Tiens, et voilà l'introduction de mon exposé. Je ne suis pas un assisté, je pense, j'étudie, je cherche, je n'écris pas des citations pseudo-philosophiques à la fin de mes réflexions, comme j'y poserai un smiley ou un autocollant. Puis j'espère que pour "les pistes de réflexion", mon introduction servira à instruire qui voudra bien la lire.
La question du parlementarisme : l’adresse des 221
Introduction :
Dans un contexte de tensions politiques entre la chambre des députés et le président du conseil le prince de Polignac, et en réponse au discours du trône de Charles X évoquant de « coupables manœuvres » contre son gouvernement, la gauche libérale et majoritaire, sous la direction du président de la chambre monsieur Royer-Collard, rédigea, le 16 mars 1830, une adresse au roi que signèrent 221 députés sur 402, signifiant à Charles X leur défiance. En fin de matinée, le 18 mars 1830, au palais des tuileries, Charles X reçut la délégation de la chambre des députés qui lui lut l’adresse.
Charles X : Petit-fils de Louis XV, frère de Louis XVI et de Louis XVIII, il porte avant son accession au trône le titre de comte d'Artois. Viveur fastueux et impopulaire, il quittera la France dés le début de la révolution en juillet 1789, et s’exilera d’abord à Turin, amenant avec lui une partie importante de la noblesse française, et prenant la tête de la contre-révolution. Le 17 juin 1791, le comte d’Artois fait son entrée à Coblence, où il tente de rallier à sa cause les souverains d’europe. Défenseur virulent de la monarchie absolue, et alors même que son frère Louis XVI est encore au pouvoir, il essaie d’organiser une révolte dans le midi en 1790, qui se soldera par un massacre des contre-révolutionnaire. De la même manière, en 1795, il monte une expédition pour prêter main forte à l’insurrection vendéenne. Défait, il abandonnera les insurgés pour rejoindre l’Angleterre, où il attendra la chute de Napoléon et le retour des bourbons. Après l’adoption de la Charte de 1814, les ultraroyalistes opposés à la politique conciliante de Louis XVIII verront en lui un espoir, puisqu’il est héritier du trône. Le comte d’Artois mènera donc l’opposition des ultras, critiquant la charte, et son application la plus fidèle par le roi. Par exemple, le 13 janvier 1818, il écrira une lettre publique au roi, critiquant la loi Gouvion-Saint-Cyr, qui avantageait la bourgeoisie, pouvant payer un remplacement à leurs fils lors des recrutements militaires, critiquant aussi la loi Laîné, réforme de la loi électorale, qui permettra un suffrage direct et au scrutin de liste dans les chefs-lieux de départements, ce qui avantagera la bourgeoisie urbaine, souvent libérale. Auparavant, les députés étaient élus par des collèges électoraux organisés par la loi. Dans le but de renforcer son idée de monarchie absolutiste et de droit divin, Charles X, suivant la tradition d’ancien régime, se fit sacrer à Reims avec beaucoup de faste le 25 juin 1825. A soixante sept ans, il restait un monarque élégant et jeune encore d’allure, sur son cheval arabe à la robe argentée, à la différence de son prédécesseur, un gros homme transporté comme une idole dans son fauteuil ou sa calèche. Mais le bagage intellectuel de Charles X était fort médiocre, son éducation première ayant été négligée, et qu’il ne se soucia guère de compléter. Il était néanmoins un homme intelligent ayant de belles qualités morales, un sens très élevé de son devoir d’état, qui lui faisait donner tout son temps aux affaires, avec un vif désir d’assurer le bonheur et la grandeur de son pays. Il avait par ailleurs une générosité presque excessive quant il s’agissait d’aider les autres. Enfin, très croyants, il avait une dignité parfaite dans sa vie privée, pouvait rester entêté dans ses opinions, mais indulgent aux écarts des autres qui ne partageaient pas ses convictions religieuses. Dés son accession au pouvoir, il fit adopter certaines lois polémiques, traduisant une volonté de retour à l’ordre ancien, tel que la loi sur le sacrilège, qui rétablissait la peine de mort pour la profanation d’hosties consacrés ( loi davantage symbolique que réelle, car elle ne fut jamais appliquée dans les faits), ainsi que la loi sur le milliard des émigrés, celle ci plus lourde à porter pour les finances de l’état, visant à indemniser les exilés spoliés pendant la révolution.
En novembre 1827, l’opposition libéral remporte les élections à la chambre des députés avec 240 députés, ce qui contraint le roi à congédier Villèle le 4 janvier 1828, pour le remplacer par Martignac à la présidence du conseil. L’homme, à la personnalité mal connu, n’est assurément pas un libéral. Tentant de constituer une majorité de centre pour gouverner, il fera néanmoins passer des réformes libérales, tel la suppression de la censure et des procès de tendance.(procès fait à un journal pour l’esprit général qu’on y remarque.) Ses concessions seront jugées inacceptables pour les ultras et insuffisantes pour les libéraux. Le trouvant trop libéral, Charles X saisira la première occasion pour le révoquer le 8 août 1829. Son projet de loi contre l’enseignement des congrégations non autorisées, qui porta un coup dur aux jésuites, fit fulminer les ultras. Enfin, sa loi pour la liberté des administrations locales fut rejetée par la droite et la gauche, car jugée trop timide. Dans le cadre de la décentralisation voulu par les libéraux, il s’agissait de faire élire les conseils généraux, d’arrondissements et municipaux, par un corps électoral moitié moindre que celui qui élisait les députés. Charles X nomma à sa place l’ultraroyaliste prince de Polignac, pensant par là réunir toutes les nuances de la droite. Le Globe, journal de tendance libéral, écrira : « Son avènement sépare la France en deux : la cour d’un côté, de l’autre la nation. »
Jules de Polignac était déjà très impopulaire. Emigré, ultraroyaliste, prince par la grâce du Saint Siège, congréganiste, époux d’une anglaise et anglophile. Mais cette image un peu trop simpliste dans sa noirceur ne révélait pas toute la complexité du personnage. Polignac était un individu estimable, sensible et fin, sincèrement religieux, d’une religion éclairée. Un séjour en Angleterre l’avait transformé en partisan sincère d’un régime libéral et représentatif, solidement contenu par une forte prérogative royale, et une forte aristocratie. Tout cela pouvait se faire, pensait il, dans le cadre de la Charte. Il a supporté avec un courage admirable des épreuves de toute sorte, en particulier son emprisonnement de douze années en 1802, pendant le consulat puis l’empire. De cette captivité il gardera des séquelles, une sorte de propension à vivre dans ses rêves, une incapacité de mordre sur le réel, une puissance de dissimulation et de mystère qui s’exerçait auprès de ses meilleurs amis, et enfin une mélancolie distinguée. Deux autres caractéristiques importantes sont à retenir : son extraordinaire entêtement, et une confiance imperturbable en lui même. A noter qu’en 1814, il refusa de prêter serment à la Charte. Avec son équipe ministérielle ultraroyaliste, tel que Bourdonnaye à l’intérieur, l’homme de la terreur légale, ou Bourmont, l’homme qui trahit Napoléon à Waterloo, il entama un bras de fer avec la chambre des députés et l’opinion publique. De plus les journaux d’extrême droite exaltaient le pouvoir absolutiste du roi, en interprétant l’article 14 de la Charte comme un retour à la dictature, en cas de circonstances critiques. Pour résumer le nouveau ministère, le libéral journal des débats écrira : « Coblenz, Waterloo, 1815 ! » soit émigration, trahison, répression. La fin de l’année 1829 se passa sans que fût prise la moindre décision d’importance, du simple fait qu’il était vain de vouloir gouverner constitutionnellement sans l’accord de la chambre des députés et des départements. Le 2 mars 1830, les deux chambres se réunirent pour entendre le discours du trône, dont les termes furent minutieusement préparés en conseil des ministres. Après le tour d’horizon habituel sur les affaires extérieures et les travaux futures des assemblées, Charles X ajouta, en accentuant fortement le ton : « La Charte a placé les libertés publiques sous la sauvegarde des droits de ma couronne ; ces droits sont sacrés : mon devoir envers mon peuple est de les transmettre intacts à mes successeurs. Pairs de France, chambre des départements, je ne doute pas de votre concours pour opérer le bien que je veux faire : vous repousserez avec mépris les perfides insinuations que la malveillance cherche à propager ; si de coupables manœuvres suscitaient à mon gouvernement des obstacles que je ne veux pas prévoir, je trouverais la force des les surmonter dans ma résolution de maintenir la paix publique, dans la juste confiance des français, et dans l’amour qu’ils ont toujours montré pour leur Roi. » Il rappelle que ces droits sont sacrés et immuables. Il place la Pairie devant la chambre des députés et des départements, qu’il nomme pour l’occasion uniquement chambre des départements. Il ordonne aux chambres « Vous repousserez(…) » et enfin il menace : « Si de coupables manœuvres suscitaient à mon gouvernement des obstacles(…) je trouverais la force(…) de maintenir la paix publique. » La gauche libérale et majoritaire comprit ce message comme l’annonce possible coup d’état. En réponse, la gauche libérale rédigea , le 16 mars 1830, une adresse au Roi que signèrent 221 députés sur 402.
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