Bonjour à tous,

Je souhaiterais discuter avec les intéressés de deux aspects peut-être trop méconnus (surtout le second) de la IIIème République: d'un côté, l'extrême pauvreté, c'est à dire la condition ouvrière, de l'autre l'enrichissement aux frais de l'Etat.

La condition ouvrière, tout d'abord. Sous le IInd Empire, régime qui autorisait les patrons à faire travailler leurs ouvriers entre entre douze et seize heures par jour selon les régions, la proportion d'enfants ouvriers qui mourraient avant l'âge adulte était de....80%.
Les premières réformes ouvrières datent, si ma mémoire est bonne, du timide mandat Clemenceau. à partir de 1871, date de la chute du IInd Empire, jusqu'en 1906, les conditions de vie des ouvriers ont-elles évoluées, dans un sens ou dans l'autre?
J'ai à peu près étudié la période juqsu'en 1885, et je n'en vois aucune (si ce n'est la loi Waldeck-Rousseau, qui n'est pas une réforme économique...). Un fin connaisseur saurait-il si cette mortalité infantile (80% sous le IInd Empire) a évoluée?
Les lois Ferry sur la scolarité obligatoire jusqu'à treize ans ont-elles pu restreindre le travail des enfants dans les usines (qui, rapelons-le, n'était interdit qu'avant huit ans).

à l'opposé, la France était criblée d'une dette assez colossale (je n'ai plus les détails en tête; toujours est-il qu'après la Révolution elle a été amplifiée considérablement par la monarchie de Juillet, plus encore par la IInde République, et doublée, je crois, par le IInd Empire (en même temps, mettre un banquier comme Achille Fould comme ministre des finances et le régent de la Banque de France à la tête du Corps Législatif...; je vous renvoie ici: http://fr.wikisource.org/wiki/La_Dette_%20...%20%C3%A9nuer). Que s'est-il passé à partir de 1871?
Je ne trouve rien, ou presque. Sinon que de 1870 à 1880, le nombre de créanciers Français détenant la dette d'Etat serait passé de un million à...quatre millions (ce qui dans un pays de trente six milllions d'habitants me paraît hallucinant, voire totalement faux) (j'ai trouvé ça sur wikipédia qui renvoyait à un ouvrage de référence).

Qu'a fait la IIIème République d'avant-guerre au sujet de la dette gigantesque héritée du IInd Empire? L'a-t-elle remboursée, annulée, renégociée?

Mmoui, la charge de la dette diminue tout au long de la IIIème République, les budgets étant généralement en excédent. Et honnêtement, je ne vois guère de rapport entre le travail des enfants et les emprunts d'Etat.

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Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer (Guillaume le Taciturne)

Si l'Etat doit mobiliser des crédits pour payer une dette immense, il en a moins pour ce qui relève de la redistribution (qui de toute manière était quasi nulle à l'époque).
Il me semble que c'est toi qui m'avait transmis le lien qui évoquait la dette de 1848 à 1871. N'aurais-tu pas la même chose pour la période s'écoulant de 1871 à 1914?
Les très rares documents que je trouve sur la dette de cette période sur internet indiquent plutôt une augmentation, mais je ne trouve jamais de source sûre...

En 1914, la dette est de 31,5 milliards de Francs, soit grosso-modo 13,5 % du revenu national.

http://books.google.fr/books?id=KnkvMnO ... 22&f=false

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Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer (Guillaume le Taciturne)

Merci pour ce document intéressant!

à propos des lois sur le travail, je n'en vois guère jusqu'au gouvernement Clemencea, si ce n'est celle adoptée le 19 mai 1874 concernant le travail des enfants, interdit avant dix ans, et limité à six heures par jour jusqu'à douze ans.

http://static.canalblog.com/storagev1/histobully.canalblog.com/docs/Loi_du_19_mai_1874.pdf

Vous y allez un peu fort contre Napoléon III car le travail non limité date de bien avant la Restauration, laquelle au vu du rapport du docteur Villermé, a promulgué la loi du 22 mars 1841 qui interdit le travail des enfants de moins de 8 ans et limite à 8 heures pour ceux âgés entre 8 et 12 ans.
Je doute pour cette raison de votre taux de mortalité de 80 % des enfants d'ouvriers sous le second empire. Jamais on ne lit des choses pareilles dans un ouvrage sérieux à ma connaissance du moins.

Sur le net: " L’historien E. P. Thompson soutient que l’intensité du travail des enfants s’est considérablement accrue entre 1780 et 1840 et il précise : « Dans les fabriques, la main d'œuvre enfantine et adolescente augmentait tous les ans ; et, dans plusieurs métiers "indignes", la journée de travail s'allongeait et le travail s'intensifiait19. »...
L’arrivée massive des enfants dans les usines rend bien visibles leurs conditions de travail misérables et surtout les expose au grand jour. Des enquêtes permettent d’obtenir des évaluations du phénomène. La Statistique générale de la France de 1840 recense 130 000 enfants de moins de 13 ans dans les ateliers de plus de dix salariés, 20 % des mineurs de Carmaux sont des enfants en 1850 et vers 1840, les enfants forment 12 % des ouvriers de l’industrie. ...
Le travail des enfants est d’abord réglementé avant d’être aboli. En Angleterre, le Factory Act de 1833 interdit, dans l’industrie textile, le travail des enfants de moins de 9 ans, et limite le temps de travail journalier en fonction de l’âge (10 heures pour les enfants de 9 à 14 ans, 12 heures pour ceux entre 14 et 18 ans) ; cette loi n’est élargie à l’ensemble des activités qu’en 1853.
En France, Villermé publie son Tableau de l’état physique et moral des ouvriers, tableau horrifiant des conditions de travail des enfants, tandis que Dupin écrit Du travail des enfants en 1840, ce qui mène à la loi du 21 mars 1841 portant l’âge minimum à 8 ans et limitant le travail de nuit. La durée de travail est aussi réglementée et la scolarisation obligatoire jusqu’à 12 ans mais ces mesures n’ont que peu d’effet, Villermé dénonçant des industriels qui cachent les enfants lors d’inspections. En 1874, une nouvelle loi limite l’emploi avant 12 ans. "

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Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.

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