Pourquoi la terreur blanche s'est traduite dans la région de Nîmes par le massacre de Protestants ? Vieille rancoeur des guerres de religions ? L'église réformée était révolutionnaire ou impériale ?

C’est un sujet très intéressant que cette continuité des Guerres de religion en Bas Languedoc et dans les Cévennes. J’ai récemment assisté à un colloque à Lyon où une (brillante) intervention de Valérie Sottocasa (Toulouse – Le Mirail) concernait en partie ce problème.
Elle notait que la mémoire des premières Guerres de religion, puis de celle des Camisards était si prégnante que les Cévenols parlaient de « Guerres de religion » dans un sens bien plus large que celui des historiens (qui réservent ce terme pour la période 1562-1598, voire 1562-1629). Pour les Cévenols, la dernière Guerre de religion a lieu en… 1906 !
Donc je pense (mais je ne suis pas contemporanéiste, je peux me tromper) que la Terreur blanche s’est accompagnée de massacres interconfessionnels à cause d’un rejeu mémoriel, que l’on a déjà vu dans cette région en 1790. Le souvenir de la Michelade (1567, massacre de catholiques à Nîmes) et celui de la Guerre des Camisards et des exactions contre les pratiques du Désert au XVIIIe siècle ont beaucoup fait pour entretenir la haine entre catholiques et protestants.
A mon avis donc, ces affrontements doivent s’expliquer par le contexte local et non national. Je pense que l’on se pose la mauvaise question en se demandant si les réformés étaient « révolutionnaires » ou « impériaux ». Ils étaient de toute façon favorables à la Révolution de par leur identité confessionnelle elle-même, afin de se libérer de l’oppression royale du temps de l’Ancien Régime. Les catholiques, eux, étaient forcément royalistes dans cette région, justement à cause du souvenir du rôle protecteur de la monarchie des Bourbons contre les protestants (qui étaient dans cette région majoritaire, ce qui est une rareté à l’échelle de la France).

J’espère que cette réponse, qui ouvre en fait plus de questions qu’elle ne résout de problèmes, ne vous a pas embrouillé, mais je trouve ce sujet très intéressant.

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«L'humanité est comme un paysan ivre à cheval: quand on la relève d'un côté, elle tombe de l'autre.»
(Martin Luther)

Pour la petite histoire (mais qui explique peut-être la Grande), le père de Guizot, protestant nimois, a été exécuté sous la Révolution.

Toujours dans la mémoire des guerres de religion, mais ce coup si de façon positive, il a était démontré (par qui, je ne sais plus ) que durant la seconde guerre mondiale, les régions ou communautés locales protestantes auraient plus protégées les juifs, notament en les cachants, que les autres régions.

Bref, les guerres de religion ont eut des impacts à long terme et il n'est donc pas étonnant que durant la Revolution, ces restes étaient encore présents.

Cordialement. SAALFELD

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Pour moi la vie va commencer

Au début de l'année 1790, certaines villes du Sud connaissent des troubles contre-révolutionnaires menés par les bourgeois catholiques. Parmi ses villes se trouvaient Nimes.

C'est un fait très étonnant. A la même époque, dans les villes septentrionnales, on fetaient avec beaucoup d'allégresse la chute de l'Ancien Régime.

Il y a dans le registre des copies de lettres de la municipalité de ma petite ville du Nord, une lettre adressée aux bourgeois catholiques de Nimes.(unique lettre du registre à destination plus au sud que Paris).

Nous sommes en mai 1790, la ville de Nimes est insurrection et elle fait appel aux autres municipalités pour combattre les révolutionnaires.

Quelle fut pas la réponse de ma municipalité aux Nismois :
"Puissions nous périr alors à l’instant plutôt que de jamais verser une seule goutte de sang de nos frères en allumant l’horrible flambeau du fanatisme’’ .

Merci pour vos exposés.