Je ne connais pas la caricature dont on parle et il est difficile dans ces conditions de se prononcer mieux que Barbetorte qui paraît la connaître.
En réponse à AlainG, personne, je crois, n'a écrit que l'antisémitisme était le seul moteur de l'affaire Dreyfus.
Seulement dans votre premier message, vous affirmez qu'il n'en était pas.
Il y a une importante différence de sens.
Or je dis que l'antisémitisme et consubstantiel de l'affaire Dreyfus, et ce depuis sont début, voire avant son début.
Seulement, les phrases que vous citez (Winock et Rébérioux) ont été écrites il y a vingt ans. A ce moment, on célébrait le centenaire du début de l'affaire Dreyfus, certains commentateurs affirmant qu'il y avait eu une chasse au juif à l'état-major de l'armée. D'où les réactions des deux historiens que vous citez, puisque tout laisse à penser qu'il n'en fut rien.
Mais cela ne signifie pas que le préjugé antisémite - bien présent, surtout au 3e bureau et à la Section de statistiques, - n'a pas joué en défaveur d'Alfred Dreyfus dès l'instant où son nom a été évoqué dans le cadre de l'enquête de trahison sur la base du bordereau. Or on sait que c'est bien ce qui s'est passé en octobre 1894.
Lors de la 2e affaire Dreyfus (1897-1899), deux autres moteurs antidreyfusards sont identifiables, outre l'antisémitisme :
- La défense de l'armée, puisque l'état-major a habilement amené le combat défensif sur ce terrain. Ce dont se défendent farouchement les Dreyfusards. Ils se disent pour l'armée, mais contre la poignée de faussaires (par exemple).
- Par ailleurs, la question de la justice hante les deux camps, puisque pour les uns, la justice doit être la même pour tous et donc respecter les formes légales. Pour les autres la règle est qu'on ne revient pas sur la chose jugée.
Voir à propos de ces deux derniers points la
plaidoirie de Georges Clemenceau au procès d'Emile Zola, vol. II, à partir de la p. 404.
En conclusion il était possible d'être antidreyfusard sans être antisémite, mais cela ne signifie pas que l'antisémitisme n'ait pas été bien présent tout au long de l'Affaire, de son début, à sa fin.