Nous sommes actuellement le 28 Mars 2024 22:55

Le fuseau horaire est UTC+1 heure




Publier un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 1 message ] 
Auteur Message
Message Publié : 26 Août 2002 1:20 
Hors-ligne
Grégoire de Tours
Grégoire de Tours
Avatar de l’utilisateur

Inscription : 23 Mai 2002 23:54
Message(s) : 601
Localisation : N France / Haute-Normandie / Seine-Maritime / Rouen
Bonsoir

Le 9 novembre 1870, l'armée du général Deplanque, faisant partie du 16eme corps d'armée aux ordres du général Chanzy, remporta une victoire indiscutable sur les allemands :

Revivons ces événements avec l'un des régiments de cette armée, le 33eme Régiment de mobiles de la Sarthe, qui fut l'un des acteurs importants de cette victoire.

Cette unité est créée au Mans, courant septembre 1870, autour de quelques jeunes cadres et placée sous les ordres du lieutenant-colonel de la Touanne.

Les gradés (sergents et caporaux) ont touché des vareuses de drap bleu foncé avec collets rouges. Les hommes de troupe sont habillés d'une blouse de toile bleue, d'un pantalon bleu clair à larges bandes rouges et d'un képi de mêmes couleurs.

La plupart de ces mobiles ont la chance d'être dotés du fusil Chassepot (modèle 1866) et de son sabre-baïonnette, alors que dans d'autres unités, ils doivent se contenter de fusils à « tabatière », parfois dépourvus de baïonnette, voire de vieilles pétoires du modèle 1822 transformé à percussion.

Le 25 octobre 1870, le 33eme Régiment de mobiles qui fait brigade avec le 371eme de marche, quitte sa caserne de Blois où il était cantonné depuis son transfert du Mans, pour gagner la forêt de Marchenoir située à 35 kilomètres à l'ouest d'Orléans et 20 kilomètres au sud de Châteaudun-en-Beauce, ville qui a été incendiée une semaine auparavant.

Pendant une semaine, la 1ere Division séjourne au camp de Vievy-le-Rayé (à la lisière nord ouest de la forêt), où ses troupes se livrent à des manoeuvres et préparatifs divers. Ainsi début novembre, plusieurs sous-officiers, vétérans des campagnes d'Italie et du Mexique, apprennent, à leurs jeunes recrues, à aiguiser, puis à effiler la lame de leur sabre-baïonnette à l'aide de morceaux de pierre et de brique.

Le 8 novembre au matin, le 33eme et le 37eme quittent le camp, barda sur le dos et, par longues colonnes de bataillons entiers. Ils se dirigent vers l'est.

Après une marche éreintante dans les champs récemment labourés, coupés de fossés et buttes de terre, la brigade arrive enfin à Ouzouër-le-Marché (à 12 kilomètres de Coulmiers) où elle est de nouveau inspectée par son chef, le général Deplanque, ancien de la Légion étrangère.

Le 9 novembre, alors que le jour n'est pas encore levé, les troupes sont réveillées sans bruit par les sous-officiers, sans qu‘aucune sonnerie de clairon ne retentisse ....

« Après un rapide café, les faisceaux furent levés et le régiment fut rassemblé sur une ligne immense. Vers huit heures, l'ordre est donné de porter l'arme sur l'épaule droite et de nous diriger, en premier lieu, vers le clocher de Charsonville (à 5 kilomètres à l'est de Ouzouër-leMarché), les officiers et sous-officiers veillant à ce que nous conservions scrupuleusement notre alignement ».

Le général en chef, d'Aurelle de Paladines, a donné l'ordre au 16eme Corps, aidé sur sa gauche (au nord) de deux divisions de cavalerie, de tenter de tourner la droite du dispositif allemand. Le général Chanzy qui sait que l'essentiel de ses troupes est inexpérimenté, avait demandé à ses officiers d'adopter un dispositif d'approche de l'ennemi « en ligne de bataillons en colonnes doubles à intervalle de déploiement». Des éclaireurs à cheval (des hussards et chasseurs de marche) et des tirailleurs précédent le gros des troupes. L'artillerie divisionnaire est placée dans l'intervalle des bataillons.

Vers onze heure, au sortir du village d'Epieds-en-Beauce (à 4 kilomètres à l'est de Charsonville), le contact est pris avec l'armée bavaroise. Il s'agit de la 2eme brigade, commandée par le général von Orff.

« Dans nos rangs, chacun de nous glissa, sans mot dire et sans ordre, une cartouche dans le canon de son Chassepot. Le bruit sec de tous ces fusils que l'on armait forma un cliquetis prolongé ».

Rapidement, ce bruit est couvert par le sifflement des balles, le craquement des mitrailleuses et surtout les détonations des canons ennemis installés entre Coulmiers et Saint Sigismond (à 5 kilomètres au nord).

Le combat commence pour le 16eme Corps et plus spécialement pour le 3eme Régiment.

« Notre régiment avait cessé d'avancer. L'inquiétude gagnait les jeunes recrues qui voyaient leurs camarades tomber autour d'eux. Les rangs commençaient à flotter ».

Par leur énergie et leur volonté, les cadres du 33eme réussissent cependant à maintenir la cohérence parmi leurs hommes et leur donnent l'ordre de se coucher à terre, pour se protéger .

« A ce moment décisif, l'amiral Jauréguiberry arriva près de nous, suivi d'une batterie d'artillerie lourde des pièces de douze - et aidé de son sabre ordonna leur mise en position ».

Par chance, les obus bavarois causent des pertes limitées. Les projectiles en tombant s'enfoncent profondément dans le sol meuble et détrempé; les obus restent englués dans la boue, voire n'explosent même pas.

Vers midi, profitant du duel d'artillerie entre les batteries françaises et allemandes, l'amiral fait modifier le dispositif de combat du 33eme . Au pas de gymnastique, les hommes se regroupent « en colonnes de compagnie » et sont placées perpendiculairement aux troupes bavaroises. Ils sont prêts pour l'assaut.

Malgré un feu intense, deux bataillons du 33eme s'empare du hameau de Cheminiers (à 4 kilomètres au nord de Coulmiers) à la baïonnette, tandis qu'un bataillon du 37eme de marche conquiert celui de Champs à l'arme blanche (à 3 kilomètres au nord de Cheminiers).

Vers une heure, le haut commandement allemand prend conscience que cette action va complètement déborder ses troupes sur sa droite. Il envoie, vers trois heures, des renforts importants d'infanterie, de cavalerie et d'artillerie. Pour la brigade Deplanque la lutte est sévère. Le hameau de Champs doit être abandonné. Celui de Cheminiers tient péniblement.

Les Chassepots des mobiles du 33eme sont brûlants, à force de tirer. Plus grave, ils s'encrassent et obligent plusieurs soldats à ramoner le canon et la culasse du fusil avec sa baguette attenante, sous les feux de l'ennemi.

« L'admirable courage de l'amiral Jauréguiberry permit de maintenir la cohésion et l'ardeur nos jeunes troupes, face à un ennemi expérimenté et vaeureux ».

Le renfort d'une nouvelle batterie de 12 et l'engagement de la 1ere Brigade (général Bourdillon) de la 1ere Division parviennent enfin à rétablir l'équilibre du combat.

A cinq heures, toutes les unités de la lere Division repartent à l'offensive. Le hameau de Champs est repris par les Français . Celui d'Ormeteau (à 2 kilomètres au nord de Coulmiers) est enlevé, au pas de course, par un bataillon du 33eme et notamment par le capitaine Couturié (de la 61me compagnie) qui sabre au clair entraîne ses hommes dans un assaut à la baïonnette, digne des vieilles troupes de lignes Françaises .

Après l'occupation de ces deux localités et de Coulmiers qui était déjà tombée, une heure auparavant, après une attaque héroïque de la 2eme Division (général Barry) du 161eme Corps, l'ennemi est obligé de retraiter vers le nord-est.

Le 33ème fait quelques dizaines de prisonniers dont des artilleurs bavarois armés de Chassepots récupérés à Sedan, sur les soldats français, dans les premiers jours de septembre 1870.

Cette victoire, qui coûte 44 tués et 220 blessés au 33eme Régiment de mobiles de la Sarthe, n'est pas exploitée par la cavalerie française (général Reyau) et plus globalement par le général d'Aurelle de Paladines et son état-major.

Plus tard, un mobile du 33eme, le sergent major Erard (4eme Compagnie du 21eme Bataillon), survivant de tous les combats du régiment, jusqu'à Laval (le 17 janvier 1871), écrira:

« Quel motif avait bien pu empêcher le général en chef d'utiliser l'enthousiasme dont nous étions animés, après cette journée du 9 novembre, pour nous faire marcher de l'avant... nous étions capables de faire de grandes choses ».

Certains historiens vont même jusqu'à penser que cette victoire de Coulmiers fut « détestable », car elle allait à l'encontre des projets de paix immédiate d'un grand nombre de politiques (A. Thiers, ... ) et généraux français pour qui la priorité première était de préserver, voire de rétablir l'ordre social .

Sources : Mobiles de la Sarthe ( St.Major Erard)

_________________
Bien qu’on ait du cœur à l’ouvrage, l’Art est long et le Temps est court.

Charles Baudelaire


Haut
 Profil  
Répondre en citant  
Afficher les messages publiés depuis :  Trier par  
Publier un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 1 message ] 

Le fuseau horaire est UTC+1 heure


Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 7 invité(s)


Vous ne pouvez pas publier de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas insérer de pièces jointes dans ce forum

Recherche de :
Aller vers :  





Propulsé par phpBB® Forum Software © phpBB Group
Traduction et support en françaisHébergement phpBB