Duc de Raguse a écrit :
il n'est pas impossible qu'il ait bénéficié de protections d'un groupe d'officiers
On peut remplacer par "il n'est pas impossible" par "il est certain". C'est bien le problème: beaucoup de ces soi-disant patriotes qui voulaient punir l'acte de trahison et d'espionnage ont
sciemment fermé les yeux sur les culpabilités avérées et complicités dont a bénéficié Esterhazy, notamment Sandherr.
Tant et si bien que dans 'imaginaire populaire, l'affaire d'espionnage a presque été effacée. Le fait que Dreyfus était innocent est presque devenu, pour beaucoup, synonyme de "il n'y avait pas d'affaire d'espionnage".
Si le crime de trahison par un officier français avait pour punition l'envoi au bagne de l'île du diable, la conspiration pour couvrir le véritable crime aurait dû avoir pour résultat des cours martiales au moins aussi sèvères, ou plus sévères. Au moins le colonel Henry a-t-il eu le cran de se donner la mort. La liste de Zola était presque juste, bien qu'en retrait par rapport aux culpabilités, et il manquait Sandherr. Clémenceau voyait plus juste.
Il y a quatre griefs, presque quatre crimes séparés, partagés entre 9 officiers se protégeant mutuellement: Sandherr, Esterhazy, du Paty de Clam, Henry, Gonse, Mercier, Billot, de Pellieux et Boisdeffre (pour ne prendre que les militaires et laisser de côté les autres conspirationnistes ou parjures civils, tels les experts graphologues, etc):
- conspiration dans le but d'espionner au service de l'ennemi
- conspiration , faux et usages de faux dans le but de compromettre un officier français, le capitaine Dreyfus
- conspiration , faux et usages de faux, dans le but de compromettre un officier français, le colonel Picquart
- Dommages considérables causés à l'armée, dont la durée reste indéterminée