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Les grands journaux s'intéressent d'ailleurs fort peu à la "mode" véhiculée par ces groupes.
Bien sûr duc: la mode était alors un domaine réputé entièrement féminin, et le discours sur la mode en tant que tel laissé aux journaux destinés aux femmes.
Mais d'après des textes journalistiques et littéraires de l'époque que je me souviens d'avoir lus, les observateurs d'alors étaient très sensibles à l'allure, au style et au look particulier des apaches.
De la même façon que les blousons noirs, les mods anglais ou les rappeurs de maintenant avaient/ont leurs codes vestimentaires distinctifs, les apaches , c'était les pattes d'eph, le foulard rouge autour du cou, la casquette portée avec insolence, etc. Et bien sûr, le "surin" (couteau), arme de prédilection de ce lumpenprolétariat.
Je pense en particulier à une nouvelle de Colette sur le sujet d'une jeune fille très comme il faut qui rêve d'une histoire d'amour avec un bel apache des " fortifs" qu'elle a entrevu, comme révélatrice des fantasmes bourgeois (et accessoirement des fantasmes féminins sur les "bad boys") à ce sujet.
A lire aussi si l'on souhaite plonger dans des textes d'époque sur la question, le roman de Jean Lorrain, "La maison Philibert" (la maison Philibert est une maison close ) qui se déroule dans ce milieu parisien de souteneurs et de filles de la fin du siècle. D'autres romans d'auteurs littéraires de l'époque de moindre réputation traitent également de ce thème.
Enfin, les chansons d'Aristide Bruant évoquent presque exclusivement ce milieu apache et fournissent une masse de détails intéressants sur ses rites et ses codes.
Le thème des "fortifs" est important si l'on étudie le phénomène apache: il fait allusion aux fortifications de Thiers élevées de 1841 à 1844 qui entouraient la capitale sur une zone dont la largeur recouvre grosso modo des boulevards des maréchaux jusqu'au boulevard périphérique.
Ces fortifs étaient réputées une sorte de no man's land et le repaire des apaches, une zone dangereuse rejetée (comme le souligne le postant ci dessus) à l'extérieur, aux franges de la ville et investie des mêmes peurs et fantasmes collectifs que le sont les "quartiers" actuellement.
A lire ces deux textes sur le thème des apaches chez Bruant:
http://lhistgeobox.blogspot.com/2010/10 ... aches.htmlhttp://lhistgeobox.blogspot.com/2010/11 ... aches.htmlA noter que la percée de l'argot dans la langue ordinaire qui se produit alors est liée à la vogue des apaches , des articles et des romans sur les apaches et des chansons de Bruant.