Pour "L'enfant sauvage" la réponse est claire
So what a écrit :
J'ai toujours été fasciné par le film de Werner Herzog sur Kaspar Hauser, comme par celui de Truffaut sur "L'enfant sauvage" (Victor de l'Aveyron ?), mais j'avoue ne pas savoir quelle fiabilité historique on peut y accorder. Même si l'on est pas dans le topic cinéma, quel est votre avis sur la question ?
Pour "L'enfant sauvage", qui se réfère à Victor de l'Aveyron, la réponse est assez facile : Truffaut fait de la "quasi" fiction car Victor n'est pas un enfant sauvage, le film nous laisse croire qu'il aurait vécu, seul, dans la nature, et ce n'est pas vrai...
François Truffaut nous montre un enfant qui sait nager, grimper aux arbres, enfin c'est presque Lord Greystoke ! Alors que le "vrai" Victor observé par le Dr Itard s'avère incapable de grimper à quoi que ce soit ni même savoir casser une noix : laché en pleine nature, Victor serait en fait mort de faim et donc tout permet de penser qu'il s'agissait plutôt d'un enfant dit "autiste" que la famille laissait errer et vagabonder, faire ce qu'il veut, et le jour où il a été "trouvé", peut-être avait il été abandonné pour de bon, mais depuis peu !
Quant à "L'énigme de Kaspar hauser" de Werner Herzog, c'est presqu'une fable philiosophique qui n'a rien à voir avec la réalité historique et l'auteur ne s'en cache pas ! Ce n'est pas la vie de Kaspar qu'il veut retracer dans ce film mais plutôt établir une sorte de parabole philosophique dont la signification exacte m'échappe un peu : il y a de l'esthétisme, il y a de l'art, il y a une morale sous-jacente mais au niveau historique, rien ! D'ailleurs le titre du film en allemand nous éclaire assez bien sur les intentions de l'auteur : "
Jeder Fur Sich Und Gott Gegen Alle" ! ( Chacun pour soit et Dieu contre tous )
Tout cela m'évoque la chanson de
Frederik Mey qui, bien qu'elle évoque aussi l'aventure d'un enfant identique à Gaspard ( ou à Victor ), mais qui se permet de faire de la fiction pure :
- "
On disait qu'il venait d'Angers
Qu'il ne savait pas dire un mot
Sur la place du marché
Il fut entouré de badauds
Les uns chuchotaient : "Il n'est pas normal"
Et d'autres criaient : "c'est un animal !
Alors ! qu'est-ce que vous attendez
Pour chasser cet idiot, pour chasser cet idiot"
Ses cheveux lui tombaient en mèches
Il se tenait recroquevillé
C'est le diable qui l'empêche
De marcher la tête levée
Le curé lui tendit un pot de lait
Qu'il lappa bruyamment et d'un seul trait
Faudrait qu'on l'abreuve à la crèche
C'est Satan incarné, c'est Satan incarné !
Mon père qui en ce temps là
Etait maître d'école au village
Alla vers lui tendant son bras
Malgré les mots de l'entourage
Mon père lui parla doucement
L'étranger murmura en bégayant
Un nom qui sonnait par endroits
Comme le nom de Gaspard, comme le nom de Gaspard
Mon père le prit avec lui
Et Gaspard hésita un peu
Ma mère lava ses habits
Elle lui coupa les cheveux
Mon père alors lui apprit à parler
A lire à écrire et à calculer
Et mon père disait de lui :
Quel garçon prodigieux, quel garçon prodigieux !
Près de l'école il y avait
Un champ de quelques cinq hectares
Que la commune nous baillait
J'y travaillais avec Gaspard
Comme nos récoltes furent bonnes
Après les rudes journées en automne
Les paysans nous maudissaient
Quand on rentrait le soir, quand on rentrait le soir
Plus tard après Noël passé
Nos sorties devinrent plus rares
Et puis vint ce jour de janvier
Etouffé d'un épais brouillard
Gaspard ne rentra pas pour le repas
Muet je guettais le bruit de son pas
Mon père gronda excédé :
Mais que fait donc Gaspard, mais que fait donc Gaspard ?
On l'a trouvé au petit matin
Dans la neige rouge de sang
Couché dans le petit chemin
Qui va de la maison aux champs
Ses yeux ne reflétaient pas la peur
Mais seulement une infinie stupeur
Ou comme l'immense chagrin
D'être haï autant, d'être haï autant
Un commissaire de passage
Enquêta fort hâtivement
L'abbé fit le discours d'usage
Qui nous consola bougrement
Le champ, depuis, est resté en jachère
Les gens, leurs chiens ne me font plus la guerre
Quand je vais jusqu'au village
Par le chemin des champs, par le chemin des champs."Le seul cas d'un enfant sauvage vraiment reconnu au niveau historique reste donc pour l'instant celui de Marie-Angélique de Songy dit Marie-Angélique Le Blanc : à quand un film ?