Il y a quelques années j’avais suivi une émission télévisée consacrée au Titanic. Y avaient été invités deux officiers de marine à titre d’experts. A propos de l’option du choc frontal leur réponse a été : «
Oui, peut-être, mais j’aurais fait comme lui », à savoir tenter d’éviter l’iceberg en donnant de la barre.
A la suite d’essais de reconstitution menés sur l’Olympus, on sait que l’iceberg se trouvait 500 m sur l’avant au moment de l'alerte. Le navire l’a frotté une quarantaine de seconde après. Il avait perdu peu de vitesse. On peut estimer celle-ci à au moins 15 kt lors de la collision.
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1) stop et on rentre dans l'iceberg, et le bateau ne coule pas.
Il ne coule pas ? On n’en sait rien. On n’a pas essayé. Vous imaginez le choc, 50 000 t (10 000 de plus que le porte-avions Charles de Gaulle pour fixer les idées) s’écrasant sur la masse de glace ? Peut-on affirmer que la coque n’aurait pas plié, provoquant la rupture d’un grand nombre de rivets ?
On a certes un exemple de choc frontal réussi. C’est celui du Royal Edward en 1914. L’alerte fut donnée alors que l’iceberg se trouvait à moins de 500 m. Il y eut quelques dégâts mais le navire put poursuivre sa route sans assistance. La différence avec le Titanic était qu’il avançait à vitesse réduite (
dead slow dans les rapports), soit 7 kt au plus, et qu’il se passa près d’une minute avant le choc, les machines ayant commencé à battre en arrière. La vitesse lors de l’impact ne devait guère être supérieure à 5k avec donc
une énergie cinétique qu’on peut estimer à neuf fois inférieure à celle du Titanic lors de son accident.
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2) en avant toute et barre à babord toute : on accélère et on ne touche pas
Accélérer quand on est déjà à 21 kt ? Surtout que le rayon de giration dépend très peu de la vitesse. Vouloir appliquer un coup de fouet sur le safran comme on le fait lors des manœuvres de port alors qu’on est près de la vitesse maximale est insensé.
On ne peut rien affirmer. Il n’y avait probablement rien à faire. L’erreur fut d’avoir maintenu une telle vitesse de nuit sans prêter attention à différents messages signalant des icebergs. Le terme
iceberg figure bien dans les messages reçus par le Titanic comme cela a été reconnu lors des enquêtes. Il ne s'agissait pas seulement de fines plaques de glace.