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Message Publié : 15 Avr 2007 9:00 
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Discussion du mois de mars sur les alliances européennes en 1900.

Citer :
Esperanza

Bonjour,

Je travaille actuellement sur un commentaire de document qui traite des différents rapprochements/conflits anglo-français et anglo-russes entre 1895 et 1904. Je trouve très facilement toutes les informations dont j'ai besoin pour ce qui est des rapports anglo-français, par contre j'ai de grandes difficultés pour ceux anglo-russe. J'aurais aimé savoir si vous aviez des ouvrages à me proposer sur ce sujet.
De plus, dans ce même document on nous parle des "vieux Russes, les Moscovites" qui s'opposent au rapprochement avec l'Angleterre, j'ai beaucoup de mal à discerner qui sont ces "vieux Russes" sachant que les ouvrages que j'ai sélectionné n'en parle pas précisément.
On nous parle aussi de "l'imprévoyance de l'amiral Alexeieff", encore une fois il me manque les bons ouvrages pour mieux comprendre pourquoi les actions de l'amiral ne jouent pas en faveur du rapprochement anglo-russe.

Enfin quelles sont les raisons/les motivations qui ont poussé l'Angleterre à se joindre à la France et à la Russie et à s'écarter de l'Allemagne? (si il y en a d'autre que le renforcement de l'armement naval allemand, et les conflits commerciaux entre les deux pays..)

Duc de Raguse

Bonsoir mon cher,

Vous postez au bon endroit !
Tout d'abord vous trouverez de nombreuses explications dans ces sujets :

http://www.passion-histoire.net_ ... hp?t=11238
http://www.passion-histoire.net_ ... php?t=1050
http://www.passion-histoire.net_ ... php?t=1704
http://www.passion-histoire.net_ ... php?t=1035
http://www.passion-histoire.net_ ... php?t=1909
http://www.passion-histoire.net_ ... php?t=1648

Ensuite,

Citer :
par contre j'ai de grandes difficultés pour ceux anglo-russe.

C'est normal les ouvrages sur cette question sont peu nombreux en français.
Avez-vous effectué une recherche sur des sources britanniques ?
Je disopose de quelques archives diplomatiques de cette époque sur la négociation de l'Entente, via les services du quai d'Orsay.
Si cela vous intéresse... Bien entendu ils sont lacunaires et partiels et ne traitent pas de ce que les Russes ou les Britanniques n'ont pas dit aux Français.

Citer :
"vieux Russes, les Moscovites"

Il faudrait lire le document dans son intégralité pour rendre intelligible ce terme équivoque.
La notion de "vieux russe" est essentiellement religieuse.
Mais je doute qu'il s'agisse de cela dans ce contexte.
Je pense qu'il s'agit des cadres de la bureaucratie impériale, voire de la noblesse (les deux se confondant souvent), habituée à travailler avec l'Allemagne et très germanophile. Qui plus est, totalement hostile au Royaume-Uni dont les intérêts stratégiques en Asie centrale et du sud "télescopent" ceux des Russes.

Citer :
On nous parle aussi de "l'imprévoyance de l'amiral Alexeieff", encore une fois il me manque les bons ouvrages pour mieux comprendre pourquoi les actions de l'amiral ne jouent pas en faveur du rapprochement anglo-russe.

Car, à cette date Alexiev est en passe de devenir vice-roi de Mandchourie et qu'il hatise volontairement le feu qui brûle entre Saint-Pétersbourg et Tokyo, au sujet de cette région chinoise, convoité par les deux puissances.
Il faut ajouter que le Japon est le client du Royaume-Uni, sur lequel ce dernier compte pour empêcher les Russes de s'étendre en Asie du Sud-Est et ainsi gagner un débouché sur les "mers chaudes", que les Russes recherchent sans relâche...

Citer :
Enfin quelles sont les raisons/les motivations qui ont poussé l'Angleterre à se joindre à la France et à la Russie et à s'écarter de l'Allemagne? (si il y en a d'autre que le renforcement de l'armement naval allemand, et les conflits commerciaux entre les deux pays..)

Les réponses se situent dans les liens que j'ai cité précédement !

Bien à vous,

duc de Raguse.

Esperanza

Tout d'abord je tiens à vous remercier de votre réponse rapide et trés enrichissante !

Citer :
C'est normal les ouvrages sur cette question sont peu nombreux en français.
Avez-vous effectué une recherche sur des sources britanniques ?
Je disopose de quelques archives diplomatiques de cette époque sur la négociation de l'Entente, via les services du quai d'Orsay.
Si cela vous intéresse... Bien entendu ils sont lacunaires et partiels et ne traitent pas de ce que les Russes ou les Britanniques n'ont pas dit aux Français.?.



Oui je me suis intéressé à des sources britanniques mais la plupart des ouvrages que j'ai consulté sont orientés sur des sujets tel que l'empire coloniale , la seul relation anglo-russe que j'ai pu ressortir concerne l'intervention de l'Angleterre lors du conflit entre la Russie et le Japon.
Vos documents peuvent toujours être intéressants à consulter et pourront peut être m'éclairer sur ces événements assez flous!


Citer :
Je pense qu'il s'agit des cadres de la bureaucratie impériale, [...]Qui plus est, totalement hostile au Royaume-Uni dont les intérêts stratégiques en Asie centrale et du sud "télescopent" ceux des Russes. "


Je pensais moi aussi à des membres du "gouvernement", mais n'ayant aucune connaissance et information sur la vie politique russe je me suis vite perdu dans de fausses idées. Le texte présente ces "Vieux Russes" comme les adversaires de la grande Bretagne, j'aurais aimé trouvé des noms, des événements, qui pourraient me servir à montrer l'hostilité de ces personnes envers le rapprochement anglo-russe.


Citer :
Car, à cette date Alexiev est en passe de devenir vice-roi de Mandchourie et qu'il hatise volontairement le feu qui brûle entre Saint-Pétersbourg et Tokyo, au sujet de cette région chinoise, convoité par les deux puissances. Il faut ajouter que le Japon est le client du Royaume-Uni, sur lequel ce dernier compte pour empêcher les Russes de s'étendre en Asie du Sud-Est et ainsi gagner un débouché sur les "mers chaudes", que les Russes recherchent sans relâche....


Ah, je comprends mieux pourquoi on s'inquiète de son attitude. Mais quelle relation entretenait il avec le Tsar ? Et pourquoi allait il devenir vice roi de Mandchourie?? (Ça ne plus rien à voir avec mon commentaire, mais ça m’intéresse ).


Encore un grand merci pour l'aide que vous m'avez apporté! J’y vois beaucoup plus clair! Merci


Duc de Raguse


Citer :
je tiens à vous remercier de votre réponse rapide et trés enrichissante


De rien mon cher !

Citer :
Oui je me suis intéressé à des sources britanniques mais la plupart des ouvrages que j'ai consulté sont orientés sur des sujets tel que l'empire coloniale , la seul relation anglo-russe que j'ai pu ressortir concerne l'intervention de l'Angleterre lors du conflit entre la Russie et le Japon.

C'est déjà pas mal, car je pense que ce point est important dans votre texte.
Il serait d'ailleurs utile de le replacer ici pour que nous puissions y voir plus clair !

Citer :
Le texte présente ces "Vieux Russes" comme les adversaires de la grande Bretagne, j'aurais aimé trouvé des noms

En gros tout le personnel ministériel de Nicolas II, dans l'armée, principalement, un peu moins dans la diplomatie et une part négligeable dans le secteur économique.
Alexiev est un de ces opposants, mais aussi Kouropatkine, voire von Plehve, principal ministre jusqu'à l'été 1904.
Le position britannique pendant la guerre russo-japonaise ne facilita pas les rapports entre Russes et Britanniques et un conflit fut tout près d'éclater après l'incident de Hull.

Citer :
Mais quelle relation entretenait il avec le Tsar ? Et pourquoi allait il devenir vice roi de Mandchourie??

Le titre de vice-roi peut se comparer, à ce moment, avec quelque chose qui ressemble au titre de gouverneur.
En fait, il devint le dirigeant territorial, représentant personnel du Tsar, comme au temps des marches de la conquête coloniale.
Il ne fut pas très brillant à se poste et ses intrigues court-circuitèrent souvent les manoeuvres de Kouropatkine sur le théâtre des opérations militaires.


Brisbout


Tiens j'ai eu exactement le même texte à traiter soit nous somme dans le même groupe de TD, soit nous avons eu le même sujet par le même prof à traiter. Ou alors c'est une drôle de coincidence.
J'ai eu le même problème concernant les relations anglo-russes que j'ai finit par résoudre, mais je vais les compléter par ces informations du duc de Raguse qui comme d'habitude s'avèrent fort enrichissantes.

Duc de Raguse


Merci mon cher Brisbout, c'est avec joie que nous lirons vos éclaircissements et pourquoi pas ce fameux texte... (j'avoue ne pas bien discerner de quoi il s'agit !)

Djedj

Bonjour,
Quelques points (peut-être redondants avec les liens pointés par le Duc - que je dois confesser n'avoir pas tous suivis )

Citer :
Oui je me suis intéressé à des sources britanniques mais la plupart des ouvrages que j'ai consulté sont orientés sur des sujets tel que l'empire colonial"


C'est assez normal, parceque c'est là que se situent les enjeux pour les Britanniques dont la puissance est liée à son Empire - et principalment aux Indes. Deux problématiques principales :

Le contrôle du Canal de Suez, percé en 1869 et point stratégique pour la liaison avec l'Inde.
Il est situé en Egypte et donc théoriquement dans l'Empire Ottoman.
Il est alors stratégique pour les Anglais de maintenir le statu quo en ce qui concerne la Turquie, appelée à sevrir de tampon avec l'influence Russe, et dont le contrôle de l'accès à la Mer Noire est vital.
D'où le jeu contre les Russes, notemment pour revenir sur le traité de San Stefano (1878).

La présence sur la frontière du Nord de l'Inde d'un Afghanistan "neutre" au moins, et en tous cas libre de toute influence Russe.
C'est cette influence crainte / supposée qui amènera l'Angleterre à vouloir imposer un résident en 1878 : des envoyés Russes étaient à Kaboul, alors que l'entrée du territoire était refusé aux Britanniques.
Ce fut la Seconde Guerre d'Afghanistan (1878-1880).
Rappelons que le Turkestan était tombé au cours des années précédentes, avec la chute de Khiva en 1873.

Un autre épisode moins connu du "Great Game" entre Russes et Britanniques : l'expédition militaire menée par Francis Younghusband au Tibet en 1904, là encore pour tenter d'infléchir les politiques locales dans uneoptique pro-britannique.

Citer :
Enfin quelles sont les raisons/les motivations qui ont poussé l'Angleterre à se joindre à la France et à la Russie et à s'écarter de l'Allemagne? (si il y en a d'autre que le renforcement de l'armement naval allemand, et les conflits commerciaux entre les deux pays..)

La personnalité de Guillaume II y est pour beaucoup - il a réussi à s'aliéner toute sa famille du côté Britannique (il est un des petit-fils de Victoria), et réussi le tour de force à faire passer les Saxe-Coburg-Gotha d'Angleterre (oui la famille royale ne décidera de s'appeler 'Windsor' qu'en 1917, pour appaiser l'hostilité anti-allemande dans le pays) de pro-Allemands à anti-Allemands.

On ne peut pas négliger ces sentiments familiaux à au moins deux titres :
Le rôle majeur joué par Edouard VII (très agacé par son neveu) dans la création de "l'Entente Cordiale".

La jalousie personnelle de Guillaume II contre sa famille, qui a pesé lourdement dans les décisions de tenter l'aventure coloniale et de construire sa flotte, comme dans ses erreurs successives :
(Le télégramme à Kruger en 1896, la tentative de passage en force sur la question du Maroc en 1906, l'Interview catastrophique au Daily Telegraph en 1908 http://net.lib.byu.edu/~rdh7/wwi/1914m/dailytel.html)

Tout ceci est remarquablement analysé par Robert Massié dans "Dreadnought : Britain, Germany and the Coming of the Great War".
Cdlt,
Jérôme

Duc de Raguse

A noter que pour certains (les Britanniques ! ) , l'Entente cordiale ne fut uniquement réalisée que pour isoler la Russie et empêcher la France de soutenir son alliée dans sa lutte contre le Japon.

Brisbout

Voici le fameux texte; c'est un compte rendu d'une conversation de l'ambassadeur de France Paul Cambon avec le roi d'Angleterre le 21 avril 1904.

« Le roi Edouard VII est rentré avant hier à Londres après son voyage à Copenhague. Il a, dès son retour, exprimé le désir de me voir et m’a reçu aujourd’hui.
Il a bien voulu me féliciter de la part que j’avais prise avec lord Lansdowne [ministre des Affaires étrangères britannique] aux négociations qui ont abouti à l’accord du 8 avril ; mais il a ajouté que le rôle principal dans l’heureuse solution de toutes nos affaires avait été jouée par Votre Excellence ; que dès votre arrivée aux affaires, vous aviez marqué votre intention de travailler au rapprochement de nos deux pays ; qu’il vous considérait comme un véritable ami et qu’il me chargeait de vous le dire.
Sa Majesté a ajouté que sa visite à Paris [ainsi] que celle de M. le Président de la République à Londres avaient déblayé le terrain et préparé l’opinion à notre entente. Il s’est félicité de l’accueil fait aux récents arrangements des deux côtés du détroits et dans toute l’Europe.
« Même en Allemagne, a-t-il dit, le mécontentement ne s’est pas manifesté de façon appréciable. D’ailleurs nous avons réglé des questions qui ne regardent pas l’Allemagne ; elle n’a rien à faire en Egypte, ni au Maroc. »
Quant à la Russie, le roi s’est montré très heureux de ses bonnes dispositions. Il considère que, dans le moment actuel, le rapprochement anglo-français a une portée considérable pour la paix du monde.
[…] Il a exprimé l’espoir de voir l’Angleterre et la Russie régler leurs différends comme nous avons réglé les nôtres. « C’est plus difficile, a-t-il dit, et surtout pendant la guerre, mais ce serait préférable […]
Sur la possibilité d’un rapprochement entre l’Angleterre et la Russie, je lui ai dit que les questions qui pouvaient diviser ces deux grandes puissances étaient les questions de politique générale, d’exercice d’influence et d’expansion territoriale ; qu’il était donc délicat de les poser et difficile de les résoudre, mais que de bons esprits dans le Gouvernement russe ne le croyaient pas impossible ; que le tsar était un esprit pacifique, et un cœur ouvert à toutes les généreuses inspirations, et que, le moment venu, l’influence du roi d’Angleterre s’exercerait plus utilement que les échanges de vues entre diplomates pour opérer un rapprochement ; que cette influence personnelle de sa Majesté serait d’autant plus efficace que des influences contraires à la France et à l’Angleterre se manifestaient autour du tsar ? J’ai fait alors allusion aux influences allemandes dont on signale le travail incessant à la cour de Pétersbourg.
Le roi m’a interrompu en disant que le tsar ne subissait pas les influences allemandes et que les seuls adversaires de la Grande-Bretagne en Russie étaient les vieux russes, les Moscovites, qui ne veulent pas entendre parler d’un accord avec la vieille rivale. Il a parlé ensuite de la guerre actuelle, de l’imprévoyance de l’amiral Alexeieff ; il a fait remonter à la constitution de la vice royauté d’Extrême-Orient l’origine du conflit, et il a ajouté qu’il n’avait pas rencontré un seul russe que ne partageât son opinion sur ce point. »

Brisbout

Citer :
A noter que pour certains (les Britanniques ! ) , l'Entente cordiale ne fut uniquement réalisée que pour isoler la Russie et empêcher la France de soutenir son alliée dans sa lutte contre le Japon.


Je crois que l'entente cordiale avait une vocation pacifique pour les britanniques (du fait de l'alliance avec le Japon) et qu'ils souhaitaient une pression diplomatique de la France sur la Russie pour empêcher tout conflit.
Je vous ai peut-être mal compris cher duc de Raguse mais votre intervention sous entend que les britanniques envisageaient un conflit avec la Russie et qu'ils voulaient éviter que la France s'en mêle. Alors que le texte montre bien que l'Angleterre souhaitait une entente avec la Russie et que ses objectifs étaient avant tout pacifique. Les britanniques ne voulaient pas isoler la Russie.

cordialement

Esperanza

Merci Brisbout d'avoir mis le texte à disposition, vous m'avez coupé l'herbe sous le pied.
Bref, J'y vois beaucoup plus clair sur le texte grâce à vous.
Je ne connais pas assez bien la période pour m'avancer sur un sujet aussi complexe que les relations anglo-russe, mais il ne faut pas oublié que l'Allemagne devient une puissance dangereuse pour l’Angleterre (et les autres pays d'Europe évidemment). Les Britanniques devaient renforcer leurs relations extérieures, et je ne pense pas que l'entente cordiale avait une réelle vocation pacifique (du moins pour les rapports anglo-russe).

Brisbout, n'oubliez pas que le texte a été rédigé après la conversation avec Edouard VII, il faut modérer les propos de l'auteur. Je pense que Paul (ou Jules) Cambon n'est pas forcément très objectif.

Duc de Raguse

Citer :
Je vous ai peut-être mal compris cher duc de Raguse mais votre intervention sous entend que les britanniques envisageaient un conflit avec la Russie et qu'ils voulaient éviter que la France s'en mêle.


Pas exactement mon cher Brisbout (merci au passage pour avoir mis le texte en ligne ! )...
Le Royaume-Uni s'est servi de l'Entente cordiale pour isoler la Russie, qui est en guerre avec le Japon depuis le mois de février de l'année 1904. Bien que la France n'a manifesté à aucun moment une volonté de s'engager avec la Russie contre le Japon, les Britanniques préservaient ainsi les intérêts de leur allié japonais en mettant directement hors-jeu la France.
Bien entendu, l'hostilité croissante des Britanniques envers les Allemands est aussi une donnée importante à prendre en compte dans le rapprochement franco-britannique, mais elle n'est pas unique. En réalité, lord Lansdowne a fait d'une pierre, deux coups !

Citer :
Les britanniques ne voulaient pas isoler la Russie.

Si, car ils souhaitaient que la Russie perde contre le Japon, afin que leurs intérêts asiatiques ne soient pas menacés par l'expansionnisme russe.
Prenez garde de ne pas prendre pour argent comptant les propos de Cambon.
Lui, comme l'ensemble des services diplomatiques français n'ont pas perçu la manoeuvre anglaise. Il n'ont pas compris non plus pourquoi les Britanniques leur donnèrent une fin de non recevoir lorsque la France tenta en 1904 et en 1905 de les rapprocher de la Russie et de "boucler la boucle" entre les trois puissances.
Il fallut attendre 1907 pour que la négociation de la triple Entente débute.

JEAN VALJEAN

Je vous ai peut-être mal compris cher duc de Raguse mais votre intervention sous entend que les britanniques envisageaient un conflit avec la Russie et qu'ils voulaient éviter que la France s'en mêle.
Pas exactement mon cher Brisbout (merci au passage pour avoir mis le texte en ligne ! )...
Le Royaume-Uni s'est servi de l'Entente cordiale pour isoler la Russie, qui est en guerre avec le Japon depuis le mois de février de l'année 1904. Bien que la France n'a manifesté à aucun moment une volonté de s'engager avec la Russie contre le Japon, les Britanniques préservaient ainsi les intérêts de leur allié japonais en mettant directement hors-jeu la France.


Si telle était la volonté des Britanniques, l'Entente Cordiale a été une erreur complète.

Duc de Raguse
Citer :
Si telle était la volonté des Britanniques, l'Entente Cordiale a été une erreur complète.


Oui et non mon cher.
Le rapprochement avec la France pour contrer l'impérialisme allemand en Europe comptait tout autant, sinon plus, pour les Britanniques. Mais, à court terme l'isolement de la Russie dans son rêve "oriental" - voire sa défaite face aux nippons - comptait aussi.
J'avoue que je n'ai rien trouvé à ce titre de très précis dans des ouvrages spécialisés sur la guerre russo-japonaise ou les relations diplomatiques franco-britanniques ou anglo-russes...
Simplement des jugements d'hommes politiques français de l'époque et des allusions dans des archives de diplomates français.

Brisbout

Avez vous des informations sur la réaction du gouvernement britannique suite à la défaite russe?
Je sort un un peu du sujet sans en sortir mais j'imagine que le rapprochement anglo-russe en 1907 a du se faire dans la douleur, comment se sont amorcées les négociations et dans quel état d'esprit?

Duc de Raguse

Citer :
j'imagine que le rapprochement anglo-russe en 1907 a du se faire dans la douleur, comment se sont amorcées les négociations et dans quel état d'esprit?

Non, car la situation géopolitique était très différente de 1904.
Premièrement, les clients japonais avaient remporté la guerre contre l'empire russe, ce dernier ayant dû faire une croix définitivement sur ses ambitions asiatiques (ce qui inquiétait aussi les sujets de sa Majesté !).
Deuxièmement, la weltpolitik de Guillaume II commençait réellement à effrayer les Britanniques : le discours de Tanger de 1905 en était une preuve, tout comme la politique maritime germanique, allant sans cesse vers la confrontation avec la Royal Navy.
De plus, la conférence d'Algésiras et l'obtention du Cameroun par les Allemands menaçaient directement les intérêts coloniaux britanniques. En effet, jusque-là les Allemands avaient suivi les preceptes bismarckiens de ne pas vouloir de colonies et voilà que Guillaume II en revendique..., qui plus est en Afrique, chasse gardée des franco-britannique.
Enfin, Russes et Britanniques réglaient leurs différends en Asie centrale et occidentale, de la même manière que l'avaient fait les Français et les Anglais, trois ans plus tôt.
Toutes ces raisons combinées aux demandes répétées - de Delcassé surtout - des Français de relier l'alliance russo-française avec l'Entente cordiale et ainsi de "boucler la boucle".

Citer :
Avez vous des informations sur la réaction du gouvernement britannique suite à la défaite russe?

Une certaine satisfaction dans le monde politique et à la Cour, qui demeure dans une large mesure russophobe, tout comme la Cour russe, relativement anglophobe.
Mais, malheureusement, je n'ai rien sous la main de précis pour venir l'illustrer...

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Message Publié : 26 Avr 2007 13:15 
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Localisation : oise
Bonjour, je travail actuellement sur un commentaire de texte écris par Jaurès qui traite de la politique diplomatique européenne dans les années 1880-1890. L’ensemble du texte ne me pose pas trop de problème mais je sollicite tout de même vos lumières pour me faciliter la compréhension de certains points.

Voici les passages qui me posent problème :

« Il (Guillaume II) veut aussi organiser dans toute l’Europe, contre ce qu’il appel les partis subversifs, contre le socialisme et la démocratie, un système général de résistance dont il serait le chef. »

J’aimerai savoir si l’ambition de Guillaume II est bien de créer une alliance de pays autoritaires pour lutter contre les pays socialistes et démocratiques ?
J’aimerai aussi savoir pourquoi Guillaume II tient à lutter contre le socialisme.

L’autre point qui me pause problème est le suivant :

« En fait, Guillaume II a sur l’esprit du tsar deux puissants moyens d’actions. Il lui signale deux ennemis : l’Angleterre et la Révolution, l’Angleterre toujours plus envahissante, la Révolution toujours plus menaçante. Il importe de disputer aux anglais le marché du monde. Il importe d’arrêter la classe ouvrière, partout en mouvement. »

La question de l’Angleterre ne me pose pas de problème. Mais je n’arrive pas à cerner ce que l’auteur sous entend quand il parle de la Révolution, je pensais à celle de 1905 mais je ne suis pas sûr, si quelqu’un peut me mettre sur une piste…

Merci d’avance.


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Message Publié : 26 Avr 2007 13:46 
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Inscription : 20 Juin 2003 22:56
Message(s) : 8180
Localisation : Provinces illyriennes
Ahhhh... Vous ne pouvez pas me faire plus plaisir, cher Brisbout ! :wink: :aime:

Citer :
J’aimerai savoir si l’ambition de Guillaume II est bien de créer une alliance de pays autoritaires pour lutter contre les pays socialistes et démocratiques ?

Non, on ne peut pas présenter cela en ces termes.
Le kaiser déteste bien les socialistes, mais cette caractérisque se retrouve aussi chez les autres monarques d'Europe.
Par ailleurs, il n'y a pas de pays "socialistes" à l'époque. Il y a deux, voire trois grandes nations du socialisme : l'Allemagne, le R.-U. (mais les Trade Unions ont un poids plus important que le jeune Labour) et la France (mais c'est plutôt à partir de 1902...).
Dans les autres pays pays - hormis le cas Belge - le socialisme est très minoritaire, ne trouvant sa place dans la vie politique du pays, ou tout simplement pourchassé et/ou interdit par les régimes en place.

Pour ce qui est de la démocratie c'est un autre problème. Pour Guillaume II la démocratie libérale est aussi une hérésie (moins grave que le socialisme néanmoins) et il tend plutôt à se rapprocher des régimes autoritaires, que démocratiques. Mais, c'est peut-être aussi parce que l'"ennemi" est une République démocratique...
Dans sa lettre du 14 juillet 1914, Guillaume II semble jouer la carte des régimes démocratiques contre les monarchies en Europe, dans le cadre du déclenchement du premier conflit mondial.

Citer :
J’aimerai aussi savoir pourquoi Guillaume II tient à lutter contre le socialisme.

Car ils sont par définition internationalistes (donc hostiles aux Etats-Nations) et souhaitent des régimes démocratiques, ce que Guillaume II ne souhaite octroyer à l'Allemagne. Par ailleurs, ils ont leur électorat dans les couches ouvrières...

Citer :
Mais je n’arrive pas à cerner ce que l’auteur sous entend quand il parle de la Révolution, je pensais à celle de 1905 mais je ne suis pas sûr, si quelqu’un peut me mettre sur une piste…

La Révolution de 1905 n'est pas la bonne réponse si le document date des années 1890-1900.
Le terme "révolution" s'applique aussi en Russie au nihilisme des années 1860-1880, qui a envoyé de nombreux officiels russes au cimetière, tout comme Alexandre II, alors qu'il allait promulguer une Constitution...
Les populistes russes - et leurs "descendants" Socialistes-Révolutionnaires - ont toujours privilégié l'action violente et directe contre le Tsar et sa bureaucratie.
Mais j'avoue ne pas trop comprendre cette remarque... :?
Remarquez, elle vient de Jaurès : peut-être donne-t-il une trop importante force du mouvement ouvrier de l'époque. Je rappelle qu'avant 1905, il n'y a pas plus de 3 millions d'ouvriers en Russie, sur une population de plus de 125 millions d'habitants...

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Message Publié : 26 Avr 2007 15:34 
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Inscription : 27 Jan 2006 10:21
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Localisation : oise
Je met à votre disposition le texte afin de remettre les choses dans leur contexte.

« Il est impossible aux journaux les plus officieux de contester l’importance du voyage de Guillaume II à Saint-Pétersbourg. […]
Guillaume II a visiblement un double but. Il veut accroître la puissance commerciale et industrielle de l’Allemagne et contenir le développement de l’Angleterre. Il veut aussi organiser dans toute l’Europe, contre ce qu’il appel les partis subversifs, contre le socialisme et la démocratie, un système général de résistance dont il serait le chef. Pour cette œuvre double, il a besoin de la Russie. D’abord, que serait en Europe une politique de réaction où n’entrerait pas l’autocrate russe ? En second lieu, comment lutter efficacement contre l’Angleterre sans le concours du puissant empire qui, en Asie, semble en rivalité directe avec les anglais ? Et, enfin, le triomphe suprême de Guillaume II serait d’incorporer à cette politique la France républicaine elle même.
L’associer à une action de tout le continent contre l’Angleterre, ce serait, par la plus savante diversion, faire oublier aux Français l’Alsace-Lorraine. L’associer à une action de tous les gouvernements contre le socialisme, ce serait éteindre la Révolution en son premier et traditionnel foyer. Seulement, Guillaume II ne peut négocier directement avec la France cette sorte d’entente diplomatique et politique. Et la Russie lui apparaît comme un intermédiaire excellent. […]
En fait, Guillaume II a sur l’esprit du tsar deux puissants moyens d’actions. Il lui signale deux ennemis : l’Angleterre et la Révolution, l’Angleterre toujours plus envahissante, la Révolution toujours plus menaçante. Il importe de disputer aux anglais le marché du monde. Il importe d’arrêter la classe ouvrière, partout en mouvement.[…]
Si la politique évidente de Guillaume II prévalait, tous les systèmes particuliers d’alliance auraient disparu. L’Europe ne serait plus coupée en deux camps, puisque l’Allemagne serait liée à la France. La triple alliance et la double alliance se fondraient en une quintuple alliance, en une sorte d’accord européen continental ayant un programme très net : Guerre au capitalisme anglais ! Guerre au socialisme universel ! […]
Il est évident qu’en face de cette politique il n’y aura qu’un moyen de salut : ce sera d’organiser aussi contre la ligue européenne de réaction une ligue européenne de démocratie et de socialisme. C’est une grande lutte, la plus grande et la plus belle qu’aient eu à livrer les hommes depuis un siècle. Je suis sûr que la classe ouvrière et le parti socialiste de tous les pays en comprendrons la grandeur et y entreront avec toute leur force et toute leur foi.
Au demeurant, le plan de réaction générale se heurtera à des difficultés qui ne sont pas négligeables. Il suppose l’accord presque absolu de l’Allemagne et de la Russie. Or cet accord ne peut manquer d’inquiéter l’Autriche. Elle est visiblement énervée par les progrès de l’influence russe dans les Balkans. […] L’Autriche s’est demandé, à coup sûr, après la visite de Guillaume II, si l’Allemagne n’allait point passer à la Russie dans les affaires Balkaniques et favoriser aux dépens des Habsbourgs les progrès slaves. […]
Dans cette lutte engagée entre le capitalisme anglais et la monarchie allemande, la France sera-t-elle réduite à prendre parti pour l'un ou pour l'autre ? Quoi ? Nous aurions à opter entre Cécile Rhodes et Guillaume 2 ? Je l'avoue, je suis profondément humilié quand j'entends des français compter ,pour la grandeur de la France, sur la rivalité naissante de l'Allemagne et de l'Angletere .C'est l'état d'âme des puissances de second ordre; c'est l'abdication de toute politique propre ,de toute énergie vraiment nationale. C'est seulement par une politique démocratique et socialiste que la France, aidant au groupement de toutes les forces populaires dans le monde, abaissera à la fois le capitalisme anglais et le caporalisme prussien. »

Je viens de commencer, je vous ferez part du plan que j'ai adopté au plus vite. Je dispose de peu de moyens du fait que je n'ai aucun livre à ma disposition... :oops: 9a m'apprendra à être tête en l'air... :roll:


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Message Publié : 26 Avr 2007 16:42 
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Localisation : oise
bon voilà mon plan fait rapidement.
I Les ambitions de Guillaume II
1) rivaliser avec la Grande-Bretagne
2) écraser le socialisme en Europe
3) lutter contre la démocratie en Europe

II Les enjeux d'une alliance allemande avec la Russie
1) un empire "autocrate"
2) un rival de l'Angleterre
3) un allié de la France

III La position des autres pays par rapport à une éventuelle alliance Russo-germanique
1) Le cas Autrichien
2) Les enjeux russes
3) La position de la France

voilà, pouvez vous me dire simplement si ce plan tiens la route?

Je pense que je vais bacler ce travail vu que je manque de documents... :lol:

Je vous remercie cher duc de Raguse pour votre éclaircissement et je ne manquerai pas de revenir ultérieurement sur ce sujet passionnant. :wink:


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Message Publié : 26 Avr 2007 16:53 
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Localisation : Provinces illyriennes
Pour avoir longuement travaillé sur l'Humanité et Jean Jaurès, ce texte me parait être d'un classique extrême...
Jaurès possède une vision - à tort ou à raison -, qu'il n'a jamais abandonné, d'une ligue de monarques autoritaires d'Europe qui posséderaient leurs intérêts propres, à l'encontre des autres pays ayant un régime différent et même de leur propre population, en particulier les ouvriers.

Citer :
Il veut aussi organiser dans toute l’Europe, contre ce qu’il appel les partis subversifs, contre le socialisme et la démocratie, un système général de résistance dont il serait le chef.

Voilà, ce que signifie cette phrase... C'est une sorte de "Sainte Alliance" des despotes européens qui, mêlée au capitalisme mondial, est un danger pour la démocratie et les conditions sociales des populations.
Si vous aviez la date de ce texte (article de journal ?), ce serait encore mieux...

Citer :
Il veut aussi organiser dans toute l’Europe, contre ce qu’il appel les partis subversifs, contre le socialisme et la démocratie, un système général de résistance dont il serait le chef. Pour cette œuvre double, il a besoin de la Russie. D’abord, que serait en Europe une politique de réaction où n’entrerait pas l’autocrate russe ?

Cette phrase souligne véritablement ce mythe d'une "Sainte Alliance".
Bien entendu dans votre commentaire, vous devrez rappeller la nature et le fonctionnement des différents régimes - tout comme leurs intérêts internationaux -, mais n'oubliez pas de critiquer non plus l'auteur.
Je pense que l'alliance franco-russe n'a pas encore été signée et que nous sommes à la fin des années 1880, lorsque le traité de "contre-assurance" existait encore entre l'Allemagne et la Russie.
Guillaume II est encore jeune...

Citer :
Seulement, Guillaume II ne peut négocier directement avec la France cette sorte d’entente diplomatique et politique. Et la Russie lui apparaît comme un intermédiaire excellent. […]

Propos étrange... Il semble que le complot anti-socialiste - et donc démocratique pour Jaurès - tente d'inclure la France ! :?
Jaurès semble aussi associer Socialisme et Angleterre, sa "patrie naturelle".

Citer :
La triple alliance et la double alliance se fondraient en une quintuple alliance, en une sorte d’accord européen continental ayant un programme très net : Guerre au capitalisme anglais ! Guerre au socialisme universel

Métaphore confirmée entre l'Angleterre et le Socialisme...
Je pense que la date est plus proche de 1900 qu'auparavant, puisque Jaurès parle de la "double alliance". Peut-être est-ce vers 1895, lorsque le ministre G. Hanotaux tentait de rapprocher la France de l'Allemagne pour créer un système continental - en y incluant la Russie - contre le Royaume-Uni. Sa politique désastreuse se termine à Fachoda en 1898...

Citer :
ce sera d’organiser aussi contre la ligue européenne de réaction une ligue européenne de démocratie et de socialisme.

Voilà bien la vision manichéenne du grand Jaurès ! :wink:
Toujours le parti de la réaction et du canon contre les peuples libres rêvant de briser les chaînes de l'esclavage...

Citer :
C'est l'état d'âme des puissances de second ordre; c'est l'abdication de toute politique propre ,de toute énergie vraiment nationale.

Jaurès retrouve ici ses critiques de la diplomatie française, qui reste quoiqu'il en soit à la remorque d'un système qu'elle ne maîtrise pas. Il faut critiquer cela aussi, tout en expliquant qu'il souhaiterait que la France (le "peuple éclairé" plutôt) se mette à la tête d'un mouvement de libération mondiale contre cette "Sainte Alliance" et lâche une bonne fois pour toute le despote de l'Oural.

Citer :
C'est seulement par une politique démocratique et socialiste que la France, aidant au groupement de toutes les forces populaires dans le monde, abaissera à la fois le capitalisme anglais et le caporalisme prussien.

Et voilà... :wink: Confirmation !

Citer :
Je viens de commencer

Ce document n'est pas facile : il est très dense et Jaurès excelle à manier et brandir une situation internationale complexe et un vocabulaire marxiste soutenu. Il va falloir tirer les fils des mots du tribun socialistes en les replaçant dans leur contenu historique, tout en oubliant pas de critiquer l'auteur. Exemple : il est contre toute guerre, pour commencer donc volontaire à saboter les liens diplomatiques français avec la Russie (dont il déteste au plus au point le régime) ; nous ne savons trop s'il croit lui-même à la mission qu'il donne à la France... ; montrer son isolement : d'autres socialistes européens (au BSI par exemple) pensent tout à fait autrement que lui et voient dans la guerre la possibilité de prendre le pouvoir pour la classe ouvrière (Guesde en France, Lénine en Russie) ou bien sont plus patriotes que lui (Bebel en Allemagne par exemple...).

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Message Publié : 26 Avr 2007 17:01 
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Localisation : Provinces illyriennes
Nos messages se sont croisés... :wink:

Je viens seulement de voir votre plan. Il tient la route, mais je le trouve trop linéaire, c'est-à-dire trop proche du document lui-même.
C'est certain que c'est un signe d'assurance, mais je pense qu'il faudrait tenter autre chose en fonction des thèmes majeurs du document, à savoir la critique de la politique diplomatique française ; la ligue du grand capitalisme despotique européen avec à sa tête le monarque prussien ; enfin, le messianisme jauréssien sur une politique de rechange possible.

Je peux me tromper, mais il faudrait creuser plutôt vers cette direction et être ainsi plus thématique, quitte à se répéter un peu.
Si vous avez besoin de référence bibliographique sur Jaurès, le socialisme européen, les relations diplomatique européennes... je peux vous les donner.

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Message Publié : 26 Avr 2007 17:13 
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Ce texte date très probablement du voyage de Guillaume II à Saint Petersbourg en juillet 1905, date où fut traité le pacte de Björkö. C'est aussi l'année de la Révolution de 1905. A partir du moment où la date est déterminée, tout devient plus simple.

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Message Publié : 26 Avr 2007 17:29 
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Cher duc de raguse, vous m'êtes décidément d'un grand secour!!

Je suis preneur pour ce qui est références bibliographiques, mais je doute que je puisse les consulter à temps vu que je dois rendre le travail demain. Je me suis souvenu trop tard de l'existence de ce travail... :roll:
C'est aussi pour cette raison que je resterai sur mon plan de départ, de tête, je pense pouvoir remplir les parties avec plus d'efficacité.
Mais si vous le voulez bien nous pourrons reparler de votre proposition, qui me semble en effet plus juste, lorsque j'aurai une connaissance plus approfondie du sujet, après avoir consulté les ouvrages dont vous souhaitiez me faire part. :wink:
Encore merci pour tout :P


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Message Publié : 26 Avr 2007 17:32 
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Inscription : 27 Jan 2006 10:21
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Localisation : oise
Citer :
Ce texte date très probablement du voyage de Guillaume II à Saint Petersbourg en juillet 1905, date où fut traité le pacte de Björkö. C'est aussi l'année de la Révolution de 1905. A partir du moment où la date est déterminée, tout devient plus simple.


Pas exactement cher Jean-Marc Labat, pardonnez moi j'ai oublié de préciser la source. (Le Matin, 23 août 1897) Oeuvres de Jean Jaurès, Pour la paix,I, Les alliances européennes,1887-1903. Paris, Les éditions Rieder, 1931, p 179-181


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Message Publié : 26 Avr 2007 17:36 
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Citer :
Ce texte date très probablement du voyage de Guillaume II à Saint Petersbourg en juillet 1905, date où fut traité le pacte de Björkö. C'est aussi l'année de la Révolution de 1905. A partir du moment où la date est déterminée, tout devient plus simple.

J'y pensais aussi, mais comme Jaurès pense que la France serait d'accord de se mettre contre le Royaume-Uni, cela ne tient pas puisque depuis 1904, l'Entente cordiale "règne" entre les deux nations...

Si seulement Brisbout pouvait nous donner la date du document !! :?

Citer :
Je suis preneur pour ce qui est références bibliographiques, mais je doute que je puisse les consulter à temps vu que je dois rendre le travail demain.

En effet, c'est court...
Des ouvrages généralistes alors : l'Histoire du socialisme de J. Droz (un peu ancien, mais toujours très solide...), le Guillaume II de C. Baechler et l'Histoire des relations diplomatiques de P.Renouvin (très ancien aussi, mais très complet ! :wink: )

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Message Publié : 26 Avr 2007 17:37 
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Citer :
Le Matin, 23 août 1897

Merci mon cher !
C'est bien ce que je pensais, juste avant Fachoda et la fin de la politique de Hanotaux en France... :wink: Vous devez aussi un peu creuser là-dessus.

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Message Publié : 01 Mai 2007 15:49 
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Message(s) : 12
Bonjour
J'ai l'impression que dans son texte, il faut rechercher les intentions de Jaurès...

Pour illustrer le contexte :
24 juillet 1897 : le Reichstag repousse, à une très courte majorité, un projet de loi restreignant la liberté de réunion - présenté par Guillaume II.

Il est particulièrement intéressant de lire ces quelques articles du Times, et notemment l'évolution des interprétations de cette visite officielle au fil du temps :

9 Août 1897
Image

11 Août 1897
Image

15 Août 1897
Image

15 Septembre 1897
Image


Cdlt,
Jérôme


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Message Publié : 01 Mai 2007 16:58 
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Localisation : Provinces illyriennes
Merci pour ces articles mon cher, mais pensez à nos utilisateurs qui ne sont pas anglophones... :wink:
Si vous pouviez y ajouter un petit résumé, ce serait parfait ! :D

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Message Publié : 02 Mai 2007 0:47 
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*Yick*, j'ai peur que ce soit au dessus de mes forces !

En échange, je leur propose plutôt un article du Figaro du 10 Août 1897 :
Image

Et je les invite à explorer Gallica pour poursuivre la revue de presse :
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k284102g

Cdlt,
Jérôme


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