CEN_EdG a écrit :
Seules les cours de justice spécialement créées pour cela et reconnues comme telles ont le droit de qualifier un crime de génocide. Ce qui n'est pas le cas des Hereros et des Namas. Point final.
Plus exactement, seules les cours de justice spécialement créées pour cela et reconnues comme telles ont le droit de qualifier un crime de génocide
et de donner force exécutoire à cette qualification, ce qui n'est pas le cas des Hereros et des Namas
et ce qui n'est pas non plus le cas des Arméniens. Il est vrai qu'en France une loi reconnaissant le génocide arménien a été promulguée le 29 janvier 2001. Mais le Conseil Constitutionnel, par une décision du 28 février 2012, a déclaré qu'
une disposition législative ayant pour objet de « reconnaître » un crime de génocide ne saurait, en elle-même, être revêtue de la portée normative qui s'attache à la loi. La loi du 29 janvier 2001 n'est pas une loi au sens strict du terme parce qu'en l'adoptant
le législateur a porté une atteinte inconstitutionnelle à l'exercice de la liberté d'expression et de communication.
L'historien n'est enfermé ni par les lois ni par les décisions de justice. La vérité juridique est que Raoul Villain n'est pas coupable d'homicide volontaire sur Jean Jaurès. Mais il est parfaitement légitime à l'historien d'affirmer que Raoul Villain avait prémédité son meurtre et qu'il l'avait commis sans être en état de démence. Bien entendu, pour être pris au sérieux, il doit étayer ses dires.
En ce qui concerne les Hereros, il apparaît la lecture des différentes interventions dans cette discussion que l'hypothèse d'une intention d'extermination n'est pas à rejeter d'emblée. On ne peut pas clore une telle discussion par un :
Point final au motif que personne n'a été déclaré coupable de génocide par une instance judiciaire compétente. On ne peut la clore qu'en apportant des éléments de preuve suffisamment convaincants.
En ce qui concerne les Arméniens, à ma connaissance, il y a consensus parmi les historiens sur la réalité du génocide, indépendamment des déclarations politiques et c'est ce qui importe. La proclamation du parlement français n'a, elle, d'intérêt que politique.
Il faut distinguer les termes de génocide et de crime contre l'humanité qui n'appartiennent pas au même registre lexical. Le terme de génocide est purement factuel. Il a le sens de massacre de masse en vue d'exterminer une population. Le terme de crime contre l'humanité, lui, est une qualification juridique et, par extension, une qualification morale. Il n'a de sens qu'eu égard aux standards moraux de la société à une époque donnée. On peut ainsi affirmer que Marius a commis un génocide sur les Cimbres et les Teutons mais le qualifier de criminel contre l'humanité n'aurait pas de sens. En revanche, selon les standards moraux du début du vingtième siècle, parler de crime contre l'humanité à propos du génocide arménien a du sens, même si cette qualification n'a reçu une valeur juridique que postérieurement.