Mes chers compagnons,

Entre 1891 et 1893 a été rédigé, de manière laborieuse l'alliance défensive entre la Russie impériale et la France républicaine. Cette alliance a été pour la France la plus importante de toute concernant le XIXème siècle.
En effet, l'isolement français que souhaitait le chancelier allemand Bismarck, était enfin fini : depuis 1871, la France était isolée en Europe et aucune grande puissance ne l'estimait fréquentable...
Mais, une fois Bismarck parti des affaires en 1890 ( le nouvel empereur Guillaume II ne le supportait plus...), les Allemands ne parvinrent plus à tenir les Russes et les Austro-Hongrois dans leur système d'alliance...
Les Austro-Hongrois et les Russes avaient des intérêts très divergents dans les Balkans : les premiers voulaient soumettre les petits pays slaves et les seconds étaient les défenseurs de leur souveraineté...
Observant ce froid - puisque les Allemands ont préférer choisir les Autrichiens que les Russes - la diplomatie française s'est jetté dans le brèche et un protocole d'accord était signé en 1891.
Pourtant l'accord fut contesté dans les deux pays : quoi ! le pays de la Révolution s'alliait avec le seul régime autocratique d'Europe, où le souverain avait un pouvoir absolu entre les mains et rien, hormis l'immensité de son Empire, ne venait freiner celui-ci.
De plus Alexandre III avait eu beaucoup de mal à s'allier avec une Nation qui avait assassiné une famille royale...
C'est surtout les socialistes français qui critiquèrent l'alliance et organisèrent bon nombre de meetings, défilés et autres réunions contre cette alliance contre-nature ( ils ont même distribué des tracts aux marins russes en visite d'amitié à Toulon en 1892 ! )
Cette alliance mis du temps, mais elle fut finalement ratifié en 1893 par Nicolas II à Paris à l'occasion de l'inauguration du pont portant le nom de son père : Alexandre III.
Ainsi on se promettait, qu'en cas de l'aggression de l'Allemagne ou de l'Autriche-Hongrie, on se défendrait respectivement.
Bismarck a toujours redouté le danger de se battre sur deux fronts, et c'est cela finalement qui ruinera les deux offensives majeurs des Allemands pendant la première guerre mondiale : l'offensive de Samsanov en 1914 et l'offensive de Broussilov en 1916... au même moment où l'armée française était en difficulté sur la Marne, puis à Verdun !
Sans ces interventions, la guerre aurait sans doute été perdue ! Surtout en 1914 : Nicolas II a envoyé ses troupes d'élite, sans que la mobilisation soit terminée, sans que la logistique suive ni qu'un réel plan soit effectif, pour tenir sa parole ! Ainsi les Allemands n'ont pas eu les divisions qu'il leur manquaient pour enlever Paris, alors que les Russes étaient massacrés par les-dites divisions à Tannenberg et aux lacs Mazures...

duc de Raguse.

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Un peuple sans âme n'est qu'une vaste foule
Alphonse de Lamartine

Quelle belle époque.
Comme beaucoup j'ai suivit l'histoire de Alexande2 et de Nicolas 2 mais je connaissait pas Alexandre 3 . J'avais lu les aigles foudroyés mais il ne dit pas grand chose, pourriez vous me donner le titre d'un très bon ouvrage sur le sujet.
Merci

Le problème, c'est qu'Alexandre III n'a pas été beaucoup étudié.
Sa personnalité était assez austère et il n'a pas fait oeuvre d'un profond réformatisme. Sous son règne, l'Etat policier est en place (à la suite de l'assassinat de son père, Alexandre II ) et c'est une politique réactionnaire, sans perspective d'avenir qui se déroule.
Concernant une plus vaste période que celle de son règne, je peux vous conseiller l'oeuvre de Seton-Watson, The Decline of imperial Russia 1855-1914, Londres, 1952.
C'est en anglais, mais l'étude est réellement de qualité !
Bien à vous,

duc de Raguse.

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Alphonse de Lamartine

Bonjour,


Votre évocation des difficultés politiques d'établissement de l'alliance franco-russe m'a rappelé le cruel souvenir de notre isolement en 1940.

On peut mesurer le désastre que constitue l'intervention d'esprits marqués par une idéologie quand il s'agit de définir les termes d'une politique dont dépend ni plus ni moins que le salut du pays.

Nous sommes parvenus dans les années 1890, malgré les socialistes (qui "préfèrent leur parti..."), à obtenir l'essentielle alliance russe, unissant le pays le plus réactionnaire d'Europe à celui de la Révolution.

Hélas, durant l'Entre-deux-Guerres, il ne nous a pas été possible de conclure le même type d'accord avec l'URSS de Staline ou l'Italie de Mussolini.
Dans les deux cas, il y avait quelque chose à faire.
Pourtant, je n'aime ni l'un, ni l'autre de ces personnages, sans parler des idéologies misérables qu'ils incarnent.

Quelle qu'ait été l'alliance signée, voilà qui aurait posé de graves problèmes à l'ennemi allemand, de surcroît le plus "gratiné" idéologiquement parlant de l'ensemble du continent (ce qui n'est pas un mince exploit...).

Mais beaucoup en France préférait la guerre civile et la jouissance égoïste et irresponsable que procure l'onanisme intellectuel.
Et la France fut vaincue et l'Europe livrée aux nazis.

Pour démontrer l'importance d'une alliance militaire, même prétendument "contre-nature", revenons aux Russes en 1914.
Si nos alliés russes n'ont pas apporté en 1914 le "rouleau compresseur" que beaucoup escomptaient au vu du nombre d'hommes dont disposait l'armée du Tsar, ils ont effectivement mobilisé d'importantes troupes allemandes à l'Est en envahissant la Prusse orientale.
Ceci a soulagé notre front au moment où nous lancions notre contre-offensive sur la Marne et alors que l'ennemi pensait nous tenir et dirigeait effectivement deux divisions en renfort vers le front est.

Les Russes ont payé au prix fort cette fidélité à leurs engagements, comme vous le rappelez, à Tannenberg.
Je mentionnerais peut-être ici également l'impéritie de Rennenkampf, général russe au nom allemand (peut-être un descendant de ces généraux allemands au service de la Russie, notamment au temps de Napoléon), pour expliquer la terrible défaite subie par nos alliés en 1914.

Vous avez raison , de tout temps, lorsque la France avait un ennemi à l'Est, elle tentait de s'allier avec d'autres pays encore plus à l'Est.
On n'a pas hésité à s'allier avec le grand Turc sous Louis XIII, contre les Habsbourg, de même à la Pologne contre l'Autriche.
Il est vrai qu'une entente sérieuse avec Staline aurait été bénéfique, peu importe la nature du régime inérieur ( le président du Conseil Pierre Laval la souhaitait en 1936, mais il n'y eu pas de suite concrète...)

Quant à Rennenkampf, il a fait preuve de lenteur dans ses mouvements en 1914 ( pendant la guerre russo-japonaise, il ne fut pas meilleur...) et a laissé Samsanov tout seul, presque isolé, sans le soutien logistique nécessaire. Ce dernier se suicidera après la défaite de Tannenberg...

duc de Raguse.

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