nico86 a écrit :
Mes interrogations portent sur une période bien précise. Celle durant laquelle l'intrigant Decazes dirige le gouvernement (décembre 1818 - février 1820) ... Dans un premier temps on constate que l'âge de Decazes, 37 ans, ne lui permet pas d'exercer la fonction de Président du Conseil alors occupée par le Général Dessolles. Enfin le renvoi de Decazes suite à l’assassinat du Duc de Berry ...
J'ai une introduction que je vous livre :
[La période entre la dissolution de la Chambre introuvable (5 septembre 1816) et l'assassinat du duc de Berry (13 février 1820) est celle du gvt du parti constitutionnel avec les ministères Richelieu (jusqu'en décembre 1818), Dessolles-Decazes (jusqu'en novembre 1819) et Decazes.]Rien de subjectif. On peut noter Dessolles-Decazes. Sans doute parce-que Decazes n'avait pas l'âge requis mais il semble comme une évidence de noter son nom. Rien d'étrange donc à ce qu'il ait pesé.
Pour le départ de Dessolles, l'homme était moins "souple" que Decazes, ne bénéficiait pas de l'oreille du roi et avait sa carrière derrière lui. Ce qui -avec la poussée des ultras et l'influence d'Artois- l'a un peu refroidi au point d'estimer qu'il était temps de partir.
Maintenant pourquoi X est-il favori ? Il faudrait être dans la tête du roi afin d'en donner une raison certaine, au final est-ce bien important. Decazes apporte un équilibre à Louis XVIII, il s'oppose à Artois, il saura approcher Villèle et envisager le double-vote, ceci devait être présenté aux Chambres. Je reprends mon bouquin :
[Tout changea au cours de la nuit précédente … (Berry est assassiné)
… le parti ultra incrimina les idées libérales et quelques exaltés voulurent mettre Decazes en accusation (suite à ses choix post 1815 et sa politique d'ouverture). Louis XVIII ne put résister aux supplications des siens et, à son grand chagrin, se résigna à rappeler … Richelieu, nommant Decazes ambassadeur à Londres et le créant duc.]Ceci montre que la séparation d'avec Decazes n'est pas "joyeuse", c'est un gage à donner aux ultras sinon Decazes aurait sorti un plan B de sa poche. Mais là, on est dans une réaction qui tient d'une vie familiale en vase clos. Artois a eu la tête de Decazes.
On voit ceci à de nombreuses reprises lors de deuil (choix forcé de Victoria d'un premier ministre, elle décompense en famille en plusieurs temps -prostration, tyrannie- après la mort de son époux ; si vous prenez l'impératrice M-Thérèse Ière, c'est idem).
Dans ces moments l'entourage prime sur la politique, il faut un sas de décompression (le concept du bouc émissaire est par essence subjectif). On peut noter que le roi est "chagriné" du départ de Decazes, il a cédé. Il a évalué sans doute la perte d'Artois qui était aussi l'avenir de la dynastie et la seule chose qu'il puisse faire est de lui offrir une tête. On peut imaginer les échanges, personne ne sait encore que la duchesse va avoir un fils.
L'enfant serait né, la donne aurait été différente sans doute. Renvoyant Artois à ses chagrins, Louis XVIII aurait peut être pu sauver Decazes -en reprenant la phrase que Louis XVI lui avait servie lorsqu'il n'était que "Provence"-. Là, il est démuni. Sa dernière tocade platonique est ultra, ce qui n'arrange rien.
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