Cpt. Jo a écrit :
Une révolution est une révolte qui réussit.
Faux, il y a une grande différence entre une simple révolte et une révolution.
Jerôme a écrit :
Si je peux comprendre que Louis XVI ait été surpris par les événements de juillet 1789 puis par le déroulement de la révolution, je ne comprends pas que Charles x et Louis Philippe aient pu se laisser surprendre par les journées de 1830 et 1848. Il y avait pourtant une préfecture de police et une garde royale !
Il y a eu sous Louis XVI plusieurs crises dues à des famines et il y avait eu des révoltes de gens demandant qu'on leur fournisse de quoi survivre. Et avant celle de l'été 1789, un mélange des 2 "outils de réaction" normales avaient fonctionné. Le gouvernement réagissait de 2 manières. D'un coté, il réprimait judiciairement les fauteurs de troubles. En fait, on prenait les plus visibles, les plus virulents et on les envoyaient en prison ou en galère, voire dans les cas les plus sérieux à l'échafaud. Dans le même temps, "touché par la détresse du peuple", le pouvoir procédait souvent à de la distribution de vivres (souvent du pain) pour calmer la population. Dans quelques cas, ces vivres provenaient des entrepôts des accapareurs qui se voyaient aussi poursuivis sur le plan judiciaire. Mais, les accapareurs poursuivis était souvent des boucs émissaires et cela servait à masquer les détournements d'une partie de la noblesse.
Lors de famines sous son règne Louis XVIII ira jusqu'à acheter du blé aux russes pour fournir de la nourriture à bon compte au peuple et casser la spirale inflationniste. Mais, les conditions économiques et logistiques de l'époque faisaient que l'on pouvait aller acheter du blé à des milliers de kilomètres.
Lors de la crise frumentaire de 1788-1789, Louis XVI a appliqué la politique usuelle dans pareil cas. Il existe des tableaux montrant Louis XVI en train de distribuer des aumones aux indigents touchées par la crise :
Mais, du fait de la tentative de révolution nobiliaire, les conditions avaient changées. Ce n'est pas l'embastillement de quelques responsables et des distributions de pain qui auraient permit de sauver la royauté à ce moment de l'histoire. En juillet 1789, il y a eu un coup d’État et les parlementaires ont pris une partie du pouvoir. Louis XVI n'avait que 3 choix :
- renoncer à son indépendance et s'appuyer sur les nobles pour qu'ils lui restituent son trône. Mais, il serait devenu leur jouet et cela aurait signifier l'échec de sa politique antérieure. S'il convoque les États-Généraux, c'est bien en réaction de la crise nobiliaire et parlementaire de 1788.
- embrasser la Révolution, éloigner les nobles du pouvoir et donner tous le pouvoir législatif au Parlement. Or, il semble ne pas être prêt à cela, même s'il accepte certaines choses contraint et forcer.
- s'appuyer sur un parti "de l'ordre" en favorisant les classes moyennes, comme le fera Napoléon. Or, cela n'était pas possible à ce moment-là et pas avec les gens qui conseillaient le roi.
Les révoltes se sont souvent des moments d'émotions populaires nées assez spontanément et qui se résolvent assez facilement. Souvent, il suffit d'en supprimer la cause. On peut essayer de réduire les révolutions à des révoltes qui auraient réussi, mais ce serait se masquer la réalité de la chose. Les révolutions ont souvent des causes multiples avec des racines qui plongent dans les profondeurs du corps spécial. Peut-être que si Louis XVI avait fait procéder à des distributions de pain le 12 ou 13 juillet 1789 que les parisiens n'auraient pas attaqué la Bastille le 14. Mais la situation générale était telle que tôt ou tard un évènement quelconque aurait déclenché la Révolution.