Bonjour
deux petites précisions, sémantique et chronologique
tout d'abord francs tireurs c'est un terme qui s'applique aux corps francs et partisans en 1814-1815 et qui n'a rien à voir avec l'acceptation façon 20e siècle du terme totalement dévoyée par le prisme allemand y compris aujourd'hui jusque dans la langue française d'origine de cette dénomination
les incidents n'ont pas manqué, et sans oublier que parmi cette population "civile" pas mal d'hommes vétérans de l'Armée Française, on devine ce que peut produire les rencontres cohabitations avec les envahisseurs puis occupants des "cosaques" (terme généralisé à tous les occupants qu'elle que fut la nationalité, passé dans la langue française pour désigner un homme violent et pillard) ont même disparu ici et là
mais deuxième précision qui tempère ci-dessus, il faut opérer une nette distinction sur l'occupation de "1815-1818" entre deux périodes et emprises sur le territoire national il y'a celle de 1815 qui est une invasion à la suite d'opérations militaires suivie d'une occupation massive des deux tiers des départements Français par 1 200 000 hommes de presque toute l'Europe jusqu'à la Suisse occupante en Franche-Comté, invasion-occupation qui n'a été dépassée en ampleur ni avant ni après que par l'occupation de novembre 1942 puis celle dite "de garantie" de 1816-1818 à l'issue du second traité de Paris du 20 novembre 1815 plus pacifiée et limitée à seulement quelques sept départements frontaliers du Nord et de l'Est des Flandres à l'Alsace autour de nos grandes Places Fortes à la Vauban là encore même si des incidents subsistent, on parle d'une occupation beaucoup plus réduite dans le cadre de la France de la Restauration et de nos soi-disants "bons Alliés" qui ne sont plus représentés que par les 4 Grandes puissances victorieuses (je dirais les trois plus leur grand financier de la guerre par procuration) Autriche Russie Prusse Angleterre, 4 Etats Allemands, et le Danemark traditionnel allié de la France napoléonienne invité en 1816
les revues et archives locales regorgent de détails autour de ces occupations oubliées qui tournent surtout des réquisitions pillages rixes voire viols
Des alliés aux ennemis : le rôle des forces de la Tierce Allemagne dans les occupations du territoire français (1814 et 1815-1818) https://journals.openedition.org/allemagne/472?lang=de
Armée Saxonne dans un rapport sur Tourcoing établi en mars 1817, un commissaire régional de police regrette que, bien qu’il y ait au fond peu d’incidents sérieux entre les soldats saxons et les civils, « ils se montrent très exigeants sur toutes choses
Néanmoins, les troupes saxonnes n’étaient pas sans commettre quelques « excès ». En avril 1817, un détachement saxon qui rentrait au pays, via l’arrondissement de Toul (Meurthe), commit contre les habitants des « désordres qui s’étaient à peine vus dans les moments les plus difficiles de la première invasion ». Selon un rapport du sous-préfet, « plusieurs de ces malheureux avaient le visage ensanglanté par suite des mauvais traitements qu’ils venaient d’essuyer ; une femme fuyait précipitamment de sa maison pour se soustraire à la violence des soldats, qui exigeaient du vin, des liqueurs, du café ». À Tourcoing même, à l’automne 1816, après un vif échange entre quelques Saxons éméchés et des soldats français, un Saxon tua d’un coup de sabre un dénommé Dutertre. Il fut puni d’une peine d’emprisonnement, en France jusqu’en 1818, puis en Saxe. De plus, selon les sources locales, il y avait des tensions sur le plan religieux entre des occupants luthériens et une population catholique. Parfois, le comportement des troupes saxonnes était politiquement motivé, telle est du moins l’appréciation du commissaire général de police à Cambrai, ainsi qu’il le confie le 9 mars 1817 au ministre de la Police générale, Decazes : « Si on juge par les apparences, et le langage, les Saxons sont faiblement portés pour le gouvernement. Ils affectent souvent de regretter un homme [Napoléon] qui, sans doute, se rappelle Leypsick [Leipzig] et ne les paye pas d’un regret semblable ». « Vainqueur défait », ainsi que le nomme le spécialiste d’histoire locale Olivier Podevins, le Saxon était occupant à contrecœur. Moins brutal que le Prussien, il n’en montra pas moins un penchant revanchiste entre 1815 et 1818.
Armée Bavaroise Début août 1815, en Bourgogne, plusieurs petites villes situées entre Dijon et Semur-en-Auxois furent « écrasées » par les demandes bavaroises, qui les mettaient en demeure de loger pas moins de deux ou trois régiments entiers. Selon le rapport d’un conducteur de diligence témoin des faits : « Semur est également encombré ; les soldats se livrent à toutes les horreurs possibles, ils pillent et violent partout ». À la même époque, à Bar-sur-Aube, un voyageur rapporta qu’un gros village, à peu de distance de la cité, avait été brûlé par les Bavarois et que les habitants qui avaient tenté de résister avaient été massacrés par un détachement spécialement envoyé par l’officier commandant. Selon le même témoin, un village avoisinant nommé Dieuville avait également été incendié, comme il l’avait été déjà en 1814
Armée Wurtembergeoise Mais les pires excès furent sans doute commis par les troupes wurtembergeoises, qui occupaient le nord-est de l’Alsace*, juste du côté opposé de la frontière de leur patrie.
Les Wurtembergeois terrorisaient aussi la population locale. Près de Châlons-sur-Saône, en août 1815, un conducteur de diligence les avait déjà signalés, par opposition aux troupes autrichiennes, « assez modérés » : « Les Wurtembergeois continuent leurs excès à Autun ; ils accablent de coups de bâtons les particuliers ; on cite entre autres un homme de 75 ans, qui est mort, à la suite de ceux dont il a été frappé. À Saulieu, une femme est morte, et deux autres ont été laissées sans connaissance, à la suite des brutalités de ces mêmes soldats. Ils violent partout »
Dans ces environs de Wissembourg, les rapports entre les habitants et les troupes d’occupation allemandes furent parmi les pires de tous les secteurs répartis entre les Alliés. Jusqu’en 1818, il y eut sans cesse des conflits, dégénérant souvent en rixes, autour des réquisitions de nourriture, de matériel et de moyens de transport, mais aussi autour des dommages causés aux biens, des règles douanières, des impôts sur les boissons, des droits d’usage forestiers, et enfin autour de la religion et des femmes, sans parler des insultes verbales – bien réelles ou perçues comme telles. Au printemps 1816, près de la ville de Niederbronn, il y eut de nombreux affrontements entre les douaniers français et les soldats wurtembergeois, qui passaient des marchandises en contrebande, avec la complicité souvent de quelques habitants, principalement des femmes, plus familières avec ces interlocuteurs germanophones qu’avec les fonctionnaires bourboniens qui cherchaient à remettre en route la perception des impôts. Ces tensions firent au moins un mort, fin avril 1816 En janvier 1818, dans la commune voisine de Niederroeden, une vingtaine de soldats wurtembergeois quittèrent leur cantonnement de Seltz et marchèrent sur le village, entraînant derrière eux une centaine d’autres, stationnés aux alentours. Ils encerclèrent l’église et firent tant de bruit que les fidèles durent venir dehors les affronter. Ils les attaquèrent alors à coup d’épée, provoquant une mêlée où l’on releva au moins une femme et six hommes blessés, dont trois vieillards. Le maire se plaignit au sous-préfet : « Je ne saurais vous exprimer la terreur que cette action horrible a produit ; comme au milieu de la guerre la Consternation était générale ». De culture allemande commune mais le plus souvent d’affiliation religieuse différente, Wurtembergeois et Alsaciens se montrèrent donc particulièrement méfiants et violents les uns envers les autres.
Le temps ne fit pas baisser le nombre d’incidents. À mesure que le terme de leur présence approchait et qu’ils devenaient plus inquiets de leur propre avenir, en tant qu’armée et en tant qu’État, les Wurtembergeois semblaient de plus en plus provocateurs envers leurs hôtes français. À Soultz, à l’automne 1818, certains rentraient d’une revue passée par Wellington lorsqu’ils commirent quelques « excès » dans une auberge où se célébrait un mariage juif. Après en avoir forcé l’entrée,
« Ils ont mis le désordre dans l’assemblée en forçant les femmes à danser et le maître de l’hôtel, étant monté pour rétablir la tranquillité, a reçu un coup de sabre sur le nez. Les voisins éveillés par le bruit sont accourus et ont frappé à leur tour les soldats wurtembergeois dont six ont été grièvement blessés. Il paraît que les habitants de ce canton attendent avec une impatience extrême le moment où ils seront débarrassés de l’armée d’occupation »
*confirmant ces mauvais dispositions Wurtembergeoises avec leur zone d'occupation initiale en 1815 qui était l'origine la Nièvre et le tiers oriental de l'Allier, je n'ai pas encore trouvé beaucoup d'échos à part des réquisitions pour le tiers du Bourbonnais par contre le Nivernais semble avoir connu de notables incidents
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