Ce système est plus ou moins lié à un régime politique pratiquant le népotisme et le clientélisme. Ce qui ne devrait pas être le cas sous le régime démocratique républicain. Et pourtant, celui-ci est encore menacé à cette époque - même si à partir de 1890, il paraît solidement installé - et l'armée fait peur aux Républicains depuis l'épopée du général Bonaparte.
Ce véritable "Etat dans l'Etat" a toujours rendu possible le maintien au pouvoir d'un gouvernement et pas d'un autre. A cela, il faut ajouter le potentiel "danger" que certains officiers représentent depuis l'affaire dreyfus. Enfin, les discussions concernant la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat divisent profondément la société française et les débats à la Chambre sont le plus souvent houleux, pour ne pas dire violents : Gaston Calmette y étant farouchement opposé, il n'hésite donc pas à faire publier les "fiches" en question.

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Un peuple sans âme n'est qu'une vaste foule
Alphonse de Lamartine

Ce qui n'était pas plus mal ! quand on voit les discours coincés des membres de l'assemblée nationale actuelle, qui n'est plus qu'une chambre d'enregistrement.


Ah la réponse de clémenceau à un député qui lui disait "Je ne suis pas plus bête qu'un autre" "Quel autre ?"

on ne voit plus ça ! Maintenant les débats sont lisses, policés, voire châtrés

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C'est l'ambition qui perd les hommes. Si Napoléon était resté officier d'artillerie, il serait encore sur le trône.

Mr Prudhomme

Mais mon cher, c'était un réel régime parlementaire où l'exécutif était soumis au législatif !
Ce qui explique aussi le pouvoir de la presse d'opinion à cette époque et l'engagement des propriétaires de journaux dans la lutte politique.

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Un peuple sans âme n'est qu'une vaste foule
Alphonse de Lamartine

Certes ! Mais on avait vraiment l'impression d'un fonctionnement de la démocratie Est-ce le cas aujourd'hui ? je n'en suis pas sûr, avec des députés dont beaucoup viennent d'une même école

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C'est l'ambition qui perd les hommes. Si Napoléon était resté officier d'artillerie, il serait encore sur le trône.

Mr Prudhomme

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Tous les désespoirs sont permis

N'est pas plutôt la position monopolistique de la presse comme unique vecteur de l'information qui explique le pouvoir des journaux d'opinion (parisiens) ?

J'en prends bonne note ! Simplement on comparait le fonctionnement de la chambre en 1905 et celui de la chambre de 1991 (pour rester dans les limites de la charte )

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C'est l'ambition qui perd les hommes. Si Napoléon était resté officier d'artillerie, il serait encore sur le trône.

Mr Prudhomme

Pour revenir aux fiches, il n'y a pas eu de majorité dans les deux chambres pour défendre l'indéfendable (le fichage des opinions religieuses réelles ou supposées de 19 000 officiers par une association privée et partiale) : Clemenceau l'a condamné ainsi que les républicains modérés (Poincaré, Doumer). Ensuite les chambres ont voté la loi du 22 avril 1905 bien connue de tous les étudiants en droit qui prévoit l'accès des agents publics à leur dossier.

pour Clemenceau ce n'est pas étonnant car ce réaliste savait bien que la patriotisme des officiers catholiques n'était pas un sujet de débat et son anticléricalisme virulent n'allait pas jusqu'aux persécutions (qui sont souvent voire toujours contre-productives) - on sait qu'en tant que ministre de l'intérieur il a pratiqué une application prudente de la loi de séparation. "un inventaire ne vaut pas la mort d'un Français" (je cite de mémoire).

Ah oui, d'accord, j'aurais dû m'en douter, excusez-moi !

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Tous les désespoirs sont permis

Ce critère entre sans doute dans la définition du dit pouvoir. Mais, cela ne suffit pas : les plumes de la presse de la Belle Epoque sont souvent des personnes connues par ailleurs - par un public d'initiés - pour leurs travaux littéraires, scientifiques, de théâtre ou encore de politique. Ce qui ne les empêche aucunement de rédiger des articles ou des chroniques dans des domaines bien différents des leurs. De plus, lorsque d'autres vecteurs d'informations, d'autres médias, apparaissent - comme la TSF ou le cinématographe -, le pouvoir de la presse ne décline pas pour autant. Enfin, ces luttes d'opinions via la presse parisienne témoignent aussi d'une volonté de mobiliser l'électorat et de tenter de faire pencher la balance lors d'un débat à la Chambre.
Par ailleurs, lorsque Calmette décide de faire éclater le scandale des fiches, la bataille est déjà perdue à la Chambre : la loi de Séparation va être votée...

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Alphonse de Lamartine

A noter, la parution imminente de :

Général André - de l'Affaire Dreyfus à l'Affaire des fiches, Serge Doessant, Editions Glyphe.

http://www.editions-glyphe.com/f/index. ... re_id=1391

Intéressant, merci.

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Alphonse de Lamartine

Dans La France est son Armée, De Gaulle écrit : " A la suite de l'Affaire Dreyfus, et sous prétexte de s'assurer du loyalisme de l'armée, le pouvoir y sème le trouble. De multiples disgrâces ou faveurs injustifiées, délations scandaleuses ou surenchères ridicules, effritent l'abnégation. Pour n'être ni concertés ni bruyants, dans un corps voué au silence, les signes de cet ébranlement n'en sont que plus révélateurs. Le nombre des incidents, — chefs à qui l'on refuse la main, camarades mis « en quarantaine », réclamations, démissions, duels, — au sujet desquels le ministre est contraint d'ouvrir une enquête, se trouve, en 1904, douze fois plus élevé qu'avant. Entre 1900 et 1911, le nombre des candidats à Saint-Cyr tombe de 1 895 à 871, celui des candidats à Saint-Maixent de 842 à 380, celui des sous-officiers rengagés de 72 000 à 41 000. Chacune des garanties instituées par l'usage quant à l'avancement des officiers et au choix du haut commandement est, à présent, méconnue. Certes, on avait vu, de tout temps, au cours des périodes de paix, l'attribution des grades et emplois n'être en somme qu'une composante entre le mérite et les influences. Mais, pendant les années qui précèdent la Grande Guerre, l'arbitraire l'emporte à ce point, que, dès les premiers coups de canon, il faudra renvoyer des armées la moitié des généraux."Qui rapporte cet échange ? Pétain est devenu Lt-Colonel en 1907.

Certes, l'affaire des fiches est motivée par le souci de favoriser le camp républicain, alors entreprise courante, banale.
Mais, le ministère Combes en commandant les fiches, met en oeuvre aussi l'obssession, l'idée fixe du président du conseil d'éliminer tout ce qui est clérical, catholique en fait. Ce qui explique que l'on confie en partie la rédaction des fiches au Grand-Orient.
On n'insiste jamais assez, enfin, dans cette affaire sur l'emploi et l'encouragement par le parti radical de la délation, délation par les supérieurs, les subordonnés, les camarades et même par des civils, délégués administratifs républicains en cas de mairie de droite et maires républicains, membres des loges.
C'est l'établissement de la délation généralisée dans l'armée qui écoeurera beaucoup de députés, plus que le principe des fiches, à cette époque.
Elle sera cause de la gifle à l'origine de la démission d' André le 4 novembre 1904, après qu'il ait reçu la confiance de la chambre, à 4 voix près il est vrai.
L'affaire des fiches doit être resituée pour bien être comprise dans son contexte de chasse forcenée aux adversaires politiques et de haine du cléricalisme.

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Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.

Il ne faut pas oublier que cette affaire, par le truchement du quotidien de Calmette, sort en plein débat sur la séparation des Eglises et de l'Etat...
Calmette aura la peau d'André, puis de Combes, mais ne pourra empêcher la loi d'être votée...

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Alphonse de Lamartine