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Bibliographie : J.J. MARIE, La Russie de 1855 à 1956.
Déjà pour commencer cet historien est un hagiographe de Staline, un "soviétophile", donc pour l'objectivité c'est très moyen...
Mais bon, faisons comme si nous ne le savions pas !
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Les serfs ne sont pas libérés en 1861, comme c'est trop souvent dit.
Attention, vous semblez toujours ne pas comprendre que le servage est avant tout un statut juridique, dont le détenteur appartient à la terre de son maître, qu'il ne peut quitter.
Or, en 1861 cette "révolution" libéra les paysans russes du servage et de la noblesse terrienne. Cela en fît des hommes libres et égaux aux autres, cela c'est indéniable et personne ne dit le contraire.
Sauf vous, parce que vous combinez leur pauvreté économique au servage, ce qui est une grave erreur.
Pour information, en 1789, lorsque les privilèges furent abolis par la Révolution française, on ne donna pas de terre gratuitement aux paysans et ils devaient toujours payer la location de leurs terres au seigneur. Dans tous les autres pays d'Europe, là où le servage fut aboli, jamais on ne donna de la terre aux paysans devenus libres.
C'est pour cela que la réforme d'Alexandre II fut novatrice.
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ils sont 1) maintenus pendant deux ans dans un état transitoire où ils continuent tous de payer leurs corvées
Ce qui est normal, sans cela toute l'économie du pays - qui reposait sur l'agriculture et la rente foncière - se serait écroulée. Car du jour au lendemain, les exploitations agricoles se retrouvent sans main-d'oeuvre presque gratuite.
Pour que tout le monde dispose d'une idée claire sur cette réforme, il faudrait revenir, en profondeur (cela évitera les intréprations) sur celle-ci :
- Elle est libératrice, puisqu'elle donne la liberté aux anciens serfs;
- Elle octroie aussi des terres pour les serfs (qui n'étaient pas du tout propriétaires avant, il faut le rappeler et jamais dans les révolutions antérieures pareille chose n'avait été faite) d'une taille oscilliant entre 3 et 15 hectares en échange du versement du prix aux propriétaires terriens.
Là aussi, cela peut se comprendre, jamais il n'y a eu d'expropritation massive dans l'Histoire, comme celle-ci, puisque le total des terres vendues aux paysans représentaient 125 millions d'hectares (les propriétaires gardaient 75 millions).
- Elle entraîne une réforme judiciaire majeure en 1864, qui placent les serfs libres à égalité devant la loi, comme tous les autres sujets. De même que le pouvoir judiciaire devenait indépendant (on est déjà plus dans une monarchie véritablement absolue, en droit constitutionnel du moins...), des juges de paix étaient élus par district et des jurys populaires dans les cours criminielles.
L'égalité devant la loi est obtenue bien avant 1917...
[Chiffres extraits de The decline of imperial Russia de H. Seton-Watson]Mais, là-dessus se greffe le problème de la productivité donnée par ces terres : elle est encore très faible, même sur une parcelle de 15 hectares et souvent les paysans étaient habitués à travailler une terre plus grande chez leurs anciens maîtres (ils en gardaient souvent les surplus pour les vendre).
Autre problème : ils ne possèdent pas les liquidités pour racheter directement la terre.
Malgré une possible intervention de l'Etat - où le taux d'emprunt était faible, il tournait autour de 5% -, le remboursement allait durer longtemps.
En fait pour devenir propriétaires, les paysans passent essentiellement par le
mir - et certainement pas par le Tsar
, sauf pour les serfs de la Couronne, qui n'étaient qu'une minorité des serfs de l'Empire -, car ce collectif villageois pouvait emprunter davantage que les particuliers et aidait les paysans qui avaient des difficultés de payer leurs traites.
Cela greffe un autre problème, car si le
mir à vocation au secours des plus démunis, il est contre-productif et empêche l'individualisation des exploitations et la modernisation nécessaire, ainsi que le dégagement de surplus commerciaux. Bref, c'est un frein au progrès.
Enfin,
il y avait la possibilité de devenir propriétaire sans payer quoique ce soit, ce qui est très novateur pour l'époque. Une mauvaise idée, finalement, car cette "part du mendiant" équivalait environ à 3 hectares, ce qui est faible.
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2) au bout de ses deux ans, ceux qui le désirent peuvent décider de s'endetter pour 49 ans auprès du tsar
Faux ! Soit le paysan libre prend ses 3 hectares
gratuitement, soit il en prend davantage et s'endette auprès du
mir et non du Tsar. Je rappele que les serfs de la Couronne (qui appartenaient au Tsar), sont minoritaires dans l'Etat et que leurs conditions étaient plus avantageuses que les serfs privés (appartenant aux propriétaires terriens).
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La réforme reste donc très symbolique et virtuelle.
Par rapport à la situation antérieure ? Vous plaisantez, je pense : près de 40 millions de personnes deviennent libres, à égalité devant la loi avec les anciens "maîtres" et propriétaires de leurs terres (enfin usufruitières pour la plus part) et vous parlez de "virtualité" ?
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mais 25% des anciens serfs restent astreints à la corvée
Qu'est ce que c'est que ce chiffre ? Il concerne qui et à quelle date ?
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Mais il le fait en échange d'une taxe perpétuelle...
Certainement pas, l'Empereur ne rajoute pas de taxe. Où avez-vous lu cela ? Même Marie n'aurait pas écrit cela, donc je pense que vous avez mal compris.
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C'est donc fort logique que, dès 1861, les paysans se soulèvent plus de 1.200 fois aux quatre coins de la Russie contre cette réforme.
Ces chiffres sont hautement fantaisistes et ne reposent sur aucune source valable et sont contredits par des auteurs un peu plus objectifs comme Portal, Philippot ou encore Seton-Watson.
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Réforme qui dois-je le rappeler était censée apaisée les revendications paysannes.
A nouveau c'est faux. Cette réforme a été souhaité par les ministres libéraux de son gouvernement comme Milioutine ou Loris-Melikov. Son entourage était aussi composé de libéraux, qui rêvaient de mettre la Russie sur les voies de la modernité après la campagne désastreuse menée en Crimée, qui avait révélée les tares du régime sclérosé de Nicolas Ier.
Cela n'a rien à voir avec ces "émotions" rurales qui ont toujours existé en Russie.
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Je ne crois donc pas qu'on puisse dire que ces réformes aient constitué un quelconque progrès pour la condition paysanne russe de l'époque, qui constituait plus de 80% de la population
Mais vous a-t-on un seul moment parlé de "condition de vie" ? Non, nous discution de liberté et de démocratie.
Et là, il est indéniable que le progrès a été énorme.
De plus, cette réforme est jugée par tous les économistes et historiens pour avoir jetté la Russie vers la modernité et la possibilité de progrès économiques majeurs et notemment l'industrialisation, qui commença lors du règne suivant.
Mais, si on parle du niveau de vie des paysans, il reste mieux en 1864
que 1932. En effet, malgré une population qui double presque entre les deux dates, le niveau de production agricole que le régime tsariste avait permis en 1913 (après les réformes de Stolypine) n'a toujours pas été atteint (alors dépassé vous pensez...
) en 1932 et la famine règne dans de nombreuses régions russes.
Si la vie du moujik n'est pas rose sous les autocrates, elle est sans doute plus humaine que sous les communistes.
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alors pour une démocratie, on repassera.
Toujours vos mélange entre démocratie et le niveau économique des personnes. Cela n'a rien en commun, en êtes-vous conscient ?