On sait qu'il y a eu un nettoyage ethnique de l'Arménie ottomane, une extermination de masse qui fit 1,5 million de victimes innocentes : le gouvernement jeune-turc d'alors, ayant profité de la 1ère Guerre mondiale. Mais qu'en est-il été avant 1914 ? Entre le Congrès de Berlin et 1914 ?
A la fin du XIXème siècle et au début du XXème, les exactions en Arménie occidentale seront rapportées par les voyageurs européens, par les missionnaires, par les consulats ou par les Arméniens vivant en France, en Grande-Bretagne ou en Italie.
Voici le témoignage de Madame Émilie Carlier, femme de consul, sur les massacres de 1894-96 :
http://www.imprescriptible.fr/documents/carlier/Il y a eu des massacres assez terribles. Par exemple le cas à Ourfa :
Ces égorgements sont les plus horribles de tous ceux qui se sont produits en Arménie. Début ordinaire, classique, quelques musulmans parcourent les rues en accusant les giaours d'attaquer les Turcs. La troupe, sortant des casernes, arrive. Elle fait des mouvements étranges, comme sur un terrain de manoeuvre, chasse peu à peu les Arméniens des quartiers excentriques pour les réunir, les masser au centre de la ville où le massacre sera plus aisé.Alors commence le carnage, le dépeçage des corps, les viols hideux. Sur la place quantité de jeunes filles, leurs vêtements arrachés, sont vendues aux Kurdes par lots.Le lendemain trois mille de ces malheureuses se sont réfugiées dans la cathédrale, portes fermées. Les assassins brisent les portes à coups de hache, puis une fois entrés, ils tuent les enfants, les filles dans les bras de leurs mères. Bientôt fatigués de tuer, tellement couverts de sang qu'ils n'étaient plus reconnaissables - il y avait parmi eux des mégères plus féroces encore que les hommes - Ils s'avisent d'un épouvantable expédient pour activer... Ils courent chercher du pétrole. Fatalité terrible, il y en avait cinquante caisses dans la cour de l'église ! Ils les défoncèrent. Les trois mille malheureuses furent lentement brûlées, tandis que, grimpés, sur l'autel. des mollahs, mains levées, remerciaient et bénissaient Dieu...L'archevêque qui avait vu du toit sur lequel il caché, monter les flammes, qui avait entendu les cris déchirants des victimes écrivit au vali : « Puisque tu as détruit mon peuple, puisqu'il n'y a personne sur la terre qui veuille le défendre, je vais rejoindre les victimes dans le sein du Seigneur, » Et il se coupa le artères. Il y eut douze mille morts...Les Juifs furent chargés d'enterrer les cadavres. Pendant plusieurs jours on les vit passer traînant les corps traités en bêtes immondes. Déjà en 1881, Saïd Pacha (1881), Grand Vizir du Sultan Hamid II, décalarait :
"Pour liquider la question arménienne, il faut liquider les arméniens".
Arthur Beylerian, Les grandes puissances, l’Empire ottoman et les Arméniens dans les archives françaises (1914-1918),, Introduction page : XV, Paris 1983 Editions de la Sorbonne : http://www.acam-france.org/bibliographi ... ian-arthurAdic (Paris)