En fait, c'est un peu plus complexe encore.
Le cabinet n'est responsable que devant le roi et en matière pénale - en cas de haute trahison (mais qui la prononce si ce n'est le roi ?) - devant les Chambres.
Le chef du cabinet a pris pour habitude de présenter sa démission au monarque en cas de conflit avec les Chambres. Mais, le roi n'est nullement obligé de l'accepter et c'est lui qui forme ensuite un nouveau cabinet en fonction de ses choix personnels et il est vrai en fonction de la majorité qui peut se dégager à la Chambre des députés.
Mais tous les observateurs et spécialistes de la période ont bien remarqué que le roi reste seul maître de la politique menée par le gouvernement. Le fameux dilemne pour savoir si le roi doit uniquement régner et non gouverner se pose de 1815 à 1848. Celui-ci concerne les trois monarques et il est remarquable, à part pour Louis XVIII dans ses dernières années de règne, que la règle fut la suivante : le cabinet n'était perçu que comme un fusible pratique pour le roi, qui poursuivait normalement la mise en oeuvre de sa politique.
Par ailleurs, les modifications de la Charte au niveau insitutionnel en 1830 ne bouleversent pas le régime - c'est d'ailleurs ce qui fait associer pour les historiens la Restauration et la monarchie de Juillet. Seules les élites au pouvoir changent et les pouvoirs sont un peu mieux équilibrés (les ordonnances royales coercitives par exemple disparaissent), mais il n'y a toujours pas de monarchie parlementaire et de responsabilité de l'exécutif devant le législatif (le droit de dissolution demeure). La césure est effective entre les deux périodes, mais pas majeure. Il ne s'agit pas d'un bouleversement.