Jadis a écrit :
Alain.g a écrit :
L'une des raisons pour lesquelles Clémenceau et les radicaux modéreront leur anticolonialisme tient probablement à leur rapprochement des opportunistes et à un glissement vers le centre, les socialistes prenant leur place à l'extrême gauche.
Les radicaux sont assez féroces dans leur anticolonialisme, particulièrement en 1881 à l'occasion de la question algérienne mais aussi en 1885 à l'occasion de l'Affaire du Tonkin (avec la démission de Ferry). Cet anticolonialisme du parti radical se retrouve encore dans les discours de Camille Pelletan contre la conquête du Dahomey (1892) et contre l'expédition de Madagascar (1895).
Oui, je le sais bien qu'il a été virulent dans son anticolonialisme, Clémenceau, mais c'était au début de la 3è République, avec la pointe du combat politique contre Ferry en 1885, et c'est pour cette raison que les historiens ont noté la disparition progressive de son sentiment anticolonialiste, que j'ai essayé d'expliquer en en cherchant les raisons. Il y a deux temps.
Clémenceau est très politique. C'est un combattant. Il a utilisé l'anticolonialisme parce qu'il s'en servait, outre ses convictions républicaines, pour faire progresser sa cause et lutter contre les républicains modérés.
L'implication des milieux d'affaires dans le colonialisme, très apparente alors, a du le révulser, par ailleurs. Elle était dénoncée avec violence dans les années 80. Pour Clémenceau c'était aussi un bon point d'attaque contre les opportunistes. Ensuite, l'opinion s'est habituée au colonialisme qui a fini par faire partie du paysage. Je me demande aussi si Clémenceau n'a pas pris conscience qu'il faisait le jeu des socialistes qui sont alors à l'extrême gauche et le débordent sur sa gauche. Clémenceau a dans les années 90 changé de thème politique et est revenu à l'anticléricalisme plus porteur et futur thème principal des radicaux en évitant le thème social qui n'est pas leur thème préféré.
Un complément pour explique l'anticolonialisme de l'opinion dans les années 80, en plus des arguments cités plus haut (affairisme, spéculation financière, fait le jeu de Bismarck), on doit citer d'une part le coût financier de plus en plus élevé des expéditions, qui nécessitent des demandes incessantes de compléments de crédits déclenchant à la Chambre des débats houleux avec des incidents de séances.
D'autre part, la population craint de plus en plus qu'on envoie la jeunesse du pays se battre pour les colonies. Les gouvernements se gardent bien de préciser les besoins d'appel au contingent qui vont aller croissant car la France n'a pas alors d'armée coloniale en rapport avec ses ambitions. L'opinion s'en alarme. On le verra aux élections de 1885 qui au 1er tour montrent un bon score des conservateurs, tous anticolonialistes, ce qui amène les républicains à se grouper pour l'emporter au second..