Alain.g a écrit :
J'ai repris de nombreux ouvrages récents sur l'affaire Dreyfus. Attention, les républicains n'en veulent pas à l'armée mais au corps des officiers qu'ils estiment non républicains, issus des "jésuitières" disent-ils. C'est un thème des années 90-1900 qui se poursuit avec l'affaire des fiches, les officiers suspects de non-républicanisme sont signalés et on freine leur promotion aux grades supérieurs pour avoir des généraux et des officiers supérieurs républicains.
Achetez le numéro spécial de "l'histoire" sur l'affaire Dreyfus dans la collection Historie de poche du Seuil, pour quelques euros avec les articles récents des meilleurs spécialistes sur Dreyfus. J'ai tout repris sans rien ajouter, ayant été convaincu, y compris dans le dernier message. Bredin n'est pas un historien.
Aïe; aïe, aïe ! Que de contresens !
Je confirme les réticences de Duc de Raguse et je les prolonge.
Tout d'abord, vous ne cessez d'affirmer que "vous reprenez de nombreux ouvrages récents" tout en ne citant que ce fameux N° spécial de l'Histoire vieux de près de vingt ans ! Et vous ne citez aucune autre référence. Je trouve cela fâcheux.
Par ailleurs, Bredin n'est peut-être pas historien académique, mais il a écrit un livre largement reconnu par la communauté historienne. Notez que le grand spécialiste actuel du sujet, Vincent Duclert, est absent de ce numéro spécial !
En outre, vous commettez un contresens très grave en prétendant que "les républicains" s'opposent au corps des officiers. C'est faux. La majorité des républicains soutient totalement l'armée dans l'affaire Dreyfus, et seule une minorité souhaite agir avant l'été 1898.
A la mort de Henry, les républicains n'en ont toujours pas après le corps des officiers. Tout juste réforme-t-on le renseignement militaire, et la démission de Boisdeffre est acceptée, et c'est tout.
Ce n'est que pendant la troisième affaire Dreyfus, après 1900, que le général André découvre l'importance des malversations et des menées d'une partie de l'état-major général. C'est ce qui l'amène à tenter une épuration, et à la mener partiellement avant que ces opérations ne soient rendues publiques lors de "l'affaire des fiches".
Je crois pour ma part à la valeur de l'article indéfini, et vous devriez dire "DES républicains" comme Clemenceau (sans accent) et Jaurès, plutôt que "LES républicains".
Ensuite, le processus de républicanisation de l'armée est bien antérieur à l'affaire Dreyfus. Comme le signale Duc de Raguse, il y a un homme important dans la République à cette époque, c'est Miribel. C'est lui qui va imposer l'état d'esprit républicain après la parenthèse boulangiste, mais aussi, ce polytechnicien va mettre en place une voie de promotion au mérite. La méritocratie républicaine doit s'imposer, même dans l'armée.
Aussi bizarre que cela vous paraîtra, l'affaire Dreyfus est déclenchée par des officiers généraux républicains. Mercier, la plus ville fripouille de tous cet aréopage passait pour être le plus républicain des généraux de corps d'armée ! C'est la raison qui le fait nommer ministre en décembre 1893.
Par conséquent, vous comprenez bien que l'affaire Dreyfus n'est pas une affaire foncièrement antirépublicaine, même si des tentatives de récupération ont été tentées, comme le Fort Chabrol en 1899.
Enfin l'anticléricalisme est un fondement de la République dès 1875. En aucun cas ce point n'est à rattacher directement à l'affaire Dreyfus. Tout au plus peut-on dire que l'affaire Dreyfus cristalise les extrêmes et pousse les républicains radicaux vers une action sans cesse repoussée depuis les débuts de la IIIe république.