Bonjour,
Je suis en 1ère année de licence d'histoire et j'ai un commentaire à faire sur le discours au sénat de Waldeck Rousseau le 2 février 1884.
Cependant je n'arrive pas à faire un plan valable.
Pourriez-vous m'aider s'il vous plait ?
Merci beaucoup.
"Ici se place encore une seconde question.
Etant admis que l'élection ne sera pas directe, quel sera le représentant, quel sera l'électeur du premier degré ?
Vous savez que des républicains forts autorisés ont, sur ce point, différé d'opinion ; quelques-uns d'entre-eux, comme l'honorable M. Bernard Lavergne, ont demandé que le suffrage universel choissise spécialement pour cette circonstance et pour exercer ce mandat, un certain nombre d'électeurs qui formeront le collège sénatorial ; sur ce point, que la souveraineté nationale peut s'exercer par une délégation, j'ai donc la bonne fortune de le trouver pleinement d'accord avec notre collègue, qui est le président de la Commission.
Seulement où nous différons, c'est qu'à mon sens, du moment où le suffrage universel ne nommera pas directement la seconde Assemblée, il n'était pas de mode d'élection préférable, et je prononce le mot avec la plus ferme conviction, plus démocratique, que celui qui consiste à s'adresser à cette catégorie d'électeurs, à ces assemblées élues par le suffrage universel qui s'appellent les conseils municipaux.
(Très bien ! Très bien !).
Car, en effet, il n'est pas douteux que, dans notre système, ce sont les conseils municipaux qui, avec l'additop, de certains autres représentants du suffrage universel, forment la presque totalité du collège électoral sénatorial.
Eh bien ! J'ai dit dans l'autre Assemblée, et je le répète ici, qu'il n'y avait pas d'électeurs plus qualifiés pour donner à cette élection au second degré un caractère plus démocratique que les représentants de la commune.
Est-ce une erreur ? Est-ce une vérité ?
Messieurs, les communes de France, l'honorable M. Floquet le rappelait tout à l'heure, n'ont peut-être pas toujours apporté à la garde, à la conservation de leurs intérêts politiques, toute la vigilance qu'elles auraient dù s'imposer à elles-mêmes. On a rappelé qu'un mouvement de réveil s'était produit dès la fin de l'Empire ; je ne le conteste pas ; mais M. Floquet sait mieux que personne que, pendant l'Empire, une préoccupation avait surtout dominé. On disait aux conseillers municipaux :
Vous êtes les gardiens du patrimoine matériel de la commune ; faites les affaires de la commune ; gardez-vous de rechercher s'il y a un idéal politique préférable à celui qui existe ; abstenez-vous de faire de la politique. Et l'on peut dire que si, pendant longtemps, le silence a régné sur le pays, c'est par l'indifférence, par l'apathie générale et parce que, à cette époque, on ne faisait pas autant de politique qu'on aurait dû faire.
Cette situation ne s'est-elle pas modifiée ? Et qu'est-ce donc que la commune, aujourd'hui, pour le suffrage universel ?
L'honorable M. Floquet vous a cité un fait que je recommande à toute votre attention. Il vous dit : Comment ! Sur l'ensemble des communes de France, il y en a environ 30 000 qui comptent un millier d'habitants. Qu'est-ce que ces communes ? Ce ne sont pas des agglomérations. Pour la presque totalité des communes rurales il n'y a pas de centre important : les habitants en sont fort dispersés ; ils sont semés, par les nécessités du travail, loin des autres, sur un territoire de plusieurs centaines de lieux carrées. C'est assez dire quelles difficultés on éprouve à faire descendre la vie politique dans ces milieux. (Très bien ! Très bien !).
M. GEORGES PERIN. - M. le président du Conseil a dit qu'on ne devait pas faire de politique à propos des élections municipales. (Réclamations au centre.)
Je lirai la phrase que vous avez prononcée, quand vous voudrez, Monsieur le président du Conseil. Vous vous êtes élevé avec énergie contre l'introduction en politique dans les élections municipales. C'était à Périgueux, il y a six mois. (Mouvements divers.)
M. LE MINISTRE. - Eh bien ! Si cependant la vie politique s'est éveillée jusque dans ces milieux, c'est sans doute par les élections législatives, par les élections sénatoriales, mais c'est surtout grâce à l'intérêt qu'ont pris pour ces petites communes les élections municipales.
Dans les grandes, où les hommes sont naturellement réunis, naturellement assemblés, c'est un continuel échange d'idées; toutes les controverses s'agitent ; on est au courant des idées du jour presque sans qu'il soit nécessaire de le vouloir. Dans les campagnes, l'écho de nos discussions arrive certainement, mais à des intervalles souvent trop lointains. Il y a peu de réunions publiques et peu de journaux, on peut dire qu'il y a peu de lectures et peu de discussion.
Mais il y a une vie politique municipale, et c'est particulièrement depuis cette loi de 1875 que cette vie politique qui faisait défaut s'est manifestée avec un degré extraordinaire d'intensité.
Si l'on compare les préoccupations qui se sont emparées des mêmes populations, et dont on ne pouvait que constater l'absence quelques années auparavant, on voit qu'elles ont appris par la loi de 1875 elle-même, par son mécanisme nécessaire, qu'il est impossible de séparer les intérêts matériels des intérêts de Gouvernement, qu'on ne les rend oas impunément indifférent aux intérêts supérieurs de la politique... (Très bien ! Très bien ! Au centre.)
Cela est arrivé naturellement par la vertu de la loi de 1875, mais encore parce que le Conseil municipal est une assemblée que l'électeur voit naître, vivre, fonctionner.
Le conseiller municipal a été élu par lui, il le connait, il a les mêmes intérêts que lui, il surveille sa gestion, et, dans l'état actuel de notre législation municipale, ce n'est pas seulement par des récits qu'il se tient au courant de ses délibérations, c'est par sa présence même à ses réunions ; et il arrive ceci, c'est qu'entre le suffrage universel et ces modestes représentants communaux, s'il y a pacte moins solennel que celui qui vous lie vous-même à vos électeurs, le pacte est plus étroit et plus intime.
De sorte, Messieurs, - et c'est à cette conclusion que je voulais arriver, - que proclamer, à l'heure où nous sommes, dans ce pays attaché à ses assemblées municipales plus que jamais, qu'un corps politique ayant une origine démocratique ; prétendre qu'il ne plongerait pas ses racines au plus profond de nos institutions démocratiques et républicaines, c'est nier la commune républicaine; c'est nier cet organisme permanent de la démocratie.
(Très bien ! Très bien ! Sur divers bancs.)"
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