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Message Publié : 09 Juin 2011 10:40 
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Quand on lit le récit de Jules Vallès dans "l'insurgé", on est frappé par l'intensité du mécontentement populaire dans le Paris où commence la Commune. Même en l'absence d'une organisation collective, il se serait produit des soulèvements à Paris, spécialement contre une chambre des députés à majorité royaliste.

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Message Publié : 21 Jan 2012 9:11 
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Bismarck s'est préparé à la guerre, il sait qu'il est prêt militairement, son but est la création de l'empire allemand. En fin stratège, il s'arrange pour que ce soit la France qui déclare la Guerre. L'empereur, qui a déjà perdu la guerre hasardeuse du Mexique, tombe dans le piège tendu par Bismarck. A l'époque de la capitulation honteuse de l'empereur à Sedan, l'équilibre militaire des forces en présence était encore favorable à la France. Cette capitulation est liée à des erreurs de stratégie militaire et à des fautes d'officiers supérieurs
Sous l'empire, le vrai pouvoir appartient aux industriels, Schneider et consorts. A la chute de l'empire, Bismarck court vers Paris à marche forcée, car il sait le potentiel militaire de la capitale. L'armée française en débâcle ne trouve pas mieux que de s'enfermer dans la capitale. Et s'ouvre le premier siège de Paris. Compte tenu des forces en présence, il est probable qu'une sortie bien organisée aurait fait voler en éclat ce premier siège, le ruban prussien qui encercle la capitale étant relativement mince. A cette heure, il est encore possible de retourner la situation à l'avantage de la France. Mais la bonne France, la France du capital, de la finance et de l'industrie craint cette force populaire qu'est la garde nationale, elle craint par dessus-tout une nouvelle révolution, et la prise du pouvoir par le peuple. Plutôt que de rechercher une stratégie militaire pour chasser l'ennemi, le gouvernement qui se met en place préfère s'abaisser à rechercher une conciliation avec l'envahisseur prussien. Le fait est connu, des entrevues entre les 3 Jules, et Thiers, avec Bismarck. En fin stratège, Bismarck veut attendre de voir qui sortira vainqueur de ce duel franco-français.
Lorsque Thiers et son gouvernement s'enfuient à Versailles, la commune de Paris en marchant sur Versailles aurait fait basculer l'histoire sans coup férir. Au lieu de cela, Thiers négocie lâchement avec Bismarck pour faire libérer les soldats français prisonniers. Son intention est bien de déclencher la guerre civile. Il ne s'agit pas d'une erreur, mais bien d'une volonté délibérée d'écraser une fois pour toutes, l'opposition "rouge". Il refuse toute tentative de conciliation de la Commune, et il y en a eu plusieurs.
Au lieu de cela, Thiers fait décréter l'état de siège, c'est-à-dire qu'il donne carte blanche à l'armée. Celle-ci va s'en donner à cœur joie, pour massacrer et massacrer encore. C'est une nouvelle St Barthélémy, en pire. Ceux qui en réchappent sont traités comme des animaux, on vient les voir comme des bêtes de foire, leur cracher dessus. Ils sont parqués dans des enclos à ciel ouvert, ou dans des réduits immondes. La justice est militaire, expéditive.
Et Thiers bombarde Paris, sans états d'âme. Pour sa défense, je pense qu'il ne s'attendait pas à tant de résistance. Mais les combats sont acharnés, les défenseurs sont acculés, ils n'ont plus d'espoir, que de se battre et mourir, pour l'honneur.
Une honte pour l'état français


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Message Publié : 21 Jan 2012 9:55 
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L'attitude de Thiers dans la Commune a été approuvée par Gambetta, Jules Grévy, Jules Favre et tous les républicains modérés, ainsi que par la province qui condamne une insurrection parisienne d'extrême gauche (François Furet).
Thiers sera acclamé et recevra en 1877 des obsèques nationales grandioses menées par Gambetta le fondateur de la 3è République, avec l'accord presqu'unanime des républicains.
Ci-joint une citation d'un message extrait du sujet Gambetta et la guerre de 1870: http://www.passion-histoire.net/n/www/viewtopic.php?f=45&t=29245

Alain.g a écrit :
François Furet ajoute un argument original: Gambetta a voulu en 1870 "envelopper l'extrême-gauche", une EG dont il savait la force accumulée sous l'empire, le renouvellement par la naissance du social et la vigueur, dans ce climat de déroute. il le compare à Danton s'efforçant de surmonter la puissance de la Commune insurrectionnelle.
Gambetta aurait eu l'intuition en septembre 1870 de l'éclatement prochain de troubles populaires graves à Paris (la Commune de Paris) et aurait pris les devants par son appel à la guerre pour noyer le mouvement de révolte d'une extrême gauche dont il craignait qu'elle saborde la République.
Il faut observer que Gambetta n'approuvera pas la Commune, tout comme de nombreux républicains modérés comme lui: Grévy, Favre ...
Un point rarement évoqué que cette opposition entre gauche républicaine et extrême-gauche insurrectionnelle en 1871, Une opposition qu'on retrouvera par la suite. Gambetta devait penser à l'effet malheureux des journées de Juin 1848.

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Message Publié : 11 Avr 2012 21:45 
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Je ne parviens pas à comprendre l'omerta qui règne autour de cette grande aventure qu'aurait pu être la Commune ? Omerta respectée par l'ensemble de la société : politique, intellectuelle, cinématographique, télévisuelle, radiophonique, même syndicale.
A ma connaissance, il n'y a qu'un film ou deux qui traitent le sujet
La société française aurait-elle mauvaise conscience ? A l'instar de l'affaire Dreyfus et de la guerre d'Algérie ?
A quand une reconnaissance nationale ? Jamais sans doute ?


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Message Publié : 11 Avr 2012 21:54 
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maxime1 a écrit :
Je ne parviens pas à comprendre l'omerta qui règne autour de cette grande aventure qu'aurait pu être la Commune ? Omerta respectée par l'ensemble de la société : politique, intellectuelle, cinématographique, télévisuelle, radiophonique, même syndicale.
A ma connaissance, il n'y a qu'un film ou deux qui traitent le sujet
La société française aurait-elle mauvaise conscience ? A l'instar de l'affaire Dreyfus et de la guerre d'Algérie ?
A quand une reconnaissance nationale ? Jamais sans doute ?


C'est pas une omerta, c'est juste passé de mode. Je me souviens de nombreux téléfilms dans ma jeunesse ou de documentaires parlant d'une manière ou d'une autre de la Commune. Surtout en 1970-71 pour son centenaire. Et puis on est passé à autre chose.

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Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable.
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Message Publié : 11 Avr 2012 23:39 
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maxime1 a écrit :
Bismarck s'est préparé à la guerre, il sait qu'il est prêt militairement, son but est la création de l'empire allemand. En fin stratège, il s'arrange pour que ce soit la France qui déclare la Guerre. L'empereur, qui a déjà perdu la guerre hasardeuse du Mexique, tombe dans le piège tendu par Bismarck. A l'époque de la capitulation honteuse de l'empereur à Sedan, l'équilibre militaire des forces en présence était encore favorable à la France. Cette capitulation est liée à des erreurs de stratégie militaire et à des fautes d'officiers supérieurs
Sous l'empire, le vrai pouvoir appartient aux industriels, Schneider et consorts. A la chute de l'empire, Bismarck court vers Paris à marche forcée, car il sait le potentiel militaire de la capitale. L'armée française en débâcle ne trouve pas mieux que de s'enfermer dans la capitale. Et s'ouvre le premier siège de Paris. Compte tenu des forces en présence, il est probable qu'une sortie bien organisée aurait fait voler en éclat ce premier siège, le ruban prussien qui encercle la capitale étant relativement mince. A cette heure, il est encore possible de retourner la situation à l'avantage de la France. Mais la bonne France, la France du capital, de la finance et de l'industrie craint cette force populaire qu'est la garde nationale, elle craint par dessus-tout une nouvelle révolution, et la prise du pouvoir par le peuple. Plutôt que de rechercher une stratégie militaire pour chasser l'ennemi, le gouvernement qui se met en place préfère s'abaisser à rechercher une conciliation avec l'envahisseur prussien. Le fait est connu, des entrevues entre les 3 Jules, et Thiers, avec Bismarck. En fin stratège, Bismarck veut attendre de voir qui sortira vainqueur de ce duel franco-français.
Lorsque Thiers et son gouvernement s'enfuient à Versailles, la commune de Paris en marchant sur Versailles aurait fait basculer l'histoire sans coup férir. Au lieu de cela, Thiers négocie lâchement avec Bismarck pour faire libérer les soldats français prisonniers. Son intention est bien de déclencher la guerre civile. Il ne s'agit pas d'une erreur, mais bien d'une volonté délibérée d'écraser une fois pour toutes, l'opposition "rouge". Il refuse toute tentative de conciliation de la Commune, et il y en a eu plusieurs.
Au lieu de cela, Thiers fait décréter l'état de siège, c'est-à-dire qu'il donne carte blanche à l'armée. Celle-ci va s'en donner à cœur joie, pour massacrer et massacrer encore. C'est une nouvelle St Barthélémy, en pire. Ceux qui en réchappent sont traités comme des animaux, on vient les voir comme des bêtes de foire, leur cracher dessus. Ils sont parqués dans des enclos à ciel ouvert, ou dans des réduits immondes. La justice est militaire, expéditive.
Et Thiers bombarde Paris, sans états d'âme. Pour sa défense, je pense qu'il ne s'attendait pas à tant de résistance. Mais les combats sont acharnés, les défenseurs sont acculés, ils n'ont plus d'espoir, que de se battre et mourir, pour l'honneur.
Une honte pour l'état français


Il me semble détecter dans cette philippique une forte teneur en n’importe quoi.
Sur quoi vous fondez-vous pour affirmer qu’après Sedan, l’équilibre des forces est encore favorable à la France ? Des deux armées qu’avait l’Empereur, celle de Mac Mahon vient justement d’être vaincue et capturée à Sedan (elle ne se replie pas à Paris comme vous le dites, elle est dans son immense majorité maintenue en captivité à proximité de Sedan), et celle de Bazaine est assiégée à Metz (bien que Bazaine porte une lourde responsabilité dans la défaite, on voit mal à ce moment-là comment il pourrait secourir Paris).
De la sorte, même si une sortie précoce de la garnison de Paris avait pu retarder l’établissement du siège (on ne sait comment face à une armée prussienne professionnelle et aguerrie de plus de 200 000 hommes), il n’y avait aucun renfort à espérer par ailleurs et le siège allait de toute façon être établi.
Quant à la suite des événements, renseignez-vous mieux sur la période sept.1870-janv.1871, vous découvrirez que votre hypothèse a justement été testée dans les faits par Gambetta et ce gouvernement « des Jules » que vous accusez de défaitisme. Gambetta, persuadé lui aussi à ce moment que la France peut encore vaincre, lève des armées dans tout le pays (dans le Nord, sur la Loire et dans l’Est) pour repousser les Prussiens et, en premier lieu, dégager Paris. Malgré quelques succès locaux, ces 4 mois de guerre de plus se soldent par un échec et il ne parvient jamais à inquiéter vraiment les assiégeants.
Quant aux sorties, il y en a bel et bien eu, sous la pression justement des gardes nationaux : elles ont toutes fini par un échec plus ou moins sanglant.
Vu de février 1871, la France vient donc de perdre 2 guerres. Elle est à bout de ressources et il n’y a plus d’autre solution que de faire la paix.
Je vous laisse ensuite la responsabilité de votre description des événements de la Commune et de la comparaison avec la Saint-Barthélémy… Je ne cherche pas à me faire l’avocat de Thiers et encore moins de la majorité parlementaire de l’époque.
Cependant une question : « Lorsque Thiers et son gouvernement s'enfuient à Versailles, la commune de Paris en marchant sur Versailles aurait fait basculer l'histoire sans coup férir. » : alors pourquoi diantre ne l’ont-ils pas fait ?


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Message Publié : 12 Avr 2012 9:06 
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Georges Duby
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C'est en isolant une extrême-gauche insurrectionnelle particulière à Paris et chauffée par la guerre et le siège de la capitale, ignorée en province que Thiers, approuvé par Gambetta, Ferry et tous les républicains modérés, a évité que se renouvelle le cycle révolutionnaire de la Convention et des journées de Juin 1848, qui par leurs excès ont mis fin à la Révolution au profit des deux Napoléon.
On peut reprocher à Thiers des méthodes trop dures, excessives pour notre regard, mais pas d'avoir évité une nouvelle Convention et une victoire de la Commune insurrectionnelle du type de 1793 (les enragés). Approuvé comme je l'ai déjà précisé par Gambetta, selon l'analyse de François Furet, Thiers, sans le savoir encore en 1871, a préservé la proclamation de la république.
La vérité est souvent difficile à déméler et surtout difficile à affronter. Reprendre les vieux clichés est une facilité parfois idéologique.
L'histoire est tragique. Elle réserve aussi des surprises comme F. Furet l'a démontré.
La Commune de Paris de 1871 n'est pas une préparation de la 3è République, elle en est la négation.

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Message Publié : 12 Avr 2012 10:23 
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Bonjour,
Concernant la Commune de Paris, je vous renvoie à l'excellent ouvrage de Georges Soria : La grande histoire de la Commune. Ouvrage exceptionnellement illustré et documenté, dont l'objectivité me semble indubitable.
Lors de la capitulation de l'empereur à Sedan, puis de la reddition de Bazaine à Metz, il est vrai que l'ennemi a fait beaucoup de prisonniers. Parmi les prisonniers, des généraux, maréchaux et la fine crème de l'état major français. La Pruse a également fait main basse sur un armement considérable.
Il est certain qu'à ce stade, la France est à genoux. Or, un calcul arithmétique simpliste des forces encore disponibles sur le territoire français, en hommes et matériel, laisse apparaître un bilan positif. Le désastre de Sedan, et la chute brutale du gouvernement, n'ont pas permis une réaction d'ampleur nationale, c'est ainsi.
Bismarck, lui, connaissait ce bilan, et la menace que représentait la garde nationale. C'est pourquoi il a avancé sur Paris à marches forcées.
Pourquoi les communards n'ont pas poussé l'avantage et marché sur Versailles, je pense que la réponse réside dans le caractère profondément démocratique et utopique du mouvement : Chaque décision était sujette à tergiversation. Quand la commune a décidé de marcher sur Versailles, c'était déjà trop tard.
Je crois également que la Commune n'avait pas au départ, l'intention d'une prise de pouvoir en France. Elle aurait sinon, commencé par bloquer la Banque de France, coupant ainsi tout subside à Thiers. Elle voulait seulement rallier la France à son idéologie.
Devant la réaction de Thiers, qui refusa toute idée de dialogue, sous les assauts de Thiers, bombardant Paris et maltraitant les prisonniers, la position des communards s'est peu à peu radicalisée, et il est possible qu'elle eut pu prendre la forme d'une nouvelle convention.
Je reste persuadé que le pire de la Commune, radicalisation, incendies, exécutions, relève de la responsabilité d'Adolphe Thiers
Le meilleur de la Commune, idéologie, formidable fourmilière d'idées novatrices, décrets populaires et autres, est à la gloire des communards. On ne parle jamais du meilleur, c'est dommage.
Comme on ne parle jamais des exécutions sommaires par l'armée toute puissante sous l'état de siège accordé par le gouvernement Thiers, sous l’œil amusé d'un Bismarck tout puissant et arbitre, armée en revanche de la défaite de 1870. On ne parle pas des conditions déshonorantes de captivité, on ne parle pas des tribunaux militaires, ni des déportés en Nouvelle Calédonie.
Alors oui, la comparaison avec le massacre des la St Barthélémy est un peu simpliste, quoique : Lors de la semaine sanglante, il n'était pas question de religion, mais d'idéologie : Il fallait coûte que coûte mettre fin à ces soulèvements d'origine populaire, que le peuple ne se mêle plus de politique ni d'idéologie populaire et syndicale. Qu'il se contente de travailler
Le gouvernement Thiers a voulu mettre un point d'arrêt à cet esprit révolutionnaire. Il y est parvenu pour de longues années.


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Message Publié : 12 Avr 2012 21:02 
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maxime1 a écrit :
Je reste persuadé que le pire de la Commune, radicalisation, incendies, exécutions, relève de la responsabilité d'Adolphe Thiers

Par principe, je réfute cette approche : les hommes sont responsables de leurs actes. Thiers a déjà assez de sang sur les mains sans qu'on lui impute en plus les excès de la Commune. Ou bien plus rien n'a de sens et pourquoi pas, alors, attribuer inversement aux Communards les horreurs de la semaine sanglante.

maxime1 a écrit :
Le meilleur de la Commune, idéologie, formidable fourmilière d'idées novatrices, décrets populaires et autres, est à la gloire des communards. On ne parle jamais du meilleur, c'est dommage.
Comme on ne parle jamais des exécutions sommaires par l'armée toute puissante sous l'état de siège accordé par le gouvernement Thiers, sous l’œil amusé d'un Bismarck tout puissant et arbitre, armée en revanche de la défaite de 1870. On ne parle pas des conditions déshonorantes de captivité, on ne parle pas des tribunaux militaires, ni des déportés en Nouvelle Calédonie.


ça dépend sans doute de qui on écoute ou on lit. Que ce soit dans les inscriptions au Père Lachaise, dans les écrits de Hugo, de Marx ou de Lénine, dans les nombreuses biographies écrites ou filmées de Louise Michel ou l'édition de ses mémoires (Amazon donne de nombreuses référenes récentes), dans la propagande politique d'extrême gauche depuis un siècle (et récemment du NPA de Besancenot se réclamant explicitement de la Commune), ou même les reprises récentes du "temps des cerises", la Commune a largement bénéficié d'une communication positive.


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Message Publié : 12 Avr 2012 22:20 
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Les excès de la Commune sont la cause directe et irréfutable des excès des Versaillais, donc de Thiers

Au bilan de ses 30000 victimes, au bas mot, la Commune n'a pas bénéficié de grand chose
Les communications positives évoquées sont le fait de gens du peuple, ce qui est la moindre des reconnaissances.
Quant à l'état français, pas un regret, un mot, une citation, rien

Il faut dire que la grande majorité des intellectuels de l'époque condamnait publiquement la Commune, Daudet, Sand, Zola, Dumas. Flaubert , Taine, Renan, Mendès et j'en passe
L'ignoble E. de Goncourt écrit ceci le 31 mai : « Enfin la saignée a été une saignée à blanc ; et les saignées comme celle-ci, en tuant la partie bataillante d'une population, ajournent d'une conscription la nouvelle révolution. C'est vingt ans de repos que l'ancienne société a devant elle si le pouvoir ose tout ce qu’il peut oser en ce moment ».

Restent Anatole France et l'immense Hugo, pour défendre sinon la Commune, au moins les Communards, hommes et femmes livrés à la vindicte bestiale. Il n'y a que lui et la presse internationale qui s'insurgeront du traitement réservé aux Fédérés, qui durera bien au-delà de la semaine sanglante.

Restent aussi Rimbaud et Courbet, séduits tous deux par cette folle espérance. Gustave ne s'en remettra pas, qui décèdera le 31 décembre 1877, il avait 58 ans




ça dépend sans doute de qui on écoute ou on lit. Que ce soit dans les inscriptions au Père Lachaise, dans les écrits de Hugo, de Marx ou de Lénine, dans les nombreuses biographies écrites ou filmées de Louise Michel ou l'édition de ses mémoires (Amazon donne de nombreuses référenes récentes), dans la propagande politique d'extrême gauche depuis un siècle (et récemment du NPA de Besancenot se réclamant explicitement de la Commune), ou même les reprises récentes du "temps des cerises", la Commune a largement bénéficié d'une communication positive
[/i]

indubi


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Message Publié : 13 Avr 2012 6:26 
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Citer :
Quant à l'état français, pas un regret, un mot, une citation, rien

C'est un peu normal. Ceux qui critiquent le régime républicain - et le combattent - n'ont pas de reconnaissance particulière à avoir.
Cet épisode place pour un bon bout de temps une partie de "l'extrême-gauche" de l'époque (divers courants socialistes) dans une position hostile à la République.

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Message Publié : 13 Avr 2012 10:09 
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Duc de Raguse a écrit :
Citer :
Quant à l'état français, pas un regret, un mot, une citation, rien

C'est un peu normal. Ceux qui critiquent le régime républicain - et le combattent - n'ont pas de reconnaissance particulière à avoir.
Vous voulez dire ceux qui combattent la Commune, car la répression opérée par Thiers s'effectue avec l'accord de Gambetta, Jules Ferry, Jules Simon, Jules Grévy et tous les républicains modérés qui vont installer et animer la 3è République, ils ne critiquent pas le régime républicain, députés ils sont la République et se tairont encore plus quand ils auront le pouvoir !
Le silence des républicains modérés s'explique plutôt par l'apreté de la lutte entre les deux camps, les excès des deux côtés, l'enjeu de cette guerre civile. Ils se sont tus car ils approuvaient la repression mais en étaient certainement gênés, mal à l'aise, d' où le choix du silence.
Il faut comprendre aussi qu'à l'époque la Commune de Paris est fortement impopulaire, à Paris et totalement en province.
La plupart des gens était révoltée par les excès des communards, les monuments publics brulés en particulier, comme l'Hotel de Ville.
Le mieux pour les Elus républicains apparaissait donc de se taire et de ne pas se solidariser avec les communards. Trop dangereux politiquement. Gambetta malade avait quitté Paris.
Par contre pour les monarchistes qui appuyent Thiers et tiennent la Chambre, le silence est plus facile à interprêter, les communards sont un ennemi dangereux qu'il faut extirper de la vie politique du pays.

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Message Publié : 13 Avr 2012 11:10 
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Vous voulez dire ceux qui combattent la Commune

Ben non, c'est l'inverse justement... :rool:
Maxime1 déplore le fait que l'Etat français - dans sa forme républicaine - n'a jamais eu de regrets concernant la Commune. Ce qui est normal, puisque les Communards se sont révoltés contre lui.

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Message Publié : 13 Avr 2012 11:42 
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Alain.g a écrit :
Maxime1 déplore le fait que l'Etat français - dans sa forme républicaine - n'a jamais eu de regrets concernant la Commune. Ce qui est normal, puisque les Communards se sont révoltés contre lui.


D'une logique stratégique et politicienne, je rejoins votre point de vue
D'une logique humaine humaniste et populaire, et au vu de la répression sanguinaire et farouche, on eut été en droit, à mon sens, d'espérer après tout ce temps un petit signe de compassion

Il est vrai que l'actualité aidant, il ne faut pas s'attendre à un quelconque attendrissement. Le NPA ne se revendique-t'il pas de la Commune et de ses idéaux ?


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Message Publié : 13 Avr 2012 14:47 
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Duc de Raguse a écrit :
Ceux qui critiquent le régime républicain - et le combattent - n'ont pas de reconnaissance particulière à avoir.
Cet "à avoir" est le problème pour comprendre. Vous voulez dire " à attendre ".

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