Barbetorte a écrit :
J'ai fini par comprendre comment on peut insérer une image. Donc voilà la fameuse caricature :
Merci pour l'image... qui reste une caricature parmi tant d'autres à ce moment.
Alain.g a écrit :
C'est bien l'Etat-major et les Juges militaires que Zola accuse... présente les débuts de l'affaire Dreyfus comme une opposition entre les dreyfusards qui "défendent la justice, la vérité les droits de l' individu" et les antidreyfusards qui protègent " l'armée et la raison d'état jugeant que l'intérêt du pays compte plus que la vie d'un individu." Le mot d'antisémitisme est à peine prononcé. La présentation de l'affaire Dreyfus a beaucoup évolué.
Je suis d'accord sur la manière dont l'affaire a été revisitée.
De 94 à 97 c'est l'affaire avant l'Affaire. Dreyfus est condamné. Illégalité et forfaiture font que le quidam est envoyé à l'île du Diable. Personne ne bouge. Pas même la communauté juive qui voit en l'armée une admirable école de tolérance.
Puis l'affaire devient l'Affaire. Les premiers déclics se déclenchent dans le monde de l'imprimé (
L'Eclair,
Le Matin)Apparaît l'une des pièces du "
dossier secret". Une brochure favorable à Dreyfus sort. Elle est adressée à toutes les notabilités politiques, littéraires et aux journalistes. C'est au surlendemain de l'acquittement d'Esterhazy que tout le monde se réveille. Les premiers acteurs dont l'obstination fera de l'affaire Dreyfus une affaire nationale qui sont-ils ?
Après la bombe Zola, à chaque noeud de la crise s'enroule un lambeau de l'organisme social. Il a donc fallu attendre 1899 pour que le gouvernement prenne dans l'affaire Dreyfus une position conforme aux exigences minimales de la tradition républicaine.
On évoque l'armée mais qu'est l'armée ? Pas le contingent. Elle n'existe que par ses cadres qui vivent en marge de la société civile. On ne progresse qu'au gré des promotions. Toucher à l'Etat Major est critiquer l'armée dans ce qu'elle a de plus haut. Le pouvoir civil dont dépend l'armée semble bien petit. [
… Avec le départ et le remplacement des chefs de la vieille armée d'origines sociales disparates, les liens n'ont cessé de se renforcer et de se multiplier entre les hautes sphères de l'armée et les milieux dirigeants du monde conservateur.]. L'affaire Boulanger a testé la capacité de la "grande muette". Pourtant l'armée jouera le rôle d'un groupe de pression longtemps invincible.
La magistrature se conduit malgré son indépendance officielle en agent du pouvoir politique. Une étroite collaboration semble exister entre le gouvernement, l'armée et la magistrature. Une même tâche les unit : la défense de l'ordre social. Les éléments répressifs de l'appareil d'Etat, en bons coopérateurs jouent dans le sens de l'antidreyfusisme.
Les antidreyfusards déclarent combattre "pour l'armée" qui ne peut se tromper et si du contraire doit être défendue car elle incarne la France éternelle, son unité par delà les clivages politiques. En face les dreyfusards : Justice et Vérité, appel aux Droits de l'homme, au refus "du sabre et du goupillon" et pourtant le dreyfusisme catholique n'est pas un mythe. Les idéologies s'affrontent :
"Les prolétaires n'ont rien à faire dans cette bataille qui n'est pas la leur … le parti ne saurait sans duperie et sans trahison … suspendre sa propre guerre.".
Dreyfus
"… n'est plus ni un officier ni un bourgeois mais l'humanité elle-même..." et le pays, que pense-t-il ?
Il semble indifférent. La majorité des journaux est antidreyfusarde. Si tous les antidreyfusards n'ont pas été hantés par l'espionnite, beaucoup ont été touchés par la lame de fond de l'antisémitisme qui se développe depuis les années 80. A l'origine deux courants et à l'arrivée l'antisémitisme nationaliste. Chez les incroyants, il arrive que le concept de "juiverie" soit employé en l'absence de tout juif, pour désigner les comportements jugés scandaleux. Dans leur grande majorité, ceux qui font usage de ce concept glissent d'autant plus aisément que le pseudo-scientifisme, l'anthropologie et la linguistique leur fournit d'étranges modèles. L'anthropo-sociologie s'acharne à classer les races selon les traits physiques et la linguistique fournit le principe de bipartition entre Aryens et Sémites. A l'image succède le discours et vice et versa (
Cf. : le portrait robot du juif créé par Drumont où les traits physiques sont choisis comme annonciateurs des traits moraux).
La victoire est aux dreyfusards mais l'Affaire est dépassée. La victoire réelle ? L'ordre triomphe, les élections de 1900 entérinent en province la défaite des nationalismes, reclassement des mouvements politiques, entrée dans la vie politique de couches nouvelles s'exprimant avec des moyens nouveaux.