S'il fallait s'arrêter sur un ministre des Affaires étrangères de la IIIème République, ce serait bien entendu sur lui.

Pourquoi ? Tout simplement car c'est son travail qui permit définitivement à la France de sortir de l'isolement diplomatique dans lequel Bismarck l'avait plongé après 1870 et c'est aussi sa politique qui constitua l'alliance défensive de l'Entente.
Ses compétences sont telles qu'il conserve ce délicat portefeuille sous 7 cabinets successifs entre 1898 et 1905. Il règle principalement les différends français avec la "perfide albion" et négocie l'Entente cordiale avec les britanniques.
Pourtant, ce n'est pas lui qui va finaliser cette politique de rapprochement entre la France, la Russie ( qui existe depuis 1892-1893) et le Royaume-Uni, car il subit les conséquences de la crise marocaine de 1905.
Si c'est sa politique qui triomphe à Algésiras (avec le soutien des Italiens - qu'il convaincra en 1915 de rejoindre cette même Entente - et la mollesse de Vienne), il est forcé à démissionner sous la pression de Berlin, qui le trouve trop dangereux pour les intérêts germains et qui menace l'équilibre de l'échiquier politique européen...

Après un bref retour aux affaires pendant le conflit (1914-1916), il se retire de la politique et meurt en 1923.

Que pensez-vous de cet homme d'Etat ? A-t-il mené une politique géniale ou bien a-t-il su profiter de conditions favorables pour la France après 1898 ?
Peut-on dire que sans sa politique le premier conflit mondial n'aurait pas eu lieu ?

Bien à vous,

duc de Raguse.

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Un peuple sans âme n'est qu'une vaste foule
Alphonse de Lamartine

J'ai quant à moi une préférence pour Aristide Briand, l'indéboulonnable de la IIIe République.

Mais il est vrai que Delcassé m'a aussi été présenté comme ayant arraché l'Italie des griffes de l'Empire allemand. Bon, ce prof de contempo est spécialiste de l'Italie contemporaine, donc je suppose que c'est un regard un peu partisan...

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L'histoire, c'est cool - Churchill
L'histoire, c'est tantôt du sucre glace, tantôt de la farine de blé - Citation perso

Je ne suis pas certain que cette affirmation ne soit uniquement le fait d'un professeur trop "italophile", mais bien de la réalité.

Delcassé est le diplomate qui a le premier fait voler en éclats la Triplice lors de la première crise marocaine en 1905 - et même avant, lorsqu' un traité d'amitié fut signé entre la France et l'Italie entre les années 1902 et 1904 - lorsque Berlin se trouva en minorité à la conférence d'Algésiras, où elle dû renoncer à ses prétentions coloniales.
Certes, cette efficacité coûta le portefeuille de ce cher Théophile - sous la pression de von Bülow et du kaiser -, mais les résultats n'en étaient pas moins présents.
Grâce au soutien britannique, italien et à la mollesse austro-hongroise, Paris se mit en situation d'infliger une sévère estocade diplomatique à la Wilhelmstrasse, ce qui n'est pas rien depuis les heures sombres de l'après 1870 !


Oui, mais c'est une autre période...

Cordialement,

duc de Raguse.

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Je suis toujours circonspect quand les hommes réalisent des prouesses. Cela doit expliquer ma méfiance vis à vis de Delcassé.

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Pourquoi donc, mon cher ?


Et pourtant... Briand a failli réussir aussi une belle prouesse dans les années 1920.

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Il l'a déjà réussie en étant le seul ministre de l'histoire de la République qui a perduré quelles que fussent les majorités et les présidents.

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Comme son prédécesseur Delcassé, finalement !
Par contre vous n'avez pas répondu à ma question...

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Comparer Briand et Delcassé n'a pas de sens. L'un accomplit son oeuvre avant guerre, l'autre après. Et si Delcassé est un pragmatique, Briand un utopiste qui bâtit un système qui s'écroulera comme un château de carte, alors que l'oeuvre du premier perdurera.

Mais la réussite de Decassé doit beaucoup à la politique étrangère de Guillaume II qui tourna le dos à l'alliance russe prônée par Bismarck au nom d'un Drang nach Osten qui ne disait pas encore son nom, et d'une Weltpolitik qui ne pouvait que rapprocher l'Angleterre de la France.

Mais c'est tout à son honneur d'avoir réussi ces rapprochements, qui n'étaient pas évidents au départ.

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Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer (Guillaume le Taciturne)

Franchement, pour rapprocher la France de l'Angleterre après Fachoda, il fallait en avoir ! ( excusez moi du terme )
Même si la politique de Guillaume II est pour beaucoup dans le rapprochement franco-anglais, les tensions coloniales entre les deux pays sont telles que, pour l'époque, ce n'est pas évident de poser les jalons de l'Entente cordiale ( surtout vis à vis des populations ) ... donc c'est tout à son honneur de l'avoir fait ...

Il manquait plus qu'un voyage d'Edouard VII à Paris, et le tour était joué, emballé c'est pesé ...

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"Cambronne ne machait pas ses mots ... heureusement pour lui ! " J. Yanne