, nu lui aussi ! Le tout pour la plus grande gloire du roi de Pergame.
Au final, je suis pas plus avancé. Je serais tenté de me montrer indulgent sur une certaine généralisation du guerrier galate nu, surtout dans la première génération fraîchement débarquée d’Europe, dont les vêtements (et les traditions tisserandes) n’étaient peut-être pas encore très très bien adaptés au climat méditerranéen, et les populations elles-mêmes n’étaient pas encore acclimatées. Mais de l’autre, je n’ai pas beaucoup de confiance en ces représentations bien plus symboliques qu’ethnologiques, et visiblement, la discrétion des textes pour les périodes suivantes m’incite à penser qu’assez vite, la mode du nudisme chez les Galates s’est effacée.
Une demi-page pour embrouiller un peu plus le sujet sans apporter de réponse !